Fil d'Ariane
Son nom ou son visage ne vous sont sans doute pas connus, pourtant elle vient de monter sur le toit du monde de l'ovalie: Jessy Trémoulière, meilleure joueuse de l'année 2018. Cette Française de 26 ans joue comme arrière des Bleues, qui ont permis à la France de remporter le tournoi des Six Nations et le Grand Chelem. Mais le saviez-vous ?
Jessy Trémoulière picks up her World Rugby Women’s 15s Player of the Year 2018 award in association with @Mastercard #WorldRugbyAwards pic.twitter.com/RdPpfA4GXC
— World Rugby (@WorldRugby) 25 novembre 2018
MOMENT HISTORIQUE @JessTremouliere est la 1re française de l'histoire du #RugbyFeminin à recevoir le prix de la Joueuse World Rugby de l'Année aux #WorldRugbyAwards
— World Rugby FR (@WorldRugby_FR) 25 novembre 2018
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"C’est gratifiant et c’est surtout un travail collectif et individuel, a commenté la jeune femme peu après la cérémonie. C’est aussi un moyen de promouvoir le rugby féminin".
On a demandé à @JessTremouliere ce que ça faisait d'être la meilleure joueuse de rugby au monde et voilà ce qu'elle nous a répondu
— World Rugby FR (@WorldRugby_FR) 25 novembre 2018
"Un vrai travail d'équipe !!"
https://t.co/VxS1FhBoKO #WorldRugbyAwards @FFRugby #RugbyFeminin pic.twitter.com/psW1lTjrWB
Après une année compliquée par les blessures, gratifiant de recevoir un tel prix. Merci @midi_olympique pour cette oscar. Une très belle soirée passée au près de joueurs talentueux et de personnes autre avec une passion en commun. #OscarMidol #FranceFéminines #happy pic.twitter.com/kgQDHqzpUf
— Jessy Tremouliere (@JessTremouliere) 6 novembre 2018
@JessTremouliere ! Meilleure joueuse du monde ! Il ne pouvait y en avoir qu’une, mais pour moi, elles ont toutes gagné. Pas seulement @GaelleHermet, @safizizir et @asbayonne, mais tout le #RugbyFéminin français ! Fière ! https://t.co/4xQ24BQ02u
— Annick Hayraud (@HayraudA) 26 novembre 2018
C’est un exemple à suivre pour toutes les équipes de France. C’est un formidable encouragement à poursuivre notre politique dédiée au Rugby féminin. Merci et bravo !
Serge Simon, Fédération française de rugby
"Félicitations à Jessy Trémoulière nommée meilleure joueuse du monde ! C’est une grande fierté pour le rugby français. L’équipe de France Féminine écrit chaque jour son histoire. Humbles et affamées, ces athlètes à l’état d’esprit irréprochable portent fièrement le maillot. C’est un exemple à suivre pour toutes les équipes de France. C’est un formidable encouragement à poursuivre notre politique dédiée au Rugby féminin. Merci et bravo !", déclare de son côté Serge Simon, vice-président en charge des équipes de France.
Il en aura fallu des essais et des victoires pour que le rugby féminin gagne ses lettres de noblesse. En France, après quelques compétitions sporadiques organisées au tout début du XXème siècle, il ne fait réellement son apparition qu'en 1965. Le plus ancien club de France est celui des Violettes bressanes de Bourg-en-Bresse, créé en 1966. Depuis les années 2000, le nombre de licenciées est en hausse constante (+ 57 % entre 2003 et 2007). Elles sont à ce jour au nombre de 18 460, soit une hausse de 7,5% en un an (source FFR).
La première édition de la Coupe du monde féminine a lieu en 1991 à Cardiff, au pays de Galles (Royaume-Uni) malgré une certaine opposition, ou plutôt une opposition certaine... des instances fédératives qui ne la reconnaissent pas. Il faut attendre 1998, pour que la Fédération internationale de rugby reconnaisse la Coupe du monde de rugby à XV féminine, qui s'est tenue à Amsterdam (Pays-Bas). Une compétition qui depuis reste dominée par les Black Fern, version féminine des All Black.
Que l'on soit spécialiste ou simple spectateur.trice, il faut bien l'admettre, cette année 2018 aura plus brillé côté féminin que masculin pour le XV de France. Les Bleues ont non seulement réalisé le Grand Chelem et remporté les 6 Nations mais elles se sont offert le luxe de battre la meilleure équipe de la planète, le 17 novembre 2018, les Blacks Ferns, au terme d’un match héroïque et enflammé au cours duquel elles ont inscrit quatre essais (30-27). Une performance magistrale contre des Néo-Zélandaises, quintuples championnes du monde . "Du rugby tout simplement, car en France l’avenir de l’ovalie s’écrit au féminin", écrira même au lendemain de la rencontre le journal Ouest-France.
Cinq fois détentrices du Grand Chelem depuis 2001, date du coup d'envoi du premier Grand Chelem féminin, les championnes "humbles et affamées", c'est leur bannière, n'ont pas fini d'écrire leur histoire, hélas un peu trop à l'ombre des médias et du grand public.
Sauf en ce lendemain de "sacre". Depuis dimanche soir, Jessy Trémoulière croule sous les demandes d'interviews. Jointe au téléphone, elle nous confie, réaliste : "Il faut profiter à fond de cette exposition, car ça risque de ne pas durer longtemps!" Petite, elle a commencé par la pétanque, puis ce fut du tennis et du football, pendant neuf ans. Ce n'est qu'à l'âge de seize ans qu'elle délaisse le ballon rond pour l'ovale. Aujourd'hui, à 26 ans, elle aimerait bien que ce titre attire les sponsors et les publicitaires. "C'est le problème avec le sport féminin, on est toujours soumises à une obligation de résultat. Mais même quand on gagne, et même si les quelques matchs retransmis à la télévision attirent de plus en plus de monde, on ne reçoit aucune sollicitation ! On n'en est pas du tout là", regrette-t-elle.
Voilà qui est fort dommageable quand on sait qu'une joueuse de rugby à XV gagne 1 600 euros par mois, un salaire qui grimpe à 2 400 euros pour le rugby à 7, comme nous le précise la joueuse du club de Rennes. Jessy Trémoulière arrive à vivre du rugby, car elle a signé un contrat de semi-pro avec la fédération. Sachant qu'une carrière de joueuse ne va guère au-delà de la trentaine d'années, cette diplômée agricole et titulaire d'un diplôme de paysagiste pense déjà à son avenir d'après compétition. Elle se verrait bien fonder une famille, retourner à ses amours d'origine, la terre auvergnate et l'agriculture, et qui sait reprendre l'exploitation familiale.
Mais d'ici là, d'autres rendez-vous l'attendent, elle et ses compagnes de mêlée : une tournée d'été aux Etats-Unis en 2019, et en 2021 la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, pour tenter de battre une deuxième fois, cette fois sur leur territoire les indétronâbles "Black".
Sur le tapis rouge des #WorldRugbyAwards @asbayonne évoque la belle année du #RugbyFeminin avec @FFRugby pic.twitter.com/RjV5yebOcM
— World Rugby FR (@WorldRugby_FR) 25 novembre 2018