Comparée à ses "consoeurs", Leila Trabelsi Ben Ali et Suzanne Moubarak, les anciennes Premières dames de Tunisie et d'Egypte, Safia Kadhafi a été très peu médiatisée sous le règne de son mari. C’est une femme de l’ombre aux origines mystérieuses. La version officielle raconte que Safia Kadhafi est née en 1952 à El-Beïda dans l'est de la Libye sous le nom de Farkash. Elle est issue d'une des tribus les plus prestigieuses de cette partie du pays, celle des al-Baraâssa. Infirmière, elle a rencontré Mouammar Kadhafi lors de son séjour à l'hôpital d'El Beîda pour une appendisectomie, en 1971. Mais pour l'hebdomadaire hongrois
Heti Valasz qui a
fait des révélations en avril dernier, Safia est originaire de Mostar, en Bosnie-Herzégovine, et c’est dans un camp militaire de la ville, où elle était engagée comme enseignante, qu’elle a rencontré Moummar alors jeune officier libyen. Ce qui est sûr, c'est que Mouammar Kadhafi l’a épousée après avoir divorcé de sa première femme et qu’elle lui a donné sept enfants : six fils et une fille.
A DISTANCE DU POUVOIR POLITIQUE Pendant la première année de son mariage, la jeune épouse ne fait quasiment aucune apparition publique. D’après la journaliste américaine Barbara Walters qui a interviewé plusieurs fois le guide et s’est intéressée de près à la famille, c’est parce qu’elle ne maîtrise pas encore l’arabe, confirmant ainsi ses origines étrangères. Safia Kadhafi ne s’investit que très progressivement dans des actions sociales ou dans des opérations de communication comme la célébration de la révolution de 1969 qui a conduit son mari au pouvoir. En 2008, elle est élue vice-présidente de l’Organisation des premiers dames d’Afrique mais n’est pas présente à la cérémonie. Selon les câbles diplomatiques révélés par Wikileaks, elle est en fait peu intéressée par la politique. Elle n'a que très rarement accompagné son mari dans ses déplacements, le laissant aux mains de ses amazones, cette armée féminine responsable de sa sécurité. Elle aurait tout de même joué, d’après Barbara Walters, un rôle décisif dans l'abandon par la Libye de ses programmes d'armes de destruction massive en 2003. Mais ce, dans un souci maternel. Après l'intervention américaine en Irak et la mort des deux fils de Saddam Hussein,
« Safia avait demandé à son époux d'assurer l'avenir et protéger leurs enfants », précise la journaliste dans ses mémoires. Lors de la révolution libyenne de ces derniers mois, c'est aussi en tant que mère qu'elle fait entendre sa voix. Le 27 mai, elle accorde par téléphone
une interview à CNN pour dénoncer les attaques de l’OTAN qui ont tué son jeune fils Seif Arab (l'avant dernier de la lignée) et trois de ses petits-enfants.