La championne belge participe en ce mois de septembre 2016 à ses derniers Jeux paralympiques, à Rio, au Brésil. Atteinte d’une maladie dégénérative, elle a choisi de mettre un terme à sa carrière de sportive de haut niveau… et de remplir les documents qui lui permettraient de se faire euthanasier. Des décisions qui ont fait couler beaucoup d’encre. Certains ont même annoncé son décès imminent...
Deux médailles en une semaine pour une dernière compétition internationale
Pour son dernier grand rendez-vous international, le 17 septembre 2016, Marieke Vervoort a décroché samedi la médaille de bronze sur le 100m (T52) en fauteuil roulant, derrière la canadienne Michelle Stilwell (Or) et l'américaine Kerry Morgan (argent. Elle avait raflé l'argent, quelques jours plus tôt, sur le 400m aux jeux Paralympiques de Rio. "
J'ai un sentiment vraiment bizarre là maintenant. J'ai une grosse boule dans la gorge. Je pourrais pleurer de joie, mais je pleure aussi parce que c'est fini. Mon esprit me dit, va t'entraîner, mais mon corps ne répond plus" a conclu sobrement la championne.
En terminant deuxième du 400 mètres fauteuil samedi 10 septembre 2016, elle est devenue la première athlète belge à remporter une médaille aux Jeux paralympiques de Rio. Mais c’est pour une autre raison que celle qu’on surnomme au plat pays "Wielemie" ("la roue et moi" en anglais phonétique) a fait l’objet d’une très forte médiatisation. Ses papiers sont en ordre : si elle le décide, elle peut être euthanasiée demain.
Wielemie la battante
A l’âge de 14 ans, Marieke Vervoort apprend qu’elle est atteinte d’une maladie neurodégénérative incurable. Elle trouve dans le sport un moyen de s’évader. Mais au fil des années, la maladie la rattrape et la prive de l’usage de ses jambes. Elle est contrainte d’arrêter la pratique de sa discipline favorite, le triathlon. La Belge se consacre alors à la course en fauteuil. Mais chaque jour, la dégénérescence lui confisque un peu plus de force. Elle
explique à l’agence Belga : « J
'adore être sur mon fauteuil, mais je perds souvent conscience pendant les entraînements en raison de la douleur. Mon corps me dit: arrête ça ! ». Son quotidien est très difficile. Elle suit un traitement qui ne lui permet pas parfois de dormir plus de 10 minutes par nuit. Marieke Vervoot, ayant perdu toute autonomie, est également contrainte de vivre avec l’une de ses amies.
Malgré tout, le mental d’acier de la sportive lui a permis de réaliser bien des exploits qui lui ont valu d’être nommée sportive paralympique belge de l’année à deux reprises.
Je vais vous montrer de quoi je suis capable
Marieke Vervoort
Lors de sa participation aux championnats de monde de 800 mètres en fauteuil à Lyon en 2013, elle chute et se blesse gravement à l’épaule. Elle passera quatre mois à l’hôpital, pendant lesquels elle s’entend dire que sa carrière de sportive de haut niveau est terminée. C’est déterminée qu’elle répond aux médecins : « [je vais] revenir, je vais vous montrer de quoi je suis capable ». Les compétitions qui suivent lui donnent raison. En 2015, de retour sur la piste d’athlétisme, à Doha, elle remporte trois médailles d’or et établit trois nouveaux records du monde sur 100, 200 et 400 mètres.
Se donner la possibilité de mourir demain, pour vivre pleinement aujourd’hui
Les médias du monde entier se sont intéressés à cette sportive hors du commun, avec parfois un voyeurisme très dérangeant. Certaines caméras ont filmé ses nuits sans sommeil, dont un extrait est présenté dans la vidéo de la RTBF, disponible plus bas dans l’article. Ses cris de douleur sont déchirants. Elle a également fait la Une d’un magazine people belge avec cette phrase : « Depuis que je porte des couches, je suis moins sexy ».
Marieke Vervoort a demandé aux médias de rectifier cette information dimanche dernier. Dans une conférence de presse, elle explique avoir en réalité signé un formulaire permettant à ses proches d’écourter ses douleurs «
si celles-ci devenaient insoutenables » et obtenu l’accord rendu nécessaire par la législation belge, de trois médecins, pour être euthanasiée. Elle a réalisé cette démarche en 2008, période pendant laquelle elle souffrait terriblement. Elle se sent
soulagée d’avoir cette possibilité : «
Je ne sais pas quand j’utiliserai ces papiers. Je veux vivre chaque instant. Et je ne veux pas mourir après Rio, mais quand le moment sera venu, alors je serai prête » cite LCI. Si elle souhaite arrêter le sport à haut niveau après les Jeux paralympiques, c’est en réalité pour «
passer plus de temps avec sa famille et ses amis ».
Dans la vidéo publiée
par le site de la RTBF, elle explique : «
Grâce à ces papiers, je profite encore de la vie ».