Des femmes maghrébines se sont rendues en Belgique récemment. Des femmes politiques belges vont-elles, elles aussi, aller en Tunisie, au Maroc ou en Algérie pour partager une expérience semblable ?
Notre projet s'adresse à des jeunes femmes de quatre pays : le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Belgique. Dans chacun d'entre eux, nous avons sélectionné cinq jeunes femmes, selon des critères de sélection que nous avons élaboré avec un comité de pilotage. L'idée, c'est qu'elles soient déjà entrées en politique, par exemple au niveau local, ou bien qu'elles soient dans l'associatif et intéressées de s'engager en politique. Elles sont donc vingt, et nous les réunissons quatre fois dans l'année : le mois dernier, en avril, à Tunis, dans deux semaines, en mai, à Casablanca, puis en octobre à Alger et en novembre à Bruxelles. Pendant et entre chaque rencontre, cinq coachs travaillent avec elles.
Outre ce travail de coaching, qui est pour moi fondamental, nous les confrontons à des modèles, à des femmes, pendant chaque session. Elles en ont rencontré six ou sept durant leur séjour à Tunis. Celles-ci avaient des choses importantes à raconter sur leur vie, leur carrière et leur engagement, qu'il s'agisse d'aspects sociaux, politiques, économiques ou culturels. La prochaine session se fera sur le même modèle. C'est tout un parcours, qui doit les amener à acquérir des outils importants pouvant leur servir si elles s'engagent en politique.
Quelle place pour la rencontre que vous venez d'organiser à Bruxelles avec des candidates aux prochaines élections ?
La rencontre que nous venons de faire à Bruxelles s'est ajoutée à notre programme initial. Nous aurons trois élections en Belgique le même jour, 25 mai : les européennes, les élections pour le Parlement fédéral et celles pour les parlements régionaux. Il fallait que nous profitions de cette opportunité pour faire un exercice de démocratie et de féminisme appliqués. Nous avons pris contact avec vingt femmes politiques situées à différents niveaux de pouvoir et issues de différents partis. Nous leur avons demandé de piloter l'une des jeunes femmes de notre projet pendant deux jours, pour qu'elles voient comment cela se passe chez nous.
Ce n'est pas du tout de l'ordre du donneur de leçons. Cela a été une expérience absolument fabuleuse pour nos candidates belges, que d'avoir avec elles une jeune femme venant d'un pays du Maghreb, avec qui elles ont développé quelque chose de très important au niveau personnel. Je pense que cela va se poursuivre. Et puis pour nos jeunes femmes maghrébines, cela a été une expérience formidable de voir comment cela se passe chez nous. Ce qui est ressorti de cet échange et de ce contact, c'est de voir à quel point c'est relativement facile pour nous, femmes et personnalités politiques dans nos pays européens, de s'engager, et comme c'est un combat dans les pays du Maghreb en particulier.