L'ONU-Femmes, l'Union Européenne, Amnesty International et les réseaux sociaux se mobilisent fortement pour tenter de sauver Noura Hussein. Mariée de force à 16 ans, violée à plusieurs reprises, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 19 ans, a été condamné à mort pour avoir tué l'homme qu'elle avait été forcée d'épouser et qui tentait, à nouveau, de la violer
Si les réseaux sociaux s'embrasent (#JusticeforNoura et #SaveNoura), si l'Union européenne se fend d'une déclaration et Amnesty International
d'une pétition, c'est que cette histoire est atroce.
(Avec @UNFPA et le bureau @UN du Conseiller spécial pour l'Afrique, nous nous associons aux habitants du #Soudan qui demandent la clémence dans le cas de l'adolescente et de la victime de viol, Noura Hussein )Cette histoire concerne chaque année des milliers de femmes au Soudan, ce pays régie par la charia, la loi islamique, où l'âge légal du mariage est de 10 ans et où le viol conjugal est légal.
Noura Hussein a été forcée de se marier à 16 ans mais elle s'est enfuie aussitôt la cérémonie achevée pour se réfugier chez sa tante. Après trois année de vie cachée, son père la retrouve et la livre aussitôt à la famille de son mari, Abdel Rahmane Hammad.
Noura Hussein refuse de consommer le mariage. "
Son frère et deux cousins ont alors tenté de la raisonner mais quand elle a refusé, elle a été giflée puis emmenée dans une pièce. Une personne tenait sa tête et sa poitrine, les autres lui tenaient les jambes" a expliqué Adil Mohamed Al-Emam, l'avocat de la jeune femme sur CNN.
Le lendemain, son mari a essayé de la violer à nouveau et Noura Hussein l'a poignardé à mort, le 3 mai 2017. Elle
« avait réussi à s’échapper dans la cuisine, où elle a attrapé un couteau », selon les ONG qui la soutiennent aujourd'hui. Voilà tout juste un an, après le drame, quand elle est allée chercher du soutien auprès de ses parents, ils l'ont immédiatement livrée à la police et sa famille l'a aussitôt déshéritée, reniée.
Noura Hussein, emprisonnée à Omdurman, une prison pour femmes, a été condamnée à la peine capitale le jeudi 10 mai 2018 par le tribunal de Khartoum.
"Au tribunal, nous avons soulevé le fait qu'il s'agissait d'un mariage forcé et qu'elle avait été violée", a indiqué à l'AFP son l'avocat. Mais "la cour n'a pas reconnu le viol", a-t-il ajouté, précisant qu'il allait faire appel.
Une détenue forte
Nahid Gabralla, directrice de SEEMA Center, une organisation non gouvernementale travaillant avec les victimes et les survivants de la violence sexiste au Soudan, indique que les autorités soudanaises ont refusé à son avocat de tenir une conférence de presse.
La situation est dangereuse et les droits des femmes doivent être pris plus au sérieux afin qu'on puisse les protéger
Wini Omer, militante soudanaise
Nahid Gabralla a vu la condamnée pour la dernière fois il y a deux jours lorsqu'elle lui a rendu visite à la prison. Elle témoigne sur CNN :
"C'est la première fois que je la vois après la sentence. Elle portait une longue robe et des chaînes. C'est très dur pour elle, elle pleurait, mais elle est toujours forte et heureuse que les gens soutiennent son cas." L'activiste affirme même qu'une fraternité s'est tissée autour d'elle dans l'établissement pénitencier et que d'autres détenues l'accompagnent comme elles peuvent dans cette épreuve.
"Il y a beaucoup de pression sur le gouvernement, maintenant que l'UE, ONU Femmes et d'autres agences ont publié une déclaration très forte mais, et c'est inhabituel, ses membres ne s'expriment pas. Ils gardent la tête baissée malgré toute cette exposition." constate Ahmed Elzobier, chercheur sur le Soudan à Amnesty International.
Au Soudan, les femmes systématiquement opprimées
Depuis 1989, l'année du coup d'Etat qui a porté le président Omar el-Béchir au pouvoir avec le soutien des islamistes, la situation des droits humains reste toujours très tendue. La militante Wini Omer est ainsi régulièrement harcelée par les autorités. Elle affirme : "
Les femmes au Soudan sont systématiquement opprimées. C'est l'idéologie du régime qui fait de la discrimination entre hommes et femmes".
De fait, quelques jours après la condamnation de Noura Hussein, la police a administré 75 coups de fouets à une autre Soudanaise, reconnue coupable d'avoir épousé un homme sans le consentement de son père.
Noura Hussein sera-t-elle graciée ?
En France, sur change.org,
la pétition "N'exécutez pas Noura qui n'a fait que se défendre contre l'homme qui l'a violée !" flirte désormais avec le million de signatures.
La mobilisation internationale ne faiblit pas.