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Pour la première fois en France, les règles sont considérées comme un sujet de santé du quotidien, au même titre que les lunettes ou les soins dentaires. Une révolution ?! Pour le président de la LMDE, « la révolution, ce sont les femmes qui la font ! » Preuve en est, si la mutuelle s’est engagée sur ce terrain, c’est grâce à l’une de ses représentantes qui a posé LA question du remboursement à la dernière Assemblée générale. Une proposition validée peu de temps après par les instances de l'organisme.
Une décision qui survient aussi dans le contexte des mouvements sociaux féministes actuels, comme « MeToo » et avant la « taxe tampon ». « Ces mouvements font émerger les revendications », explique Romain Boix. « La LMDE est dans la société et particulièrement sensible à ces questions », poursuit-il. Avant d’ajouter, « c’est aussi un retour aux sources pour une mutuelle : on a une dépense qui concerne plus de 50 % de la population, on la mutualise entre tous. »
« Les règles, ce n’est pas que l’affaire des femmes » affirme la mutuelle. La LMDE a d'ailleurs décidé de ne pas réserver son offre qu’aux étudiantes. Les jeunes hommes adhérents peuvent eux aussi « en faire bénéficier leur entourage ».
Bien sûr, comme toutes les mutuelles, la LMDE est soumise au principe d’égalité de traitement entre ses adhérents. Mais ce ne serait pas qu’une question d’obligation d’après Romain Boix : « Nous avions par exemple identifié la question des personnes transgenres, aussi soumises à des menstruations. Différencier les hommes et les femmes pourraient les mettre en difficulté. »
C'est aussi pour la mutuelle étudiante une manière « d’engager la discussion ». Et le sujet fait réagir, notamment sur les réseaux sociaux, parfois avec une critique véhémente : "N'importe quoi comme si les périodes menstruelles étaient une maladie. Une mutuelle qui se fait un bon gros coup de pub pour du néant comme d'habitude. Sinon c'est une réelle action sur la taxe de la valeur ajoutée qui serait révolutionnaire......" lance l'une. "C'est aussi traiter les règles comme une anomalie, une déficience. Démagogie. La LMDE ferait mieux de mieux gérer les remboursements qu'elle doit sur les maladies." ajoute une autre.
Bravo à @La_LMDE pour cette excellente initiative que je viens de découvrir ! Les choses bougent et c'est une très bonne chose ! https://t.co/YJ2TkJcZgS
— Mlne Lgf (@MileneLeGoff) 19 avril 2018
— FlowerGirl (@_Satanptitcoeur) 21 avril 2018
ENFIIIIINNNN
— lea (@garcialea222) 20 avril 2018
Non mais sérieux après on paie les mutuelle une blinde !!! Non mais sérieux une connerie de plus !
— Fimo AZ (@FimoAZ) 20 avril 2018
Pourquoi pas les rasoirs pour les hommes aussi
Les protections hygiéniques sont aux femmes ce que la mousse à raser est aux hommes
Christian Eckert, ancien secrétaire d’Etat au budget
Les règles et les rasoirs, même combat ? (tweet ci-dessus) Ce n’est pas sans rappeler la sortie, en octobre 2015 (présidence François Hollande), de l’ancien secrétaire d’Etat au budget socialiste, Christian Eckert, foncièrement opposé à une baisse de la TVA française sur les produits d'hygiène féminin : « les protections hygiéniques sont aux femmes ce que la mousse à raser est aux hommes », avait-il déclaré lors des débats sur la "taxe tampon" à l'Assemblée nationale, soulevant rapidement l’indignation.
A retrouver sur ce sujet dans Terriennes : > « Taxe tampon » : toujours les mêmes règles pour les Françaises
Romain Boix confirme : « c’est un très mauvais argument ! Il n’existe pas de débat de trente ans sur ce sujet. Le rasage n’est pas un tabou dans la société. C’est un art de vivre ! », estime-t-il. Selon lui, l'argument révèle « une inégalité de couple » : « Cela ne dérange aucun homme de demander à sa femme de lui acheter sa mousse à raser et ses rasoirs. A l’inverse, j’imagine bien certains hommes répondre à leur femme qu’ils ne connaissent rien aux protections périodiques », explique Romain Boix. « Si nous pouvons donc contribuer à faire en sorte qu’un jeune homme prenne aussi en charge cette question avec sa compagne, sa sœur ou une amie, ce sera une réelle avancée ! », espère-t-il.
S’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour définitivement briser ce tabou au sein de la société, le coup symbolique de la LMDE pourrait donner envie à d’autres organismes de lui emboîter le pas ? Et pourquoi pas à l'Etat de généraliser, enfin, le remboursement des protections hygiéniques pour toutes les femmes ?