Prévention

Soumission chimique au GHB ou à la kétamine : un bâtonnet capable de détecter des drogues dans votre verre

Image
Batonnet contre GHB

Un batonnet mélangeur anti-GHB est actuellement en phase de test au Canada pour permettre de prévenir contre les agressions sexuelles sous soumission chimique.

Capture d'écran
Partager 2 minutes de lecture

Le GHB, autrement connu sous le nom de drogue du violeur, est l'une des substances qui provoque ce qu'on appelle un "trou noir". Les cas de femmes victimes d'agression sexuelle sous soumission chimique, après avoir bu une boisson contaminée à leur insu, sont en constante augmentation. Des chercheurs canadiens ont mis au point un bâtonnet, qui, trempé dans un verre, change de couleur en cas de présence de drogues. 

"Partout où il y a un bar – boîtes de nuit, fêtes, festivals – il y a un risque", estime Samin Yousefi sur le site de l'Université de la Colombie britannique au Canada. Etudiant à la maîtrise en génie chimique et biologique à l'UBC, il est l'un des co-inventeurs du dispositif Spikeless

A première vue, ce bâtonnet mélangeur est semblable à ceux que l'on trouve habituellement dans les bars, mis à part que celui-ci est capable de détecter dans une boisson les drogues comme le GHB et la kétamine. Et cela en à peine 30 secondes. De quoi potentiellement prévenir les agressions.

Pour rappel : l'acide gamma-hydroxybutyrique (GHB) et la kétamine n'ont ni gout ni parfum, ce qui rend leur détection quasiment impossible. 

Tweet URL

Comment ça marche ?

Doté d'un embout en bioplastique à revêtement chimique, le bâtonnet change de couleur lorsqu'il détecte des concentrations nocives de drogues dans une boisson, alcoolisée ou non. 

Si les gens se sentent plus en sécurité parce qu'un lieu propose le Spikeless, c'est un avantage concurrentiel. Dr Foster, co-concepteur du batonnet

Comme nous l'apprend l'article publié sur le site de l'UBC, ce projet a été conceptualisé en 2011 par le Dr Johan Foster, professeur agrégé de génie chimique et biologique, et son frère Andrew. Après trois ans de travaux en collaboration avec des chercheurs de l'université, ils s'apprêtent à lancer des tests "en conditions réelles tout en lançant une start-up pour une production à grande échelle". 

"Si les gens se sentent plus en sécurité parce qu'un lieu propose le Spikeless, c'est un avantage concurrentiel", estime le Dr Foster. Pour l'instant, les premiers retours de la part de professionnels qui ont testé le bâtonnet dans leur établissement semble très positif. 

Les tests en laboratoire du vernis anti-drogue démontrent une efficacité globale comprise entre 85% et 97% selon les substances testées (GHB, kétamine, Rohypnol). La température de la boisson peut influencer la réactivité du vernis, avec une plage optimale située entre 15°C et 25°C. Les boissons très acides ou très sucrées peuvent parfois interférer avec la détection. Le vernis conserve son efficacité pendant environ 12 heures après application sur les ongles.

La capote de verre empêche physiquement l'introduction de substances dans le verre grâce à son film protecteur. La fiabilité atteint presque 100% car aucune substance ne peut traverser la protection.

Le prix d'un flacon de vernis va de 15 à 20 euros. Il faut compter entre 5 et 10 € pour un lot de 10 unités de capotes de verre. 

Moins de charge mentale pour les potentielles victimes 

D'autres produits existent déjà pour prévenir ce danger, comme un vernis qui change lui aussi de couleur au contact d'une substance toxique, ou encore la "capote" de verre, qui se pose sur le sommet du verre évitant qu'on ne verse quoi que ce soit dedans. 

"On a testé des gobelets, des sous-verres, des pailles et même du vernis à ongles pour détecter ces drogues. Notre dispositif est plus discret que les alternatives existantes et ne contamine pas la boisson", explique Samin Yousefi.

Les femmes et les personnes queer, majoritairement victimes des drogues du violeur, subissent une véritable pression à surveiller leur verre ou à le protéger. Sasha Santos, militante contre les violence sexuelles, UBC

Autre différence, leur utilisation implique une charge mentale pour les potentielles cibles de drogue du violeur, à qui l'on demande de s'occuper de leur propre protection. C'est justement ce qui change avec l'utilisation du bâtonnet, selon Sasha Santos dans un article du National Post. Pour cette militante anti-violence sexuelle qui travaille avec les chercheurs sur le projet Spikeless, "les femmes et les personnes queer, majoritairement victimes des drogues du violeur, subissent une véritable pression à surveiller leur verre ou à le protéger". Si ce bâtonnet mélangeur anti-drogue vient s'ajouter aux autres systèmes de prévention. "L'idée, c'est que ce soit omniprésent. Chaque boisson quittant le bar sera munie d'un bâtonnet. Chaque boisson sera mélangée, chaque boisson sera testée, chaque boisson sera sûre", ajoute la militante. 

Pas encore commercialisé, ce bâtonnet sera bon marché et comparable au prix des pailles et des bâtonnets mélangeurs ordinaires, annoncent ses concepteurs. Ce produit novateur pourrait ainsi vite devenir un incontournable dans les bars, pubs, restaurants, discothèques et festivals de musique.

Lire aussi dans Terriennes : 

Soumission chimique : au-delà de la prise de conscience, quelles mesures pour endiguer ce fléau ?

"Balance ton bar" : agressions sexuelles, GHB, les victimes témoignent en Belgique et ailleurs

Viol sous drogue ou GHB : la soumission chimique, un fléau peu reconnu