L'arrivée au pouvoir
C'est dans la crèche qu'elle dirige au Caire que Ghada Salahi reçoit. Cette femme de 40 ans, long foulard blanc, élégante veste longue, se présente comme la « cheffe des Soeurs » mais précise qu'elle n'a pas été élue.
Mère de cinq filles et un garçon, elle a découvert la Confrérie et Zaynab Al Ghazali à 16 ans, en Arabie saoudite. Comme « son modèle », Salahi veut améliorer la société grâce à l'islam. « Il n’y a aucune distinction entre foi, pratique et façon de vivre. »
Depuis 1998, elle intervient dans des universités pour présenter les valeurs islamiques à la jeunesse. Cette adepte de la méthode Montessori, « une Italienne chrétienne dont le programme nous correspond parfaitement ! », clame-t-elle durant sa conférence « Comment occuper ses enfants durant les vacances », a un avis sur tout : la société, l'éducation «pas de télévision et beaucoup de dialogue», la polygamie « je suis pour, mon mari refuse et mon père me demande si je suis folle », l'excision « légère, elle calmerait les filles - qui peuvent se marier quand elles sont prêtes, à partir de 18 ou 20 ans». (L'excision en Egypte est une tradition qui remonte aux pharaons et qui s'est
enracinée aussi bien chez les chrétiennes que chez les musulmanes.)
A propos du voile (cachant les cheveux, bien plus répandu que le niqab dissimulant le visage), Ghada explique qu'une femme qui ne le porte pas ne peut pas intégrer le groupe. Les membres de la Confrérie au pouvoir affirmaient sur le sujet « Aucune Egyptienne ne sera jamais forcée de mettre un voile », citant le verset coranique « Nulle contrainte en religion ».
C'est sur le terrain social et caritatif que les Soeurs sont depuis leur création le plus actives. Pourquoi pas en politique ? « Certains hommes préfèrent que nous restions à la maison, d'autres craignent que la police nous arrête. »