Fil d'Ariane
Dix-neuf conseillères municipales. Elles sont bien plus qu'espéré, dans ce pays où jamais femme n'avait voté, ni été élue. "Même s'il n'y en avait eu qu'une, nous aurions été fières. Franchement, nous n'attendions aucune victoire", s'est félicité Sahar Hassan Nasief, militante féministe de la région de Jeddah (ouest).
19 saoudiennes conseillères municipales sur 2106 candidats, dans les villes suivantes...
Cela pourrait sembler dérisoire, mais l'élection de ces 19 femmes marque un véritable tournant dans le royaume conservateur, une étape majeure dans la vie de ces femmes "politiques".
Riyad: 3 Qassim:2 Jazan 1 Al-Ahsa 2 Jeddah 2 Hail 2 Tabuk 2 Al Jouf 1 Mecque 1 Médine 1 Province Est 2
702,542 votants soit 47,4% des personnes enregistrées sur les listes, et parmi eux combien d'hommes ont-ils déposé dans l'urne un bulletin pour une femme ?
Clarence Rodriguez, depuis Riyad
Ces candidates ont été élues samedi 12 décembre 2015, aux élections municipales considérées comme historiques car l'Arabie saoudite était le dernier pays au monde à dénier à ses citoyennes le droit de voter ou de se porter candidate à un scrutin.
La première femme dont la victoire a été annoncée a été élue au Conseil municipal de Madrakah, dans la région de La Mecque, l'un des plus importants lieux saints de l'islam. Salma bent Hizab al-Oteibi a triomphé face à sept hommes et deux femmes.
Une candidate a été élue dans la région de Jawf (nord) et deux autres dans la région d'Ihsaa (sud-est), tandis que la capitale saoudienne Riyad a vu l'élection de trois femmes, selon l'agence officielle SPA. Par ailleurs, deux candidates ont remporté des sièges dans la province de Tabbouk (nord-ouest).
L'Arabie saoudite, monarchie absolue régie par une version rigoriste de l'islam, est l'un des plus restrictifs au monde pour les femmes: elles n'ont pas le droit de conduire et doivent obtenir l'accord d'un homme - un tuteur - pour travailler ou voyager.
Selon des chiffres officiels, près de 1,5 million de personnes âgées de 18 ans et plus étaient inscrites pour voter, dont environ 119.000 femmes, alors que la population autochtone approche les 21 millions d'âmes.
Tous les candidats briguaient un siège dans les 284 conseils municipaux, des assemblées aux pouvoirs limités qui sont les seules dans le royaume à inclure des représentants élus.
Aucun chiffre de participation au niveau national n'avait été publié dimanche 13 décembre en fin d'après-midi mais, dans la région montagneuse de Baha (sud-ouest), 82,5% des femmes inscrites ont participé au scrutin, selon la commission électorale locale, citée par l'agence SPA.
Des candidates se sont déclarées fières de s'être présentées à ce scrutin, même si elles n'avaient quasiment aucune chance de l'emporter.
Des électrices, émues et parfois en larmes, ont souligné qu'elles étaient heureuses d'avoir enfin pu faire une chose qu'elles voyaient seulement jusqu'ici à la télévision.
Je vous l'avais dit depuis des mois : les femmes vont vous surprendre !
Nassima al-Sadah
Nassima al-Sadah, féministe de la ville de Qatif (est), a salué dans un tweet "une victoire pour tout le monde. Je vous l'avais dit depuis des mois: les femmes vont vous surprendre !".
Le roi Abdallah, prédécesseur de l'actuel souverain Salmane, avait initié une ouverture en accordant en 2011 aux Saoudiennes le droit de vote et d'éligibilité.
A relire dans Terriennes :
> Aux urnes Saoudiennes ! Entretien avec notre correspondante Clarence Rodriguez
Avant les élections de samedi, l'organisation Human Rights Watch avait salué le scrutin, tout en soulignant que "l'Arabie saoudite continue de discriminer les femmes à travers une myriade de lois, de politiques et de pratiques".