Fil d'Ariane
« La francophonie doit être féministe, l’Afrique doit être féministe » dit Emmanuel Macron = quelques timides applaudissements du côté des dirigeants africains, notamment du président tchadien Idriss Déby https://t.co/OeWkiEQqcM
— Antoine Fonteneau (@antoinfonteneau) October 11, 2018
#SommetEVN2018 attention gare au féminisme alibi, Colette Braeckman pour @TERRIENNESTV5 pic.twitter.com/So9AN1hGiE
— isabelle mourgere (@IMourgere) 11 octobre 2018
@JustinTrudeau C'est vrai pour Trudeau et Macron: ça fait bien pour eux de se dire féministes. Quant aux actes qui le prouvent...
— Sisyphe.org (@sitesisyphe) 12 octobre 2018
#SommetEVN2018 @JustinTrudeau annonce plusieurs plans d’aide financière en faveur des femmes, au Sénégal et au Mali lors de sa confèrence de presse à Erevan pic.twitter.com/camYmGKfuS
— TERRIENNES (@TERRIENNESTV5) October 12, 2018
Le Québec de son côté a su prendre la vague "féministe", comme le prouvent les récentes élections de septembre 2018, plusieurs partis politiques avaient présenté autant de candidates, voire parfois plus, que de candidats. Une première dans l'histoire politique québécoise dont se félicite le nouveau premier ministre François Legault. "Il y a encore beaucoup de travail à faire, il faut sans doute être un peu plus exigeant vis à vis des pays de la francophonie", nous dit-il. Ajoutant que lui même en tant que chef de gouvernement, il s'engageait à former un cabinet strictement paritaire. Promesse tenue la semaine suivante.
#SommetEVN2018 le nouveau 1er ministre du Québec François Legault promet de nommer la semaine prochaine un conseil des ministres paritaire. A suivre donc ! @TERRIENNESTV5 pic.twitter.com/ErW3kOsQrA
— isabelle mourgere (@IMourgere) 11 octobre 2018
#SommetEVN2018 le Sénégal féministe ? La réponse de Sidiki Kaba ministre des affaires étrangères du Sénégal pour @TERRIENNESTV5 pic.twitter.com/5h8FhTkrii
— isabelle mourgere (@IMourgere) 11 octobre 2018
Des femmes Premières ministres oui, mais à quand une femme présidente ? Les cheffes de l'Etat se font rares en "francophonie", en fait une seule a accédé à la plus haute marche du podium parmi les pays membres de l'OIF, il s'agit d'Ameenah Gurib-Fakim, première femme élue à la présidence de l’archipel de Mascareignes, dont l'île Maurice. On recense quatre femmes présidentes parmi les pays observateurs de l'instance francophone : Kolinda Grabar-Kitarović, présidente de Croatie depuis février 2015, Kersti Kaljulaid, présidente de la République d’Estonie depuis 2016, Dalia Grybauskaitė, présidente de la République de la Lituanie depuis 2009, et Marie-Louise Coleiro Preca présidente de Malte depuis avril 2014. (Malte est devenu membre observateur de l'OIF en 2018, ndlr).
Et à Madagascar ? La question est posée à l'actuel président par intérim malgache, Rivo Rakotovao que nous abordons à la sortie d'une salle de presse. "Il y a des candidates, alors c'est la volonté du peuple, qu'il s'agisse d'une femme ou d'un homme !" nous confie-t-il, avec un large sourire.
#SommetEVN2018 mr Rivo Rakotovao, pdt malgache par intérim, à quand une présidente ? « Il y a des femmes candidates. Mais c’est le peuple qui décide ! » pic.twitter.com/H7JRmfGBoL
— isabelle mourgere (@IMourgere) October 11, 2018
Ça marche aussi avec l’éducation des garçons, bien entendu
— Dalila Aïssa (@DalilaAissa) 11 octobre 2018
Au delà d'une francophonie féministe, lutter contre l'impunité... Entretien avec Pramila Patten, Représentante spéciale des Nations Unies au sujet des violences sexuelles dans les conflits.
Où se situent les victimes dans cet environnement où l'on parle de féminisme ?
Pramila Patten
Terriennes : Comment réagissez-vous lorsqu'on parle de francophonie féministe ?
Pramila Patten : Cela fait un an que j'occupe ces fonctions. Et malheureusement le constat que je fais sur le terrain demeure préoccupant. La question que je me pose, sachant que la francophonie s'est déja engagée "activement" entre guillemets sur le thème de l'égalité femmes-hommes, quels progrès ont été aboutis? Et là je pense aux pays francophones africains qui sont mes pays prioritaires, comme la RDC, la République Centrafricaine, le Mali. Parfois, je m'interroge sur toute cette volonté politique que j'entends à travers ces discours. Une de mes stratégies, c'est d'avoir une politique axée sur les victimes. La résolution 18-88 qui a été adoptée au début de mon mandat, fait suite à la résolution 18-20 sur les violences sexuelles comme arme de guerre. Et la question que je me pose c'est 'où se situent les victimes dans cet environnement où l'on parle de féminisme' ?
Dans la pratique j'ai l'impression que les viols de masse riment toujours avec une impunité de masse
Pramila Patten
On a fait des progrès dans le cadre normatif, les violences sexuelles liées aux conflits sont bel et bien inscrites dans l'agenda international mais dans la pratique j'ai l'impression que les viols de masse riment toujours avec une impunité de masse.
T : Cette impunité, c'est le premier combat selon vous aujourd'hui ?
PP : Oui tout à fait. Pour moi, le combat contre les violences sexuelles liées aux conflits, c'est un combat contre l'impunité. C'est vrai que j'ai un mandat qui me demande d'être la voix stratégique et cohérente sur la question, mais je pense qu'on a dépassé ce niveau, la question est désormais inscrite sur l'agenda au plus niveau, il est temps de passer à l'action. On doit combattre l'impunité dans toute sa vigueur.
T: Par quels moyens ?
PP : Justement à Erevan, j'ai signé avec l'OIF un accord cadre de coopération, avec trois axes principaux. Il est tout d'abord question de prévention, de lutte contre l'impunité, de dissuasion et aussi des moyens de s'attaquer aux causes profondes, c'est à dire l'inégalité des sexes, les discriminations à l'égard des femmes et des filles, la pauvreté en tant que facteurs invisibles des violences sexuelles dans les conflits. Je compte me rendre à Paris très vite avec mon équipe d'experts pour collaborer avec l'OIF sur cette question.
Aujourd'hui, je pense que l'on considère que les violences sexuelles sont une menace légitime pour la sécurité et la paix durable qui exige une sécurité opérationnelle aussi bien qu'une réponse juridique. Cela nécessite aussi d'assurer des services multi-dimensionnels pour les survivantes de ces violences et le prix Nobel accordé à Denis Mukwege et Nadia Murad, c'est aussi une reconnaissance des violences sexuelles comme tactiques de guerre mais également en tant que tactiques de terrorisme comme cela a été le cas en Irak et en Syrie.
Concernant le cadre législatif, on pourrait aussi travailler dans les pays francophones apporter une assistance, je suis avocate de formation, et je constate qu'il y a beaucoup de lacunes dans ce domaine, ne serait-ce que sur les définitions de violences sexuelles, il y a aussi du travail concernant la protection des victimes et des témoins, car si l'on veut que les cas soient rapportés, il faut renforcer ces systèmes, à un moment où ces violences sexuelles continuent d'être perpétrées dans les guerres ou dans les actes terroristes, il nous faut mettre le paquet sur l'outil juridique afin de combattre l'impunité.
A retrouver sur ces sujets dans Terriennes :
> Prix Nobel de la paix : le docteur Denis Mukwege et l'ex-esclave sexuelle yazidie Nadia Murad récompensés
> Journée internationale des filles : les adolescentes, premières victimes des crises humanitaires