Sénégal : les femmes à l'assaut du numérique avec Mariam Tendou Kamara

Au Sénégal, une plateforme digitale d'aide à l'entreprenariat féminin vient de voir le jour. Une initiative très innovante dans un pays où la pauvreté, en particulier des femmes, est encore forte. Mariam Tendou Kamara est la fondatrice de 'Inter'Actes'. Portrait
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Une entrepreneure sénégalaise, à la tête d'une société de distribution de courrier, pendant son activité de livraison.
©Inter'Actes
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Inter'Actes : une plateforme digitale (numérique) pour les femmes entrepreneures au Sénégal. Cette toute jeune initiative a été lancée à Dakar le 31 mars 2016.
L'idée de Mariam Tendou Kamara, lorsqu'elle crée cette plateforme internet, est de rendre le travail des femmes plus visible, auprès de la société sénégalaise et de potentiels investisseurs. Elle veut faire en sorte que leurs activités se développent. Elle cherche aussi à aider d'autres femmes à se lancer dans l'aventure entreprenariale.
 

Sénégal : seulement 30% des femmes travaillent


Cette ancienne responsable du développement économique à ONU Femmes, connaît bien la situation des Africaines :
"Elles sont peu visibles, les investisseurs ne leur font pas facilement confiance. Les plus jeunes utilisent les possibilités d'Internet et des téléphones, mais pas les plus âgées. Toutes manquent de ressources."

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Mariam Tendou Kamara (à Paris), fondatrice de la plateforme digitale Inter'Actes au Sénégal. 
©Séverine Maublanc
Et pourtant, le travail des femmes est "essentiel, non seulement pour elles, mais pour toute la société sénégalaise", rappelle Louise Cord, directrice de la Banque mondiale au Sénégal, lors de la cérémonie de lancement de la plateforme Inter'Actes, le 31 mars 2016, à Dakar.

L'économiste explique que le travail des femmes est indispensable à la croissance du pays : "en 2012, on a vu que le travail des femmes a réduit la pauvreté au Sénégal de 30%. Les défis restent pourtant importants" ajoute-t-elle, "Alors qu'en Côte d'Ivoire, la moitié des femmes travaillent, au Sénégal, elles ne sont que 30% et sont très souvent dans le secteur informel". (Le secteur informel correspond au travail non déclaré, sans protection sociale et sans cadre).
 

Sortir de cette Afrique de la pauvreté
Mariam Tendou Kamara

Partant de ce constat, Mariam Tendou Kamara s'est fixée l'objectif d'aider les Sénégalaises entrepreneures à trouver des capitaux auprès d'investisseurs philanthropes, à faciliter la gestion de leurs entreprises, à leur donner des outils de communication et de mise en réseau : "on a créé Inter'Actes parce qu'on pense que les femmes ont besoin d'un réseau formalisé. Les femmes aujourd'hui, elles commencent par une tontine (une épargne créée à partir de prêts entre amis ou au sein des familles) très fréquentes en Afrique".


"Ce qu'on veut faire aussi, c'est changer l'image des femmes. Elles ne sont pas seulement des clichés qui font la cuisine à la maison, comme le montrent en permanence la publicité. On veut montrer les entreprises qu'elles créent. Et sortir de cet Afrique de la pauvreté."

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Diatta et Antonia, toutes deux ingénieures, ont créé leur entreprise spécialisée dans le développement d'un logiciel éducatif pour les étudiants.
© Inter'Actes

Des services digitaux pour rendre les entreprises plus compétitives


La plateforme propose concrètement quatre services digitaux :
 
  • la possibilité pour les entrepreneures de vendre leurs produits en ligne,
  • des moyens de gestion (comptabilité, gestion commerciale, financière...),
  • une aide marketing, avec des études de marchés et du conseil pour que les entreprises se positionnent le mieux possible sur leurs secteurs d'activités,
  • la mise en place de moyens de paiements entre les entrepreneures et leurs clients.
La plateforme digitale donne accès à des systèmes d'e-banking et de mobile-banking : "ces systèmes ne sont pas novateurs, expose la fondatrice d'Inter'Actes, ils sont déjà très développés au Kenya et en Afrique du Sud. Mais au Sénégal, les gens n'y ont pas accès, alors que c'est quelque chose qui facilite beaucoup les transactions commerciales". 

En définitive, la plateforme propose tous les services digitaux - dématérialisés -  que certaines femmes ne peuvent pas développer, par manque de temps ou de connaissances.
"Beaucoup de femmes sont aidées par leurs enfants, qui ont fait des études. Certains de leurs enfants travaillent même avec elles, explique Mariam Tendou Kamara, et les aide à utiliser le "digital". Mais souvent, ce n'est pas suffisant pour développer leurs entreprises et les rendre plus compétitives."

Inter'Actes diffuse des portraits de ses entrepreneures "ambassadrices". Parmi elles, Diatta Diop et Antonia Anachar ont créé un logiciel éducatif pour les étudiants, Roughyate est mécanicienne, à la tête d'un garage de réparation automobile, Aïcha Edarabousso a fondé une entreprises de livraison et distribution de courrier. Angèle Diabang est cinéaste et productrice de films.

Cette femme pleine d'énergie et d'humanisme décide d'arrêter la pharmacie pour la communication et l'aide sociale, et part d'abord en Guinée, d'où elle est originaire, puis au Sénégal, où elle a fondé Inter'Actes.

Les femmes sont à l’aise dès qu’elles ont les outils numériques en main
Mariam Tendou Kamara

"C'est le début, mais on est déjà bien soutenu. Je suis sûre que ça va marcher" confie-t-elle, pleine d'enthousiasme. D'autant plus que "les femmes sont à l’aise dès qu’elles ont les outils numériques en main, même dans les zones rurales. Ce qui pèse sur les femmes, c’est le poids social qui les empêchent d’y accéder. Il faut aider les femmes à vaincre leurs craintes. Il faut les accompagner pour vaincre les obstacles au financement de leurs projets." confiait Mariam Tendou Kamara sur le plateau de TV5MONDE : 
 

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