Fil d'Ariane
Le choix de l'Académie des César, la semaine dernière avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. Les associations féministes appelaient au boycott. Laurence Rossignol, la ministre des Droits des Femmes avait protesté. On parlait de scandale, de boycott, et des manifestations devant le très chic Fouquet's, cette brasserie de luxe des Champs-Elysées, où a lieu l'annonce officielle des nominations des César, étaient envisagées.
"L'objectif, c'est de dénoncer le choix de l'Académie des César et de réveiller aussi la profession", soulignait alors Alice Coffin, coordinatrice de la manifestation et membre du groupe féministe La Barbe.
Roman Polanski est recherché par la police américaine pour avoir eu des relations sexuelles illégales avec une mineure. En 1977, le réalisateur, alors âgé de 43 ans, a un rapport sexuel avec une jeune fille de 13 ans, Samantha Geimer, qu'il photographiait pour le magazine Vogue, dans la maison californienne de l'acteur Jack Nicholson. Un rapport «consenti» selon Roman Polanski, «forcé» selon la victime.
Le réalisateur est arrêté par la police américaine, en avril. Il reconnaît être coupable d'attouchements sexuels sur Samantha Geimer, il plaide coupable de « rapports sexuels illégaux » mais réfute le viol. Il est cependant incarcéré six semaines à la prison de Chino, en Californie, puis libéré sous caution.
Malgré un accord conclu avec la justice américaine, il quitte le territoire américain avant l’annonce du verdict, avec une simple carte de crédit en guise de bagage. Polanski risquait malgré tout une peine de prison de 50 ans. Il s'installe en Grande-Bretagne puis en France, à Paris, en 1978 et acquiert la nationalité française, lui, qui est né dans le 12ème arrondissement de Paris. Depuis, considéré comme "fugitif", le cinéaste ne reviendra jamais sur le sol américain.
En août 1994, le procureur chargé du dossier criminel, Roger Gunson, exige qu'il se présente devant la Cour. Roman Polanski avait pourtant mis un terme au procès civil en payant 225.000 dollars à Samantha Geimer. Sa victime, en mars 2003, "pardonne" publiquement à Polanski mais refuse toujours le terme de rapport sexuel "consenti". Elle réitère qu'il y a eu viol. « Polanski m'a fait boire du champagne et avaler du Quaalude. Et il a abusé de moi », déclare-t-elle.
Les États-Unis émettent un mandat d'arrêt international, en 2008, pour juger de nouveau Roman Polanski. Un documentaire controversé, Roman Polanski: Wanted and Desired de Marina Zenovich, rallume l'affaire jamais vraiment éteinte, sur "les relations sexuelles illégales".
En 2008, Samantha Geimer. souhaite délaisser toute procédure à l'encontre du réalisateur pour éviter de revivre ce traumatisme et, surtout, dit-elle, pour protéger ses enfants.
Levée de boucliers côté féministe, à l'instar d'Alice Coffin, du groupe de militantes La Barbe :
"Ce n'est pas Polanski qu'il faut plaindre mais les femmes qui ont subi des viols" @alicecoffin (@labarbelabarbe)https://t.co/Mb62VmFP1t pic.twitter.com/ZeRX1I2Tmn
— RMC (@RMCinfo) 24 janvier 2017