Route du Rhum : qui sont les sept femmes en lice ?

Un nom de femme navigatrice a fait la légende de la Route du Rhum : Florence Arthaud. Disparue il y a sept ans, elle est jusqu'ici la seule femme à avoir remporté la reine des courses à la voile transatlantiques – c'était en 1990. Aujourd'hui, 138 skippers prennent le départ de la 12e édition à Saint-Malo, dont sept femmes. Seulement.
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7 femmes route rhum
Sur 138 skippers au total, sept femmes sont au départ de la Route du Rhum 2022 : Sam Davies, Isabelle Joschke, Morgane Ursault-Poupon, Justine Mettraux, Amélie Grassi, Pip Hare et Catherine Chabaud.
©montage/france3
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À l'heure du départ du mythique port de Saint-Malo, impossible de ne pas rendre hommage aujourd'hui à celle qui y a inscrit son nom en lettres d'or : Florence Arthaud, morte le 9 mars 2015 à Villa Castelli, en Argentine. La navigatrice française est la première – et jusqu'ici l'unique – femme victorieuse de la Route du Rhum. C'était il y a trente-deux ans.
 

Aujourd'hui, seulement sept femmes tenteront de s'inscrire dans son sillage depuis les côtes bretonnes jusqu'aux rives de la Guadeloupe. Sept femmes et 131 hommes au total sont en lice. Une participation féminine qui reste encore bien trop faible, alors que la voile est l'un des rares sports où femmes et hommes naviguent à égalité, sans différence de classement.

Amélie Grassi, la benjamine

C'est ce qui a fait réagir la benjamine de la compétition lors de la présentation des skippers à Paris. Amélie Grassi, 28 ans, a pris "une claque", comme elle l'a confié aux journalistes présents. Cette Route du Rhum sera sa première. Un rêve et un défi pour celle qui se destinait plutôt à la danse classique lorsqu'elle était élève du conservatoire de La Rochelle, sa ville natale.

"La course à la voile est un sport où les femmes ne sont pas encore très représentées. Dans cette Route du Rhum destination Guadeloupe, nous sommes sept femmes sur 138 marins, et dans ma catégorie, deux femmes sur 55 bateaux. C'est peu, c'est beaucoup trop peu. ", ajoute celle qui est la plus jeune compétitrice de l'édition 2022 à nos confrères du magazine Le Point sur twitter. 
Avec une maman navigatrice, Sandrine Bertho – une Mini-Transat au compteur et aujourd’hui manageuse du team Actual Ultim3 et un papa également navigateur, Olivier Grassi – une Route du Rhum et une Transat Jacques-Vabre à son actif – difficile pour elle de résister à l'appel du grand large. L'an dernier, la jeune navigatrice accrochait déjà un joli résultat à son palmarès en terminant 9e de la transat Jacque-Vabre, en duo avec Marie Riou. Il y a quelques mois, Amelie a participé à sa première course en solitaire, la 1000 Milles des Sables. 

"Sur l'eau, je me sens vraiment apaisée. C'est un espace dans lequel j'aime m'exprimer, j'aime ressentir des sensations de vie.", ajoute-t-elle sur twitter.
 

Catherine Chabaud, de la politique à la mer

catherine chabaud femme politique et navigatrice
Catherine Chabaud, femme politique et navigatrice.
©fb/Catherine Chabaud

Ancienne journaliste, députée européenne, engagée dans la préservation de la mer et fondatrice de l’association Innovations Bleues pour un développement durable des activités maritimes, Catherine Chabaud a plus d'une voile à son mât. Pour sa deuxième Route du Rhum, la navigatrice de 59 ans compte bien prendre sa revanche, vingt-quatre ans après sa première tentative, écourtée par abandon, en 1998.

La mer en solitaire est un terrain connu pour celle qui a été la première femme à boucler un tour du monde en solitaire, sans escale et en course, lors du Vendée Globe 1996-1997. C'est à bord du même bateau, le fameux "cigare rouge", qu’elle met à nouveau les voiles. Elle compte quinze traversées de l’Atlantique à son actif, dont quatre en solitaire, avec notamment la Mini-Transat en 1991 et la Transat anglaise en 1996. 

La députée, ambassadrice de la France pour la mer lors de la COP 21 à Paris en 2015, compte bien profiter de cette course pour faire passer quelques messages, surtout en pleine COP27 à Charm El Cheikh, en Egypte. À nos confrères de France 3, elle confie : "Je sais que les perturbations et les conditions brutales qu'on aurait pu avoir dimanche (si le départ initial avait été maintenu), on les doit au réchauffement de l'océan en profondeur. On est au cœur du sujet !"  L'occasion aussi sur France Inter de dresser un parallèle entre politique et voile, deux domaines qui nécessitent "des stratégies et des compromis". 

Morgane Ursault-Poupon, la mer en héritage

Morgane Ursault-Poupon est née à Saint-Malo il y a trente-six ans, l'année même où son père, Philippe Poupon, remportait la Route du Rhum sur Fleury Michon VIII. Diplômée en gestion et maîtrise de l’eau, spécialisée en développement durable, elle fait ses premières armes en tant que coskippeuse d’un voilier de 65 pieds entre l’Uruguay et l’Antarctique, et boucle plusieurs convoyages, notamment en Imoca et en Class40. À son compteur : deux transats Jacques-Vabre, en 2019 et 2021. En 2018, elle prend le large pour sa première Route du Rhum, dont elle finit 27e. Pour sa deuxième tentative cette année, elle prend le départ "presque" en famille puisque son père est aussi en lice. Clin d'oeil de l'histoire des courses maritimes, lui prendra le départ à bord de Flo, l’ex-Pierre 1er de Florence Arthaud, sur lequel elle avait remporté la course en 1990.
 

Isabelle Joschke, une revanche à prendre

Et une deuxième Route du Rhum pour la Franco-Allemande Isabelle Joschke. Il y a quatre ans,  la course s'était arrêtée de manière prématurée et la navigatrice n’avait pas vu la Guadeloupee. Le mât de son monocoque Groupe Monin s’était cassé en pleine nuit, deux jours à peine après le départ de Saint-Malo.

Rien ne la prédestinait à devenir navigatrice, elle qui, née à Munich il y a quarante-cinq ans, a découvert la voile à cinq ans, à bord d’un optimist lors de vacances familiales sur les lacs d'Autriche. Quinze ans plus tard, c'est un stage aux Glénans qui lui donnera définitivement le goût du large.

Partie pour faire son premier Vendée Globe, elle a dû faire une escale pour réparer une avarie. Hors course, elle a cependant voulu boucler son tour en revenant aux Sables d'Olonne le 24 février 2021.
 

Justine Mettraux, le gout du large au féminin

C'est la première fois que Justine Mettraux participe à la Route du Rhum. À 16 ans, Justine intègre le Centre d’Entraînement à la Régate de Genève, où elle affûte son goût pour la compétition en participant à plusieurs Tour de France à la Voile. 

En 2013, la Suissesse de 36 ans, basée à Lorient (Morbihan), s’est notamment illustrée lors de la Mini-Transat, en se classant 2e du général en série. Elle devient alors la première femme à monter sur cette marche du podium. La navigatrice a ensuite participé à la Volvo Ocean Race, en 2014-2015. Pour ce tour du monde en équipage et par étapes, elle faisait partie de l’équipe 100 % féminine de Samantha Davies, le Team SCA, qui termina 6e.

Cette Route du Rhum est "Une grosse étape pour moi", confie-t-elle au journal Ouest-France.
 

Samantha Davies, l'aventure et la mer au coeur

Samantha Davies est née à Portsmouth en 1974 dans une famille de marins. Il s'agit de sa deuxième Route du Rhum. Son grand-père était commandant de sous-marins. Elle a appris à marcher sur le bateau de ses parents. Sportive accomplie, Sam pratique la natation, la course à pied, le vélo, le yoga et Pilates, nous apprend le site d'initiatives-coeur, association qu'elle dirige depuis 2017 et qui récolte des fonds pour venir en aide à des enfants ayant besoin de subir des opérations de chirurgie cardiaque. 

Ingénieure diplômée de l'université de Cambridge, Sam – c'est ainsi qu'on la surnomme – débute sa carrière dans la compétition de voile à 24 ans, avec un 1er tour du monde en équipe (Trophée Jules Verne 1998). Depuis, elle affiche plus de 25 transatlantiques et pas moins de 3 tours du monde complets. Dans un documentaire Seule autour du monde, sorti en octobre 2022, elle raconte comment elle a frôlé la mort lors d’un grave accident, épreuve qui remet en cause sa vie d’aventurière. 

"En tant qu’Anglaise j’aime les tempêtes. Je pense que j’y serais allée malgré tout, tout en restant très prudente", déclare-t-elle dans un entretien à Paris-Match lors du report du départ de la course prévu initialement le dimanche 6 novembre et retardé en raison des conditions météo. 
 

Pip Hare 

 
pip hare
Pip Hare, navigatrice, 8e femme à boucler un tour du monde en solitaire, se lance dans la Route du Rhum. 
©site officiel Vendee Globe
Pip Hare, 48 ans, a découvert la course en solitaire sur le tard, à 35 ans. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir bourlingué, puisque la navigatrice britannique affiche au cours de ses quinze ans de skippeuse professionnelle, plusieurs dizaines de milliers de milles au compteur, avec entre autres, deux Mini-Transat et une Transat Jacques Vabre, lit-on sur le site officiel du Vendée-Globe.

Pip est entrée dans l'histoire de la voile en solitaire lors du Vendée Globe 2020, où elle a terminé à la 19e place, à moins de 24 heures de quatre bateaux à foils. Elle est devenue la huitième femme à boucler le tour du monde en solitaire et sans escale. Elle a gagné le respect du monde de la voile en changeant un gouvernail seule dans l'océan Austral. 

Pour le Vendée Globe 2024, Pip Hare sera à la barre d’un bateau à foils moderne et performant, l’ex-Bureau Vallée 2 de Louis Burton. Elle se lance aujourd'hui dans sa première Route du Rhum : "C'est l’une des plus grandes courses au large au monde, mais je n’y avais jamais participé jusqu’à présent. C’est donc un grand moment pour moi, ici à Saint-Malo. Je suis cette épreuve depuis que j’ai 15 ou 16 ans".
 
 
Voile et femmes : plus d'inclusion, en mer comme sur terre

À l'occasion de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, l'IMOCA et le Magenta Project ont accueilli les femmes impliquées sur ce bel événement afin de créer des opportunités et favoriser l'inclusion dans la voile.

The Magenta Project et la Classe IMOCA ont mis en place ce programme afin d'aider davantage de nouvelles femmes à entrer dans le monde de la voile.


" Sur la question de la mixité, je pense que nous avons tous un rôle à jouer ! Le rôle de l'IMOCA est de pouvoir promouvoir des projets comme Magenta pour les faire grandir, de créer des liens entre les équipes et de promouvoir les profils des futures navigatrices dans les équipes à terre. Il est important de diversifier les profils et les femmes sont un véritable atout dans nos équipes. Leur présence crée un équilibre", estime Claire Vayer, responsable du développement durable pour l'IMOCA.