Elle l'a fait. A Londres, dimanche dernier, l'athlète iranienne de 24 ans, Shirin Gerami, a participé au championnat du monde de triathlon. Tout un symbole. Jamais auparavant une femme iranienne n'avait été autorisée à concourir à un tel championnat.
L'iranienne Shirin Gerami au championnat du monde de triathlon à Londres, dimanche 15 septembre.
3 minutes de lecture
Le tweet du président iranien Hassan Rouhani.
Comme 8 500 autres athlètes de tous âges, venus de 83 pays, Shirin Gerami a nagé 1 500 mètres, parcouru 40 kilomètres à vélo et, enfin, couru 10 kilomètres à pieds, dimanche dernier à Londres au championnat international de triathlon. « Je me sens très fière et je suis très heureuse d'avoir eu la chance de faire cette course », a t-elle confié au journal britannique le Guardian.
Une performance sportive et plus encore… politique qui lui a valu les félicitations du nouveau président iranien, Hassan Rouhani. Dans un tweet, celui qui a promis, pendant la campagne électorale, de faire avancer l'égalité entre les hommes et les femmes en Iran a souligné l'exploit : « Shirin Gerami, la première femme triathlète qui a participé à un championnat du monde sous le couleurs de l'Iran.» Avec pour mot-clé dans son tweet : « Egalité de genre » !
Shirin Gerami recouverte de sa cape colorée.
Quand un triathlon en cache un autre
Il n'empêche que Shirin Gerami a dû se démener pendant quatre mois pour obtenir toutes les autorisations nécessaires lui permettant de participer à l'épreuve en toute légalité. Installée depuis plusieurs années en Grande-Bretagne, elle a écrit au ministère iranien des Sports et de la Jeunesse et s'est en suite rendu sur place à Téhéran pour convaincre l'administration centrale qu'elle respecterait en toute circonstance les préceptes islamiques « Quand je suis arrivée en personne, a-t-elle raconté au Guardian, ils ont réalisé que j'étais sérieuse et que je voulais le faire. J'ai été impressionnée de voir comment les gens en Iran étaient prêts à me soutenir.»
C'est une semaine avant la course qu'elle a obtenu le feu vert avec pour obligation de couvrir l'intégralité de son corps et de sa chevelure. Shirin Gerami a joué le jeu comme le montre un reportage de la BBC perse. Pour l'épreuve de natation, elle a recouvert sa combinaison d'une large cape qu'elle a enlevée dès qu'elle s'est retrouvée dans l'eau et qu'elle à remise dès qu'elle en est sortie. Pour la course à pied et le vélo, elle a enfilé un collant noir épais sous son short et une t-shirt large à manche longue. Pour qu'elle puisse se changer, loin des regards, la Fédération internationale de triathlon avait mis à sa disposition des tentes. Bien sûr ces contraires vestimentaires lui ont fait perdre beaucoup de temps. Arrivée 76e sur 87, elle a mis 2 heures, 42 minutes et 12 secondes.