Fil d'Ariane
L'anneau mensuel adapte une technologie médicale couramment utilisée comme dispositif contraceptif pour administrer le médicament antirétroviral Dapivirine pour prévenir le VIH.
L’anneau vaginal de Dapivirine est un anneau en silicone qui permet d'assurer une prévention localisée et de longue durée contre le VIH. Désormais autorisé en Afrique du sud, et dans plusieurs autres pays africains, il offre aux femmes, qui sont les plus exposées, le moyen d'être autonomes pour se protéger plus efficacement du sida.
Une première commande de 16 000 anneaux ... Voilà qui pourrait, dans un premier temps, changer la donne pour les Sud-Africaines. Trois acteurs clés de la prévention et de la riposte au VIH en Afrique du Sud – AIDS Foundation of South Africa, Beyond Zero et Networking HIV & AIDS Community of Southern Africa – viennent de signer ce bon de commande, grâce à l’appui du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Comme le précise l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’anneau vaginal de Dapivirine (DPV-VR) est un anneau en silicone souple qui fournit aux femmes une alternative particulièrement bienvenue à la panoplie des outils de contrôle pour réduire leur risque de contracter le VIH. L’anneau, qui doit être inséré dans le vagin, libère progressivement le médicament antirétroviral pendant une période de 28 jours.
L’ajout de cet anneau dans l’arsenal sud-africain étoffe les options proposées aux femmes, jusqu’alors limitées à une PrEP orale souvent inadaptée aux besoins individuels de l’ensemble des personnes qui souhaitent y recourir.
Certaines peuvent en effet avoir du mal à respecter une PrEP orale (la prophylaxie pré-exposition est un traitement médicamenteux qui empêche l'infection par le virus du sida chez des personnes séronégatives. Le médicament utilise la combinaison de deux antirétroviraux tenofovir/emtricitabine, ndlr), ou préfèrent une option plus discrète.
La multiplication des options de prévention du VIH, comme l’anneau de PrEP, est une demande prioritaire des groupes de plaidoyer et un élément essentiel du Manifeste pour le choix de la prévention du VIH pour les femmes et les jeunes filles d’Afrique, The HIV Prevention Choice Manifesto For Women and Girls In Africa, publié début septembre.
Les porte-parole de la santé féminine réclament depuis longtemps un produit discret sur lequel les femmes ont un contrôle total. Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial
« Les porte-parole de la santé féminine réclament depuis longtemps un produit discret sur lequel les femmes ont un contrôle total, rappelle Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial. Nous avons la certitude que ce nouvel anneau de PrEP peut complètement changer la donne dans la prévention du VIH et nous espérons que plusieurs autres pays suivront l’exemple de l’Afrique du Sud. »
En juillet 2020, l'ONUSIDA par la voix de sa directrice exécutive Winnie Byanyima se félicitait « des progrès réalisés pour mettre l'anneau de Dapivirine à la disposition des femmes d'Afrique subsaharienne où environ 4.500 adolescentes et jeunes femmes sont infectées par le VIH chaque semaine ».
Deux études récentes montrent que l’utilisation de l'anneau de Dapivirine chez les femmes enceintes ou allaitantes ne présente aucun problème de sûreté.
En janvier 2021, l’OMS recommandait l’anneau vaginal de Dapivirine sous certaines conditions, notamment en prévention supplémentaire pour les femmes présentant un risque élevé d’infection par le VIH, dans le cadre d’une démarche de prévention combinée.
Il faut donner aux femmes davantage de contrôle sur leur santé et sur leur corps. Ntombenhle Mkhize, PDG d’AIDS Foundation of South Africa
Jusqu’à présent, cet anneau vaginal de prévention anti-VIH a été approuvé par l’Afrique du Sud, le Botswana, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, la Zambie et le Zimbabwe.
« Il faut donner aux femmes davantage de contrôle sur leur santé et sur leur corps, déclare Ntombenhle Mkhize, PDG d’AIDS Foundation of South Africa. Elles doivent pouvoir choisir entre de multiples options sûres et efficaces, y compris l’anneau de Dapivirine, et opter pour la méthode qui leur convient le mieux à différentes périodes de leur vie. »
Les populations de femmes à risque accru d’infection par le VIH varient selon les pays, et peuvent notamment inclure les adolescentes et les jeunes femmes, les travailleuses du sexe, les femmes ayant des partenaires qui vivent avec le VIH (ou qui ne connaissent pas leur statut sérologique) et ne reçoivent pas un traitement efficace, et les femmes qui consomment des drogues injectables.
Une conseillère médicale, à gauche, discute avec des femmes de l'utilisation des médicaments PrEP et de la prévention de l'infection par le VIH dans le canton de Soshanguve, au nord de Pretoria, en Afrique du Sud, le jeudi 26 novembre 2020.
Pour la prévention du VIH, la méthode du préservatif est souvent sous le contrôle du partenaire masculin. L’anneau de PrEP, qui peut être mis en place par les femmes elles-mêmes, leur offre une méthode de prévention qui n’appartient qu’à elles. Le besoin de toujours avoir des comprimés sur soi pose des problèmes de discrétion. L’anneau élimine ce fardeau, ainsi que celui de devoir prendre un traitement quotidien, ce que certaines peuvent avoir du mal à faire.
Penser à prendre un comprimé tous les jours peut être difficile et certaines ne s’en sentent pas capables à cause de la stigmatisation liée au VIH ou parce que leur partenaire ou leur famille s’y oppose. Dre Thato Chidarikire
« Certaines femmes préfèrent un anneau à la prise quotidienne de comprimés de PrEP pour de multiples raisons, explique la Dre Thato Chidarikire, directrice par intérim des stratégies de prévention du VIH au sein de la Direction nationale de la santé d’Afrique du Sud. Penser à prendre un comprimé tous les jours peut être difficile et certaines ne s’en sentent pas capables à cause de la stigmatisation liée au VIH ou parce que leur partenaire ou leur famille s’y oppose. La PrEP injectable commence aussi à être disponible, mais les injections doivent être réalisées dans un centre médical tous les deux mois, alors que les femmes peuvent se procurer des anneaux et les utiliser chez elles. »
[L'option de l'anneau vaginal PrEP "mettra la prévention du #VIH entre les mains des femmes. Si toutes les femmes vulnérables au VIH peuvent l'adopter, cela changera la donne"]
Ainsi, cette autorisation par le gouvernement sud-africain constitue un exploit qui change la donne, car elle offre aux femmes des options biomédicales à plus long terme pour la prévention du VIH, initiées par les femmes elles-mêmes. Dr Penninah Lutung, chef de bureau de l’AHF en Afrique
« Nous savons que les dynamiques de rapports de pouvoir inégalitaires entre hommes et femmes contribuent grandement à limiter la capacité de nombreuses femmes à négocier des relations sexuelles plus sûres ou l’utilisation de préservatifs, ce qui les expose au risque de contracter le VIH », analyse de son côté Dr Penninah Lutung, chef de bureau de l’AIDS Healthcare Foundation en Afrique. « Ainsi, cette autorisation par le gouvernement sud-africain constitue un exploit qui change la donne, car elle offre aux femmes des options biomédicales à plus long terme pour la prévention du VIH, initiées par les femmes elles-mêmes.», ajoute-t-il.
Une patiente reçoit des médicaments antirétroviraux à Ngodwana, en Afrique du Sud, le jeudi 2 juillet 2020. On estime que 7,7 millions de personnes en Afrique du Sud sont séropositives, soit le plus grand nombre au monde, et 62 % d'entre elles prennent des médicaments antirétroviraux qui suppriment le virus et préviennent la transmission.
L’Afrique du Sud est le pays où l’épidémie de VIH est la plus importante, avec près de huit millions de personnes vivant avec la maladie. Malgré une diminution des nouvelles infections, le pays enregistrait toujours le plus grand nombre de nouvelles infections à VIH au monde (plus de 160 000) en 2022.
L’Afrique du Sud a progressé dans la recherche et le diagnostic du VIH et 94 % des personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique en 2022. Toujours en 2022, 75 % des personnes vivant avec le VIH recevaient un traitement antirétroviral.
Le nombre de nouvelles infections et de décès liés au sida baisse chaque année depuis le milieu des années 2000.
[Article publié en partenariat avec The Global Fund.]
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