Grandes oubliées
Les femmes sont les grandes oubliées de la lutte contre l'occupant nazi. Seulement six d’entre elles comptent parmi les 1038 Compagnons de la Libération, titre accordé à à ceux qui avaient permis la libération de la France, dont quatre à titre posthume. Et elles représentent à peine 10% des médaillés de la Résistance.Un manque de reconnaissance injustifié au regard de leur réelle implication. Durant les quatre années d’occupation, elles sont agentes de liaison, cantinières, infirmières, secrétaires, standardiste ou encore combattantes. 1800 femmes s’engagent dans les Forces françaises libres, action qui verra naître le corps des volontaires françaises, la première unité féminine de l’armée française, institué par le général de Gaulle en 1940.

Aux côtés des hommes, les femmes résistent de multiples manières. Elles dirigent des réseaux, hébergent des clandestins, préparent des engins explosifs, organisent des évasions ou encore collectent, transmettent des informations et des faux papiers.
Un engagement de tous les instants pour défendre la France, alors que le droit de voter ne leur a pas encore été accordé... Il faudra attendre le 21 avril 1944, pour qu'il leur soit octroyé presque par effraction.
Dans la Résistance, les femmes sont aussi héroïques que les hommes, mais leur sort est pire encore que celui des hommes.
Entretien avec l'écrivain Gilles Perrault
Dans son Dictionnaire amoureux de la résistance (Plon Fayard, 2014), comme il l'avait fait dans ses ouvrages précédents, tel l'Orchestre rouge, l'auteur consacre de nombreuses "entrées", de très belles pages, à ces combattantes de l'ombre qui ont conduit, elles aussi, à la capitulation du IIIème Reich, le 8 mai 1945.
Leur rôle a tout de même été largement minimisé. Prenons l’exemple du colonel Henri Rol-Tanguy. Communiste, ancien des brigades internationales, il organise l’insurrection à Paris en août 1944, et commande les Forces françaises d’Ile-de-France (FFI). Il compte parmi les Compagnons de la Libération et à la fin de sa vie, il est décoré Grand-croix de la Légion d’Honneur. Quant à sa femme, Cécile Le Bihan, elle n’a reçu que la médaille de la Résistance. Alors que pendant la guerre, ils fonctionnent en binôme et affrontent les même risques. Mais la parité n’a pas été observée.

Que pensez-vous des hommages rendus à ces femmes, comme l’exposition actuelle "Femmes et Résistance" ?
Lorsqu’un résistant est arrêté par les Allemands, jugé et comdamné à mort, il est fusillé au Mont-Valérien à Paris, ou sur d’autres champs d’exécution en France. Condamnée à la même sentence, aucune femme n'est fusillée. Elles sont transférées en Allemagne et guillotinées. Une mise à mort bien plus dégradante par rapport à un peloton d’exécution, où les hommes sont accompagnés de leurs camarades, et chantent ensemble jusqu’à la fin. Les femmes, elles, sont toutes seules devant la guillotine, et vivent leurs derniers mois dans une prison allemande, en milieu très hostile.