Ruqia Hassan, journaliste syrienne tuée par l'Etat islamique

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Ruqia Hassan, aussi connue sous le pseudonyme de "Nissan Ibrahim"sur les réseaux sociaux.
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Elle s'appellait Ruqia Hassan. Cette journaliste indépendante racontait les horreurs de la guerre en Syrie sur les réseaux sociaux. Enlevée en août dernier, elle aurait été exécutée en septembre ou octobre, et serait ainsi la première femme journaliste victime du groupe Etat islamique.

Le 20 juillet 2015, Ruqia Hassan avait posté son dernier message sur Facebook :

Quand Daech va m’arrêter et me tuer, ils vont me décapiter, mais je garderai ma dignité car c’est mieux que de vivre humiliée par l’Etat islamique

Selon la chaîne de télévision Alaan, la jeune femme aurait été arrêtée, quelques jours après ce dernier message, début août, mais exécutée au mois d’octobre. 

Connue sur les réseaux sociaux sous le nom de Nissan Ibrahim, elle aurait donc été tuée par l’organisation Etat islamique fin octobre, mais sa famille n’aurait été prévenue que très récemment, selon les médias locaux. Selon la chaîne d'information arabe Al-Aan TV, la mort de Ruqia Hassan pour "espionnage" a été dévoilée à sa famille début janvier 2016 par le groupe État islamique.
 

 


L’EI aurait tardé à révéler sa mort à sa famille pour pouvoir utiliser sa messagerie privée afin de piéger d’autres reporters. Certains activistes – nombreux à lui rendre hommage sur Twitter – s’inquiètent  de voir ces tueurs utiliser la page Facebook de la jeune femme pour retrouver d’autres opposants.
 

Cette jeune reporter indépendante, d'origine kurde-syrienne, avait étudié la philosophie à Alep. Elle avait choisi de s’installer à Raqqa, sa ville natale, devenue capitale autoproclamée du groupe Etat islamique, pour raconter au monde ce qui se passait à l’intérieur de la ville soumise à la violence des djihadistes.


 

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Le compte Facebook de la journaliste, avant son piratage supposé par l'EI.
©captureTheIndependent
C’est ainsi qu’elle avait commencé à décrire, avec un style bien à elle, sur les réseaux sociaux, les horreurs commises chaque jour. Elle utilisait notamment sa page Facebook pour raconter, parfois avec une pointe d’humour et de cynisme, les exactions dont elle était témoin.


L'un de ses derniers messages moquait justement l'Etat islamique, "Daech", qui tentait de couper l'accès à Internet dans Raqqa. "Allez-y, coupez nous internet. Ça fera prendre l'air à nos pigeons voyageurs", écrivait-elle, assure Syria Direct qui a traduit ses propos. C'est la 5ème journaliste à trouver la mort depuis l'été dernier, et la première femme de la profession selon les médias.

Le 27 décembre 2015, le réalisateur syrien Naji Jerf était lui aussi assassiné en Turquie. Il était formateur pour "Raqqa is being slaughtered silently" (Raqqa est détruite en silence). Depuis avril 2014, ce groupe d'activistes syriens tente de documenter les exactions commises par l'EI dans la ville de Raqqa. Comme Ruquia Hassan Mohammed dont la mort a été annoncée par ce même groupe.

"Née en 1985, originaire de la ville de 'Aïn al-'Arab/Kobané, sa famille s'était établie à Raqqa, où Nissan suivit ses études secondaires. Diplômée de philosophie à l'université d'Alep, elle participa dès 2011 aux activités des révolutionnaires de Raqqa, jusqu'à l'arrivée de Daech dans la ville, qui les poussa à la clandestinité. Elle a été arrêtée par l'organisation djihadiste durant le mois d'août 2015. Elle a été exécutée au mois d'octobre. Sa famille n'en a été informée que le 3 janvier 2016", détaille le blog "Un Oeil sur la Syrie", animé par le chercheur Frantz Glasman et le journaliste Nicolas Hénin.

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