Fil d'Ariane
régime, un régime qui ferait faire peur à Ghandi lui-même, les disciples atteindraient l'illumination suprême au bout de 21 jours. Défense de rire. Mais on peut pleurer devant une telle énormité. Rendre la nourriture superflue ! Une allemande de 62 ans, adepte de ce mouvement New Age, vient de perdre la vie. Sur la page internet de la communauté sectaire où elle vivait, on peut lire que les adeptes ont commencé à "se libérer" de la nourriture en mai 2014 "En buvant uniquement du jus de fruit et de plantes, le chant semble plus beau (...) Cela laisse plus de place à la respiration, aux sentiments et aux émotions.".
La grande promotrice de ce mouvement est Ellen Greve (ou Jasmuheen), une Australienne qui donne des conférences et publie des ouvrages sur la question.
Pour atteindre le parfait équilibre, elle préconise : "Evitez de manger et de boire, la nourriture est une drogue … qui vous coupe du vivant. De plus ce n’est pas naturel d’absorber un corps étranger… " etc.
Depuis 2012 , cinq décès sont directement liés au respirianisme et aux publications de Jasmuheen. L'interessée nie toute responsabilité et refuse désormais tout suivi médical qui pourrait lui apporter la contradiction. En 1998, une journaliste notait dans The Independant : "Les visiteurs de sa grande villa dans la région prospère de Chapel Hill, à Brisbane, trouvent invariablement son réfrigérateur généreusement approvisionné en nourriture, toute destinée, elle insiste, à l'estomac de son deuxième mari, Jeff Ferguson, un fraudeur condamné ".
Oui, pourquoi insister ?
C'est une tendance qui remonte à quelques années déjà. Elle vient des Etats-Unis. On la croyait passée de mode ou carrément disparue et puis non ! Il a fallu une publication sur le site de Kim Kardashian après la naissance de son second enfant pour relancer cette tendance : manger son placenta. La bimbo-star, une "influenceuse" comme on dit aujourd'hui, écrit : " Quand je dis que j'ai mangé mon placenta, je veux dire que je l'ai fait dessécher et transformer en pilules. " Plus récemment, en avril 2015, l'acteur ex-rappeur Joey Starr déclarait sur le plateau de l'émission C'est à vous : "J'ai goûté le placenta, j'ai mangé un peu de mon fils !" Provoc assurée et assumée.
Pourquoi donc cette étrange fringale ? Bien qu'il n'existe aucune preuve scientifique des effets bénéfiques de la placentophagie sur la santé, manger son placenta permettrait de favoriser la lactation, de profiter des vitamines B12 et du fer naturellement présents dans l’organe. Un autre de ses effets serait d'éviter le baby-blues, cette déprime post natale qui survient, parfois, à la suite de l'accouchement. On trouve donc désormais toutes sortes de recettes (en lasagne, en pâté, en smoothie, etc.) sur les réseaux sociaux. Bon appétit.
Or cette mode n'est pas sans danger pour la santé.
Le 30 juin, la publication d'un rapport américain du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) met en garde les mères adeptes de cette pratique. Le document évoque le cas de ce bébé qui, à Portland, en septembre 2016, a contracté une grave infection respiratoire après que sa mère ait pris des gélules de placenta contaminées.
Rappelons qu'il est impossible en France pour une maman de récupérer son placenta. Selon la direction juridique de l’Agence de la Biomédecine, " le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial ".
A moins, bien entendu, d'accoucher à la maison.
et du travail (ANSES), dans une étude publiée en septembre 2016, montre que tous les régimes amaigrissants présentent des risques pour la santé plus ou moins graves : "La recherche de perte de poids par des mesures alimentaires ne peut être justifiée que pour des raisons de santé, et cette démarche doit faire l'objet d'une prise en charge par des spécialistes - médecins nutritionnistes, diététiciens-nutritionnistes".
Alors, que faire si l'on veut gommer quelques bourrelets disgracieux ?
L'agence rappelle "que rien ne peut remplacer, en terme de santé, une alimentation équilibrée, diversifiée, en veillant à ce que les apports énergétiques journaliers ne dépassent pas les besoins. Par ailleurs, pour réduire les risques de prise de poids, l'évolution des habitudes alimentaires doit être associée à une activité physique régulière."
Le bons sens même.