Sophie Adenot, astronaute : "l'âme d'une exploratrice"

Marie Curie, Claudie Haigneré, son grand-père, ses professeurs... Des modèles forts ont nourri son rêve d'enfance. Aujourd'hui, la Française Sophie Adenot est retenue dans la nouvelle promotion d'astronautes européens. Comment en est-elle arrivée là ?
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Sophie Adenot
Sophie Adenot en novembre 2022.
©WikimediaCommons
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A 40 ans, elle devient la deuxième femme astronaute française de l'histoire, après Claudie Haigneré qui effectua son premier vol à bord de la station Mir en 1996.

"C'est un moment assez incroyable, je rêvais du spatial depuis que j'étais petite fille et le rêve devient... même pas concret aujourd'hui parce qu'on a du mal à se rendre compte de ce qu'il se passe !" réagit Sophie Adenot devant la presse à Paris après l'annonce de la nouvelle sélection d'astronautes de l'agence spatiale européenne (ESA). "On a travaillé dur pour arriver ici aujourd'hui", lance-t-elle, émue, sur le podium du Grand palais éphémère où était présentée la promotion de cinq élus dont une autre femme, une Britannique, un Espagnol, un Belge et un Suisse.

Sélectionnés parmi plus de 22 000 candidats, tous les cinq vont rejoindre les sept astronautes européens en exercice, dont le Français Thomas Pesquet. Mère d'un jeune enfant et professeure de yoga, Sophie Adenot a grandi en Bourgogne et est ingénieure, diplômée de l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace. Elle a le grade de lieutenant-colonel et a été la première femme pilote d'essai d'hélicoptères.

Sophie Adenot a aussi travaillé un an chez Airbus Helicopters pour y concevoir des cockpits. "J'étais passionnée par les hélicoptères et leurs cockpits, je voulais explorer de nouvelles technologies et c'est pour ça que j'ai postulé pour être pilote d'essai", raconte celle qui a aujourd'hui 3 000 heures de vol à son compte et a volé sur 22 types d'hélicoptères différents.

J'ai été élevée dans une famille où on a été poussés à être curieux un peu de tout. J'ai grandi avec l'âme d'une exploratrice.
Sophie Adenot

Après une formation au Royaume-Uni, elle est arrivée au Centre d'essai en vol de la base aérienne de Cazaux, en Gironde. C'est son grand-père, mécano dans l'Armée de l'air, qui lui a transmis sa passion. "J'ai été élevée dans une famille où on a été poussés à être curieux un peu de tout. J'ai grandi avec l'âme d'une exploratrice", se souvient-elle.

"Jamais sans ses modèles"

Son rêve du spatial remonte à son plus jeune âge "ma soeur me rappelle souvent que quand j'étais petite, le seul poster dans ma chambre était celui d'une fusée".
Tout a commencé avec "la lecture de la biographie de Marie Curie, cette grande dame qui a inspiré beaucoup de personnes". Ensuite, à l'âge de 14 ans, le premier vol de Claudie Haigneré a été "un réel déclic". "Je ne serais jamais arrivée là si je n'avais pas eu de modèles", a salué l'astronaute, rendant aussi hommage à des "professeurs d'école fantastiques" qui l'ont "aidée à avoir confiance". Jusqu'à "l'audace" de candidater pour l'ESA. De son nouveau métier, elle attend "beaucoup de science, de technologie, et aussi de pouvoir transmettre aux jeunes avec passion". 

Rosemary Coogan, l'autre "nouvelle"

Rosemary Coogan

"Je suis Européenne, mais du Royaume-Uni", plaisante cette Britannique  lors de la présentation de la nouvelle promotion d'astronautes. Elle est la plus jeune des cinq nouvelles recrues avec ses 31 ans.

Aujourd'hui astrophysicienne, elle a fait partie des cadets de la marine britannique, où elle est officier de réserve. Passionnée d'aviron, plongée, kayak et yoga, elle a une formation de docteur en astronomie à l'université du Sussex.

Après son doctorat, Rosemary Coogan a également étudié à l'Institut allemand Max Planck de physique extraterrestre, avant de rejoindre le CNES en 2022.

Objectif 2026

Sophie Adenot parle anglais, allemand, espagnol et russe. Avec ses nouveaux collègues, elle devra attendre le printemps 2023 pour démarrer les entraînements au centre européen des astronautes de l'ESA à Cologne. Pour une première mission en orbite probablement à partir de 2026.

ESA Cologne
Le Centre des astronautes de l'ESA à Cologne, en Allemagne, créé en 1990, est dédié à la formation des astronautes et la médecine spatiale en Europe. Il prépare les Européens à voler vers la Station spatiale internationale et les préparent à lavenir de l'exploration spatiale au-delà de l'orbite terrestre.
©WikimediaCommons (2018)

"C'est un nouveau monde, avec beaucoup d'inconnues, je vais apprendre le job au fur et à mesure. Je suis ravie de marcher dans les pas de Thomas Pesquet", assure Sophie Adenot. A ses côtés, l'astronaute star, qui a participé aux tests, s'est dit "fier" de voir une Française sélectionnée, ainsi qu'un deuxième de ses compatriotes, Arnaud Prost, 30 ans, qui rejoint le corps de réserve de l'ESA. 

"Ils ont une santé de fer, des compétences incroyables, des CV dingues et surtout, ils ont passé des tests psychologiques qui m'ont fait peur rétrospectivement", se félicite Thomas Pesquet, qui leur a conseillé d'être "patients, mais de manière active" avant leur premier vol - lui a attendu sept ans. 

Les cinq nouveaux astronautes de l'ESA sont appelés à voler en orbite, dans la Station spatiale internationale (ISS) dans un premier temps – les quelques places pour les futures missions lunaires seront réservées à la génération précédente déjà rodée aux séjours en orbite basse.