"Safer plage" : à Marseille, une application pour signaler les harceleurs sur la plage

Lézarder en toute quiétude, sans risquer de se faire harceler : la ville de Marseille étend la portée de "Safer plage", une application permettant aux plagistes de dénoncer les violences sexistes et sexuelles dont ils/elles seraient victimes ou témoins. Les femmes sont les premières concernées.

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plage marseille

Plage à Marseille, dans le sud de la France, le 29 octobre 2022.

©AP Photo/Daniel Col
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"Plus d'une femme sur trois de 18 à 34 ans a déjà été victime de harcèlement sur la plage. Plus de la moitié des répondantes (au sondage de l’institut Yougov, ndlr) affirment avoir peur de s'y rendre toute seule : l'idée est de déplacer la honte sur le harceleur", explique Nathalie Tessier, conseillère municipale déléguée aux Droits des femmes à Marseille.

Sur une application gratuite appelée Safer plage, chacun.e peut donner l'alerte par géolocalisation et de façon anonyme, ce qui déclenche l'arrivée d'une équipe de médiateurs spécialisés. Un dispositif codéveloppé avec l’association Orane, fondatrice du festival Marsatac, et qui était à l’origine destinée à signaler des faits de harcèlement en milieu festif

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Test concluant

A la suite d'une première expérimentation l'an dernier sur une seule plage, la cité phocéenne a décidé cet été d'étendre le dispositif sur quatre plages de la ville, et ce jusqu'au 31 août (les Catalans, la Pointe-Rouge, Bonneveine et Corbières)Des flyers avec un QR code permettent de télécharger l'appli. Une campagne d'affichage est également prévue en août sur les bus, aux abords des plages et dans des bars.

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Binôme de médiateurs

En tout, quinze médiateurs et médiatrices vêtus d'un maillot blanc siglé "Médiation - Safer plage" et qui agiront en binômes, ont été formés pour intervenir en cas d'alerte.

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La première personne aura pour but de localiser la victime et de la mettre si besoin en zone sûre : "Dès qu’on reçoit l’alerte, on essaye d’assister la victime le plus vite possible, décrit Melissa, l’une des médiatrices de la plage de Corbières, sur le site madeinmarseille.netOn lui demande si elle veut venir avec nous au poste de secours pour la mettre à l’abri, discuter et nous décrire les faits.

On va essayer de discuter avec le harceleur, de savoir ce qui s’est passé, et lui apprendre que quand une fille dit non, c’est non.

Melissa, médiatrice

Le second médiateur tentera d'échanger avec la personne soupçonnée de harcèlement : "Si le harceleur est toujours présent et que c’est possible, on va essayer de discuter avec lui, de savoir ce qui s’est passé, et lui apprendre que quand une fille dit non, c’est non", poursuit Melissa.

Sensibilisation, prévention

Les médiateurs jouent donc aussi un rôle d’éducation à ces violences de sexisme dit "ordinaires ".  "Nous sommes avant tout dans une action de sensibilisation et de prévention, notre objectif est d'avoir le moins de signalements possibles", explique Emilie Touchot, conseillère à l'Egalité homme-femme à la ville.

Les filles doivent essuyer des regards insistants, des propos, mais se font aussi prendre en photo. 

Martine Ragon

En complément, des associations féministes sensibiliseront le public sur le harcèlement aux abords des plages. "Par rapport au harcèlement de rue, la plage c'est statique : c'est plus facile pour un agresseur d'aller embêter une personne qui ne peut pas bouger. Des filles doivent essuyer des regards insistants, des propos, mais se font aussi prendre en photo, détaille Martine Ragon, de l'association Femmes Solidaires. Pour ces hommes, c’est de la drague. Mais non"

Nathalie Tessier abonde dans le même sens sur le site madeinmarseille : "Les femmes, jeunes et moins jeunes, ont le droit d’être tranquilles, de ne pas être embêtées et harcelées alors qu’elles veulent juste de la tranquillité."

"De la drague ? Non !"

Martine Ragon note toutefois que des jeunes garçons sont également venus à leur rencontre lors de la phase de test de Safer Plage l’été dernier. "On a pu parler avec eux et déconstruire certains stéréotypes de genre. C’était une expérience très positive. Il faudrait que cette opération se développe dans toutes les plages de France !"

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Le harcèlement sexuel se caractérise par le fait "d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste", et les policiers municipaux ont été formés pour agir face à ce comportement, passible de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende. 

Reste qu'il incombe ensuite à la victime de porter plainte pour sanctionner l'agresseur.