Rencontres cinématographiques à Genève : les femmes au FIFDH

Barbara Hendricks, Leila Slimani, les réalisatrices Laura Cazador et Cécile Denjean ou encore la productrice et militante américaine Pat Mitchell étaient réunies à Genève, en Suisse, pour l'édition 2019 du Festival du film et forum international sur les droits humains qui se tient jusqu'au 17 mars. Terriennes est allée à la rencontre de ces femmes engagées. Morceaux choisis.
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Leila Slimani, Pat Mitchell, Barbara Hendricks, Laura Cazador et Cécile Denjean à Genève.
©Terriennes
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Barbara Hendricks

La chanteuse africaine-américaine Barbara Hendricks connaît les plus grandes scènes du monde. Elle a chanté sous la direction des chefs d'orchestre les plus prestigieux de notre époque et a incarné tous les grands personnages féminins d'opéra, ou presque...."Il y a un rôle que je n'ai jamais chanté et que j'aimerais jouer, c'est Carmen. Parce qu'elle est une femme forte, qui choisit son destin. Elle n'est pas une victime", nous a-t-elle confié.

Après une trentaine d'années d'engagement pour la cause des réfugié·es en collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux Réfugiés, Barbara Hendricks a reçu le titre d'Ambassadrice honoraire à vie du UNHCR. Elle est marraine du FIFDH qui, cette année, se déroule sous la houlette de 2 marraines pour 5 parrains. 


Leïla Slimani

Ecrivaine virtuose, féministe et engagée, Leïla Slimani, née en 1986 au Maroc, préside le jury du documentaire au FIFDH 2019 à Genève. Lauréate du prix Goncourt pour Chanson douce, un roman traduit en 44 langues qui l'a propulsée au rang d'auteure française la plus lue au monde, elle est la représentante personnelle d’Emmanuel Macron pour la Francophonie.

Les thèmes qu’elle aborde, de la nymphomanie (Dans le jardin de l’ogre) à la violence du patriarcat (Sexe et mensonges : la vie sexuelle au Maroc), en passant par l'infanticide et la misère sociale (Chanson douce), sont tous étroitement liés à la condition des femmes, "caisse de résonance de toutes les injustices", nous explique-t-elle.


Cécile Denjean

La documentariste française a déjà réalisé plusieurs films, dont Princesses, pop stars & girl power. L'idée de travailler maintenant sur la condition masculine lui est venue dans le sillage de la vague #Metoo : "Beaucoup d’hommes se sont sentis attaqués, à ce moment-là. Ce que j’ai voulu faire, c’est donner de la souplesse au système, faire bouger les lignes."
 

Être un homme, c’est laisser tomber le masque de l’homme fort, riche, puissant...

Denjean
Cécile Denjean
©FIFDH

"Quand j’annonçais que je faisais un film sur la virilité, je ne pouvais plus en placer une ! C'était une véritable loghorrée verbale chez tous, du chauffeur de taxi à l’ado, en passant par l’intello, le grand-père, le macho... Un déferlement de réactions qui révélait le besoin que les hommes ressentaient de parler après des millénaires de silence imposé. En faisant le film, j’ai découvert qu’être un homme, c’est laisser tomber le masque, celui de l’homme fort, riche, puissant, décideur…"

Parce qu'aujourd’hui, il y a des hommes qui se disent ouvertement féministes et que l'on ne fera pas bouger la cause des femmes sans les hommes. Son documentaire La Virilité sera prochainement diffusé sur France 2. 

Laura Cazador

La réalisatrice suisse Laura Cazador et le Cubain Fernando Pérez Valdés signent Insoumises, un film inspiré de l’histoire vraie de la Lausannoise Henriette Favez, une femme libre, aventurière malgré elle, incarnée par l'actrice française Sylvie Testud.

Enriqueta incarne la cause LGBTQ, et celles de la solidarité et des femmes qui travaillent.

Laura Cazador

En 1819, le chirurgien suisse Enrique Faber s’installe à Baracoa, à Cuba, où il épouse la "sorcière" Juana. Dans une société esclavagiste et inégalitaire, le médecin suisse soigne gratuitement les pauves et les Noirs.

Mais en réalité, Enrique est Henriette, une femme qui se grime en homme pour pouvoir étudier et exercer la médecine. Voilà qui lui confère en plus, dans le film, le privilège de donner de croustillants conseils à un bourgeois du cru frustré en ménage sur la manière de donner du plaisir à son épouse.

Mais lorsque la vérité se fait jour commence l’un des procès les plus scandaleux de l’histoire coloniale de Cuba. Aujourd'hui "Enriqueta Faber" est devenue une icône de la cause LGBTQ, mais pas seulement :
 

Pat Mitchell

Elle fut l'une des premières présentatrices de télévision aux Etats-Unis. Aujourd'hui, cette femme menue, souriante et dynamique, a 76 ans et est une sommité dans les milieux des médias et du cinéma. Elle est aussi une militante de la première heure pour l'égalité entre femmes et hommes. Au Festival international et forum des droits humains (FIFDH) de Genève 2019, elle préside le jury pour la fiction. 

pat mitchell face
Pat Mitchell
©Terriennes
Le féminisme selon Pat Mitchell : "Il y a tant de définitions du féminisme ! Ma préférée est celle de la femme de lettres et féministe britannique Mary Wollstonecraft, connue pour son pamphlet Défense des droits de la femme (1792) contre la société patriarcale. Elle disait : "Ce que je veux, ce n'est pas que les femmes prennent le pouvoir sur les hommes, mais qu’elles le prennent sur elles-mêmes". Pour moi, c’est ça, le féminisme."


 

Retrouvez la chronique Terriennes spéciale FIFDH