La journaliste Cathy Thiam et l’artiste Serge Kponton lancent (S)heroes TV, une série de portraits vidéos de femmes du monde entier pour la jeunesse en mal de modèle. Chaque épisode, d’une exigence esthétique notable, dévoile le parcours inspirant d’héroïnes du quotidien jusqu’à faire tomber "les masques" au moyen de l’art photographique et de la peinture corporelle.
L’année 2017 aura définitivement été marquée par une multiplication d’initiatives mettant en valeur des femmes inspirantes impliquées dans diverses sphères d’activités. Elles permettent de découvrir davantage de portraits féminins et surtout plus représentatifs de la société, à travers tous supports, (films, expositions, conférences, livres, podcasts, magazines, événements associatifs et féministes etc.).
Parmi les dernières nées, (S)heroes TV arrive avec une pointe d’originalité qu’il faut mettre sur le compte de ses deux créateurs français, la journaliste Cathy Thiam et l’artiste Serge Kponton. Ils ont à coeur d’aller à la rencontre de femmes du monde entier qui font bouger les lignes, quelles que soient leur origines sociales, géographiques ou leur domaine d’activités. Les acolytes ont donc lancé, au premier trimestre 2017, (S)heroes TV, une série de portraits vidéos de personnalités féminines.
De l’entretien à la séance photo et body-painting
Dans chacun de ces films, d’une durée de vingt minutes environ, Cathy Thiam, ex-présentatrice télé du petit écran à TV5Monde, suscite la parole intime de l’invitée. «
Je pense que c’est la femme qui fait avancer le monde, explique-t-elle.
On exige beaucoup d’elle et je voulais voir ce qu’elle avait à transmettre au monde. ».
Elle mène alors des «
entretiens confidence », en s’appuyant sur la structure narrative du «
voyage du héros », développée par le célèbre professeur et écrivain Joseph Campbell dans son ouvrage
Le héros aux mille et un visages (1949). L’auteur y décrit la trajectoire du héros qui franchit douze étapes (appel à l’aventure, peur, rencontre du guide ou du mentor, épreuves etc.) que rencontre chaque individu avant d’accomplir sa quête.
La société nous impose de porter des masques par respect des conventions sociales, des règles de bienséance. Ce qui a pour effet d'atténuer tout ce qui peut être extraordinaire en nous.Serge Kponton, co-fondateur de (S)heroes TV
A cela s’ajoute une démarche artistique remarquable et captivante menée par Serge Kponton. A la fois, photographe, dessinateur et peintre, il mêle chacune de ses spécialités «
pour révéler la personnalité » qui se cache derrière chaque invitée.
«
La société nous impose de porter des masques par respect des conventions sociales, des règles de bienséance, regrette-t-il.
Ce qui a pour effet d'atténuer tout ce qui peut être extraordinaire en nous. » Il y a six ans, il a donc mis au point le «
projet démasquées » qui a débouché sur
la conception de 120 portraits de femmes.
Il a transposé ce travail artistique dans les épisodes de (S)heroes TV, lequel consiste à réaliser d’abord une séance de body-painting sur son invitée et de poursuivre avec une séance photo filmée. La voilà dans «
un
costume éphémère ». Et le résultat est surprenant. Regard, gestuelle, posture... magie de l'art, la protagoniste laisse s'échapper ce qui jusqu'ici était imperceptible.
Plutôt qu’être dans une position d’attente, j’ai préféré me lancer. On développe des pouvoirs de supers héros grâce à cette série.Cathy Thiam, co-fondatrice de (S)heroes TV
Ce couple amical vieux de huit ans a donc trouvé « son concept » pour mettre en valeur des femmes. Chez Cathy Thiam, diplômée en commerce international et formée au journalisme, l’envie de créer une action autour de la population féminine est venue alors qu’elle ne rencontrait auncune opportunité professionnelle.
« Plutôt qu’être dans une position d’attente, j’ai préféré me lancer», raconte-t-elle. A n'en pas douter, c'est une (S)heroes, qui fait ses premiers pas dans l’entreprenariat, apprend à filmer et monter des vidéos. « On développe des pouvoirs de super héros grâce à cette série », sourit-elle.
A travers (S)heroes TV, la journaliste souhaite avant tout « transmettre des valeurs de sororité auxquelles elle est très attachée » et « faire connaître des femmes qu'elle aurait voulu elle-même découvrir petite lorsqu'elle était en mal de référent.e.s. »
De son côté Serge Kponton travaille sur la mise en valeur de personnalités féminines depuis plusieurs années. Son travail a débuté en 2009 lorsqu'il a pris la résolution de reprendre le dessin.
Il s’est mis naturellement à réaliser des portraits de femmes. «
Je me suis laissé guider par l’émotion, confie-t-il
. Sans doute parce que j’ai baigné dans un environnement féminin. Il s’agit pour moi d’une sorte d’hommage à ma mère et aux femmes qui m’ont entouré, que j’ai voulu transmettre dans mon œuvre.»
Deux épisodes de (S)heroes TV en ligne
Autant de motivations que l’on retrouve dans
les deux épisodes de (S)heroes mis en ligne sur le site de la série. Le premier raconte le parcours de Fati Niang, une entrepreneure de 36 ans, pleine de ressources, qui a relevé plusieurs défis pour lancer Black Spoon, un food-truck de gastronomie africaine.
Dans le deuxième épisode (vidéo ci-dessous), le public découvre la danseuse professionnelle Isa Welly Locoh-Donou, cousine du co-fondateur de la série Serge Kponton. Peu connue en France, cette trentenaire originaire d’Antony dans l’Essonne s’est illustrée aux côtés de grandes stars de la musique. On la suit de ses débuts d’artiste à sa reconversion dans le coaching "bien-être".
L’épisode qui lui est consacré est savamment rythmé et la qualité esthétique du film témoigne de l'exigence des fondateurs qui visent «l'excellence». Sur le site de (S)heroes TV, une succession d 'interviews en noir au blanc des proches d'Isa Welly Locoh-Donou vient compléter le récit.
Les deux créateurs ambitionnent de diffuser un nouvel épisode (S)heroes TV chaque mois, les pourparlers avec des diffuseurs sont en cours.
Suivez Lynda Zerouk sur Twitter
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