Rapport ONU Femmes 2018 : l'égalité des sexes, un droit et une nécessité pour l'humanité

Ou en est l’égalité des sexes dans le monde ? Voilà la question à laquelle tente de répondre le dernier rapport d’ONU Femmes publié mi-février 2018. Un état des lieux peu optimiste, qui tend à démontrer que seule l’amélioration des droits des femmes permettra de combattre pauvreté, violences et conflits, discriminations jusqu'au réchauffement climatique. Cela vaut la peine qu'on s'y intéresse, non ?
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Le Centre de formation d'ONU Femmes contribue à faire connaitre la Convention sur l'Élimination de Toutes les Formes de Discrimination à l’égard des femmes.

 
Capture site internet ONU femmes
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« L’égalité des sexes est un droit, est-il écrit dans le dernier rapport d’ONU Femmes, et la réalisation de ce droit est le meilleur moyen de surmonter certains des défis les plus urgents de notre époque ».
 
En septembre 2015, ONU Femmes adoptait le Programme à l’horizon 2030, programme ratifié par les 193 États membres des Nations Unies. Décliné en 17 objectifs de développement durable (ODD), 169 cibles et 232 indicateurs, cette feuille de route entend relever un large éventail de défis internationaux : l’éradication de la pauvreté, la réduction des multiples inégalités intersectionnelles, la lutte contre les changements climatiques, la fin des conflits et le maintien de la paix.
 
Ce n’est qu’en garantissant les droits des femmes et des filles dans l’ensemble des objectifs que nous parviendrons à assurer la justice et l’inclusion, à développer des économies qui bénéficient à toutes et tous.
ONU Femmes (février 2018)
Alors qu’en-est-il deux ans et demi après ? Tous ces défis peuvent-ils être relevés d’ici à 2030 ? Pour ONU Femmes, « ce n’est qu’en garantissant les droits des femmes et des filles dans l’ensemble des objectifs que nous parviendrons à assurer la justice et l’inclusion, à développer des économies qui bénéficient à toutes et tous et à préserver l’environnement que nous partageons, aujourd’hui et pour les générations futures ».
 
17 objectifs odd
Crédit ONUFemmes

En résumé, ces dix-sept objectifs fixés dépendent d’un seul, l’objectif numéro 5, qui se concentre sur l’égalité et l’autonomisation des femmes, car celles-ci font partie intégrante de tous les aspects d’un développement inclusif et durable.
On comprend vite qu’il s’agit donc aussi d’une question de temps, « face à l’augmentation des conflits, de l’exclusion et de la dégradation de l’environnement constatée actuellement (…) Les femmes se retrouvent confrontées à un ensemble inédit de défis dans tous ces domaines. Il est grand temps d’agir. »

Discriminations omniprésentes et généralisées

S’appuyant sur des preuves et des données concrètes, ce rapport met en évidence l’omniprésence généralisée des discriminations à l’encontre des femmes et des filles.
Selon le rapport ONU femmes, chaque année, les pratiques telles que le mariage précoce privent de leur enfance 15 millions de filles de moins de 18 ans.
 

Selon les données provenant de 87 pays, 20%  des femmes de moins de 50 ans et des filles ont subi des violences physiques et/ou sexuelles infligées par un partenaire intime au cours des 12 derniers mois.
 
 

Les femmes championnes du travail non rémunéré

Au niveau mondial, seulement 63 % des femmes de 25 à 54 ans forment partie de la population active, contre 94 % des hommes de la même tranche d’âge. Le taux de participation des femmes n’a guère augmenté ces 20 dernières années, sauf en Amérique latine et aux Caraïbes, où elle est passée de 57 à 68 %. Dans les régions de l’Asie centrale et australe, le taux a chuté à 37 %.

Dans le monde entier, les femmes accomplissent la grande majorité des travaux non payés, y compris la garde et le soin des enfants, la préparation des repas, le nettoyage et les travaux agricoles. Ces tâches non rémunérées, essentielles au fonctionnement des ménages et des économies, sont moins valorisées que le travail rémunéré. Dans cette vidéo (en anglais) Shahra Razavi, experte auprès d’ONU Femmes, révèle la valeur véritable des soins non rémunérés, ainsi que la manière dont nous pouvons réduire le fardeau qui pèse sur les femmes en s’attaquant à des stéréotypes solidement ancrés. Elle cite aussi ces exemples : en Argentine, le travail non rémunéré des femmes représente 7% du PIB (Produit intérieur brut), 63% en Tanzanie.

 

Les femmes assument 2,6 fois plus de tâches familiales et de travaux domestiques non rémunérés que les hommes. On estime que les services de soins et les travaux domestiques non rémunérés représentent respectivement 10 % et 39 % du PIB et qu’ils peuvent, dans certains pays, davantage contribuer à l’économie que les secteurs de l’industrie, du commerce et des transports. Avec l’apparition des changements climatiques, le travail non rémunéré des femmes tel que le travail agricole, la collecte d’eau ou de combustible ne cesse d’augmenter.
 
Retrouvez notre article dans Terriennes >Etats-Unis: pourquoi cette mortalité record pour les femmes noires dans les maternités ?

Autre constat  mis en avant par la campagne ménée par ONU Femmes via les réseaux sociaux, dans de nombreux domaines, les femmes restent toujours moins bien loties, exemple dans l’accès à l’éducation, à la santé, et même en terme de sécurité alimentaire.
 
 
Alors quelle solution ? ONU Femmes se veut présente sur tous les terrains, et se fixe comme l’une de ses premières priorités l’apprentissage et l’information pour une meilleure compréhension de ce qui freine voire bloque un changement des mentalités. Ainsi, des cours en autonomie sont accessibles en ligne, en anglais, français, espagnol ou arabe, ils sont proposés par le Campus d’e-apprentissage du Centre de formation d'ONU femmes, plateforme en ligne pour la formation en matière d’égalité des sexes .

« L’égalité des sexes est un droit, et la réalisation de ce droit est le meilleur moyen de surmonter certains des défis les plus urgents de notre époque », pouvait-on lire au début de cet article. A la lecture, à la loupe, de ce tweet d'ONU Femmes, il semble qu'il reste, hélas, pas mal de #Yaduboulot ...