L'idée de Mariam Tendou Kamara, lorsqu'elle crée cette plateforme internet, est de rendre le travail des femmes plus visible, auprès de la société sénégalaise et de potentiels investisseurs. Elle veut faire en sorte que leurs activités se développent. Elle cherche aussi à aider d'autres femmes à se lancer dans l'aventure entreprenariale.
Sénégal : seulement 30% des femmes travaillent
L'économiste explique que le travail des femmes est indispensable à la croissance du pays : "en 2012, on a vu que le travail des femmes a réduit la pauvreté au Sénégal de 30%. Les défis restent pourtant importants" ajoute-t-elle, "Alors qu'en Côte d'Ivoire, la moitié des femmes travaillent, au Sénégal, elles ne sont que 30% et sont très souvent dans le secteur informel". (Le secteur informel correspond au travail non déclaré, sans protection sociale et sans cadre).
Sortir de cette Afrique de la pauvreté
Mariam Tendou Kamara
Partant de ce constat, Mariam Tendou Kamara s'est fixée l'objectif d'aider les Sénégalaises entrepreneures à trouver des capitaux auprès d'investisseurs philanthropes, à faciliter la gestion de leurs entreprises, à leur donner des outils de communication et de mise en réseau : "on a créé Inter'Actes parce qu'on pense que les femmes ont besoin d'un réseau formalisé. Les femmes aujourd'hui, elles commencent par une tontine (une épargne créée à partir de prêts entre amis ou au sein des familles) très fréquentes en Afrique".
"Ce qu'on veut faire aussi, c'est changer l'image des femmes. Elles ne sont pas seulement des clichés qui font la cuisine à la maison, comme le montrent en permanence la publicité. On veut montrer les entreprises qu'elles créent. Et sortir de cet Afrique de la pauvreté."

Des services digitaux pour rendre les entreprises plus compétitives
La plateforme propose concrètement quatre services digitaux :
- la possibilité pour les entrepreneures de vendre leurs produits en ligne,
- des moyens de gestion (comptabilité, gestion commerciale, financière...),
- une aide marketing, avec des études de marchés et du conseil pour que les entreprises se positionnent le mieux possible sur leurs secteurs d'activités,
- la mise en place de moyens de paiements entre les entrepreneures et leurs clients.
En définitive, la plateforme propose tous les services digitaux - dématérialisés - que certaines femmes ne peuvent pas développer, par manque de temps ou de connaissances.
"Beaucoup de femmes sont aidées par leurs enfants, qui ont fait des études. Certains de leurs enfants travaillent même avec elles, explique Mariam Tendou Kamara, et les aide à utiliser le "digital". Mais souvent, ce n'est pas suffisant pour développer leurs entreprises et les rendre plus compétitives."
Inter'Actes diffuse des portraits de ses entrepreneures "ambassadrices". Parmi elles, Diatta Diop et Antonia Anachar ont créé un logiciel éducatif pour les étudiants, Roughyate est mécanicienne, à la tête d'un garage de réparation automobile, Aïcha Edarabousso a fondé une entreprises de livraison et distribution de courrier. Angèle Diabang est cinéaste et productrice de films.
Mariam Tendou Kamara est une philanthrope féministe. Son engagement auprès des femmes date de l'époque de son premier emploi, à San Francisco, comme pharmacienne. Après avoir grandi en France, elle choisit de faire ses études à Boston. Puis s'expatrie sur la côte californienne : "là-bas, j'ai connu l'esprit d'initiative, l'entraide. Des femmes africaines sans ressources venaient me voir pour avoir des médicaments, trop chers et trop difficiles à obtenir aux Etats-Unis. Je ne pouvais rien faire. J'ai voulu alors créer un collectif des femmes africaines pour qu'elles s'épaulent : il y avait déjà des collectifs de Chinoises, d' Afro-américaines, de Latino-américaines, pourquoi par un pour les Africaines ?"
Cette femme pleine d'énergie et d'humanisme décide d'arrêter la pharmacie pour la communication et l'aide sociale, et part d'abord en Guinée, d'où elle est originaire, puis au Sénégal, où elle a fondé Inter'Actes.
Les femmes sont à l’aise dès qu’elles ont les outils numériques en main
Mariam Tendou Kamara
"C'est le début, mais on est déjà bien soutenu. Je suis sûre que ça va marcher" confie-t-elle, pleine d'enthousiasme. D'autant plus que "les femmes sont à l’aise dès qu’elles ont les outils numériques en main, même dans les zones rurales. Ce qui pèse sur les femmes, c’est le poids social qui les empêchent d’y accéder. Il faut aider les femmes à vaincre leurs craintes. Il faut les accompagner pour vaincre les obstacles au financement de leurs projets." confiait Mariam Tendou Kamara sur le plateau de TV5MONDE :