Regards insistants, mots ou gestes déplacés, à connotation sexuelle. C'est le quotidien des femmes dans la rue ou les lieux publics en Égypte. Un
épidémie sociale qu'ont voulu montrer
Tinne Van Loon et
Colette Ghunim, deux jeunes journalistes respectivement belge et américano-égyptienne.
Selon une étude de l'ONU parue en 2013, le harcèlement sexuel touche 99,3% des femmes en Egypte. Un fléau qui touche ce pays depuis des années. Mais c'est à partir des manifestations ayant mené au renversement du régime de Hosni Moubarak en 2011 que le harcèlement sexuel et les viols ont été connus du grand public et des médias. Vidéos amateures et témoignages ont afflué sur internet et les réseaux sociaux.
Les différents gouvernements égyptiens, tenus un temps par les Frères musulmans, puis actuellement par les militaires avec le général Abdel Fattah al-Sissi, ont été accusés de passivité. Sur fond de procès en masse des partisans des Frères musulmans, le général al-Sissi, avait promis d'engager des réformes contre le harcèlement sexuel. En juin 2014, une série de sanctions avait été adoptée. Elles vont de l'amende à cinq ans de prison théoriquement. En juin et en juillet dernier, des auteurs de viols ont été condamnés à des lourdes peines : jusqu'à 25 ans de prison.
Mais les ONG avaient fait part de leur doute quant à l'efficacité de la nouvelle loi "Le problème, c'est que la société ne voit pas ça comme un crime", avait déploré une porte-parole de l'association
HarassMap, cité par le journal
Le Point. C'est dans ce contexte que les deux réalisatrices ont décidé de se lancer dans un projet documentaire destiné à des organisations de défense des droits des femmes en Égypte et à des festivals internationaux de documentaire. Baptisé
The People's Girls ("Les filles du peuple"), le documentaire de 30 minutes traitera du harcèlement sexuel en Égypte.
C'est pour ce projet que les deux jeunes journalistes ont décidé de tourner une séquence en caméra cachée sur une artère importante du Caire. Les deux journalistes nous immergent dans une réalité désagréable.