Rio 2016 : Sarah Ourahmoune, battante aux gants de boxe

Première boxeuse française à participer à des Jeux olympiques, la championne-cheffe d'entreprise-maman Sarah Ourahmoune a remporté la médaille d'argent à Rio, Un retour à la compétition gagnant pour cette battante. Portrait.
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La boxeuse Sarah Ourahmoune, première Française à participer aux JO dans cette discipline. 

©Compte Facebook et Instagram de Sarah Ourahmoune, photo prise lors du tournage d'un documentaire New Wave production.
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34 ans et la rage de vaincre au bout des gants. Son palmarès fait pâlir : 8 fois championne de France, 3 fois championne de l'Union européenne et une fois championne du monde en 2008. Et donc, un beau couronnement avec la médaille d'argent aux Jeux olympiques 2016 à Rio ! "Un mélange de joie et de déception. Même si c'est mon dernier combat sur le ring, j'en aurai d'autres dans la vie" commente-t-elle à la sortie de son dernier échange, olympique, de boxeuse.


Après une grossesse et deux ans passés hors des rings, elle fait un retour remarqué dans la compétition pour les Jeux olympiques de Rio, devenant la première Française à participer aux Jeux dans cette discipline, et dans la catégorie poids mouche (51 kg). Sa compatriote Estelle Mosselly, engagée dans la catégorie des 60 kg a, pour sa part, empoché la médaille d'or.

La boxe anglaise féminine a fait son entrée dans la compétition lors des derniers Jeux de Londres, en 2012. Mais à l'époque, Sarah Ourahmoune avait raté de peu la qualification. "J'ai tout pour y arriver. Mais j'échoue. J'échoue de très peu, mais c'est un échec tout de même. Je perds le dernier combat qui m'aurait permis de gagner mon billet pour Londres. C'est frustrant. Injuste", écrit-elle sur son blog. Aucune autre Française n'était parvenue à se qualifier. 

Maman et cheffe d'entreprise

Pendant deux ans, elle arrête la compétition et met au monde une petite fille. "Je pensais qu'une fois devenue maman, je n'aurais plus envie d'y retourner. Mais j'y pensais toujours, j'avais peur d'avoir des regrets", confit-elle à nos confrères à l'AFP. Rio a donc un goût de revanche. 


Entre 2012 et 2014, hors des rings, elle pouponne et se consacre à d'autres projets professionnels. Dotée d'une solide expérience dans la boxe, elle donne des conférences en entreprises. Elle créé aussi une association Dynamix Boxe, avec son mari, grâce à laquelle elle propose aux femmes de pratiquer la boxe tout en laissant leur enfant à la garderie. 

Autant d'activités qui viennent s'ajouter à un parcours déjà bien rempli : des études d'éducatrice spécialisée, entreprises quand elle met sa carrière de boxeuse entre parenthèse en 2003, puis ses études de communication à Science Po en 2007. A ce moment-là, elle travaille, étudie et poursuit son entraînement le matin et le soir.
Parcours d'une battante qui se définit sur son blog comme une "maman, championne du monde de boxe et worling girl". Elle y mêle conseil bien-être et sportif. 


Quand elle reprend l'entraînement il y a deux ans, c'est aux cotés de son beau-père : Marcel Denis. "Je savais que si je n'avais plus les capacités, Marcel aurait été honnête avec moi", raconte-t-elle toujours à l'AFP.  Finalement, elle s'impose à la fédération.

Une pionnière

Les Jeux olympiques, elle est loin d'y penser quand, à 14 ans, elle pousse par hasard les portes du club Boxing Beats d'Aubervilliers où elle rencontre son entraîneur historique Saïd Bennajem. "L'ambiance dans la salle, la musique, le côté convivial me séduisent immédiatement", écrit-elle dans sa biographie.


La meilleure boxeuse de tous les temps.

Saïd Bennajem, son ancien entraîneur.

A l'époque où elle monte sur le ring, la boxe anglaise féminine reste méprisée, et les combats de femmes sont interdits de compétition jusqu'en 1997. Pourtant, son entraîneur lui propose de devenir la première licenciée de son club. "J'ai fait comme si c'était un sport qui était aussi fait pour les filles, et j'ai bien fait", raconte-t-il à l'AFP.  Il voit en elle "une référence", "la meilleure boxeuse de tous les temps". 

Pas un sport de filles ?

Mais quand elle commence la boxe, alors adolescente - deuxième enfant d'une fratrie de six - sa mère s'inquiète. "Elle tentait de me faire changer d'avis : "On va te casser le nez. Tu vas être défigurée. Tu devrais plutôt faire un art martial comme le karaté ou le taekwondo" Alors que son père, lui, la soutient : ​"Il acceptait mon choix sans sourciller : "si c'est vraiment ce que tu veux faire, alors vas-y, fonce, boxe ma fille"". 

Dans son éducation, elle dit n'avoir jamais senti de différence entre elle et son frère aîné : "Nous jouions autant aux poupées qu’aux petites voitures. Nous faisons les mêmes sports : danse, natation, football...


A tous ceux qui lui ont dit "la boxe ce n'est pas un sport de fille", elle prouve aujourd'hui par ses titres que ce "noble art" était bien fait pour elle, une femme, championne mais aussi mère et cheffe d'entreprise. 

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