Avec ses boîtes de nuit extravagantes, ses nombreuses plages aux allures de club-med et son nombre annuel record d’opérations de chirurgies esthétiques, le Liban donne, selon la sexologue, une image complètement faussée de la réalité. “Beaucoup de gens ne savent pas que la sexualité fait partie de la santé et que les dysfonctions qui y sont reliées se soignent. Quand on regarde une boîte de nuit au Liban, on se dit que la soirée va se terminer en partouze. On est loin d’imaginer que peut-être 50% de ces jeunes n’en sont encore qu’au stade du bisou”.
Les clichés renversés
Sa pratique l’a d’ailleurs amenée à remettre en question ses propres préjugés par rapport à la sexualité de ses compatriotes. Avec 17 confessions religieuses et de profonds clivages sociaux-économiques, la société libanaise est loin d’être homogène. “Un jour, une mère de quatre enfants de 21 ans portant le tchador (une longue cape noire traditionnelle recouvrant tout le corps et la tête) est venue accompagnée de son mari pour une consultation. Je croyais qu’elle venait pour un vaginisme, ou quelque chose comme ça. Mais non ! Elle venait demander conseil parce qu’elle n’arrivait plus à avoir d’orgasmes et qu’elle trouvait cela inacceptable. Je ne m’attendais pas du tout à cela !”, s’exclame la sexologue.
Accompagner la jeunesse
C’est en 2010, avec son talk-show “
Lezim Taaref”, que Sandrine s’est faite connaître du grand public. L’émission, également disponible sur Youtube, a enregistré des audiences record au Liban ainsi que dans d’autres pays de la région tels que l’Arabie Saoudite. Masturbation, homosexualité, point G, éjaculation précoce, l’émission diffusée en direct sur la chaine libanaise LBC a rapidement gagné en popularité en abordant, malgré des menaces de poursuites judiciaires de la part de quelques individus, des questions traditionnellement taboues.
“J’ai en effet reçu des appels de menaces. Ce qui a dérangé nos détracteurs c’est qu’on utilisait les vrais mots. On parlait d’égalité entre l’homme et la femme et de dysfonctions sexuelles. Ce qui a mis en lumière leurs frustrations personnelles”, raconte-t-elle avant d’ajouter: “La sexualité au Liban est en pleine transition. Les jeunes sont en train de se libérer des enseignements des anciens et d’assumer leurs choix et leurs décisions”.