Vous l’aurez sans doute remarqué, cet adjectif, on précise bien ici : « handball féminin » et ça vaut aussi pour les autres disciplines, on entend toujours et encore (mais il ne faut pas se plaindre parait-il puisque c’est déjà bien d’en parler n'est-ce-pas ?) , football féminin, basket féminin etc etc… Pourquoi alors ne pas s’inspirer du monde du tennis, où l’on parle de finale dames, ou de finale messieurs… La vraie victoire serait peut-être de parler de handball, point.
Néammoins, à la lumière des chiffres et récentes statistiques sur la pratique féminine sportive, un relatif optimisme nous gagne. Sur 30 millions de personnes pratiquant une activité sportive en France, 14,5 millions sont des femmes. Entre 2007 et 2015, le nombre de licences sportives a progressé de 20% chez les femmes, contre 10 % chez les hommes. Depuis la saison 2010-2011, le nombre de licenciées de football a plus qu’augmenté, il a explosé ! +90% ! Effet coupe du monde sans doute, mais aussi d’une plus large couverture médiatique, passée de 7% à quasi 20% en 2016.
Médias et pouvoirs publics, équipe gagnante ?
Depuis 2016, le Conseil supérieur audiovisuel français, en synergie avec le ministère des sports, le secrétariat d’Etat chargé de l’égalité homme-femme et le Comité national olympique se sont engagés dans la course derrière une même bannière poétiquement baptisée « Les 4 saisons du sport féminin », consistant, nous citons ici le dossier de presse officiel, « à donner un nouvel élan à la féminisation du sport, d’ancrer le sport féminin dans les usages et enfin d’encourager la diversité des sports retransmis sur les antennes ». Elle consiste en priorité à rendre plus visible le sport pratiqué par les femmes dans les médias, et d'une manière plus concentrée et plus marquante encore durant tout un week-end de février, sur les antennes et écrans de plusieurs dizaines de tv ou radios, à des heures de grande écoute, ainsi que dans la presse écrite, sites web, et réseaux sociaux.Rebaptisée « Sport féminin toujours », cette opération se tient cette année le week-end du 10 et 11 février.
C’est parti pour le lancement de l’opération #Sportfeminintoujours. La médiatisation est un enjeu majeur du développement du #sportféminin. pic.twitter.com/lnvj8Zxr58
— Laura Flessel (@FlesselLaura) 5 février 2018
Coup d'envoi officiel devant des journalistes et des représentants d'associations, ce lundi 5 février lors d’une conférence de presse au Stade Jean Bouin à Paris. Etaient présent.e.s : Laura Flessel, ministre des Sports, Marlène Schiappa, secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, et Olivier Schrameck, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et une marraine, Allison Pineau, la championne du monde de handball, celle qui avec ses coéquipières a justement contredit tous les pronostics d'audimat, le 17 décembre 2017...
#SportFemininToujours « + 3% de sportives de haut niveau ... + 1% chez les hommes ça avance mais ne pas baisser la garde ! » @lauraflessel @MarleneSchiappa pic.twitter.com/bWZdHBJCLb
— isabelle mourgere (@IMourgere) February 5, 2018
L’occasion pour la ministre des sports, médaillée olympique et sextuple championne du monde d’épée de rappeler que « développer le sport féminin suppose de combattre les stéréotypes et les discriminations qui perdurent envers les filles et les femmes dans ce domaine et les médias font partie des vecteurs sur lesquels nous pouvons et nous devons nous appuyer pour nous aider dans cette lutte ». Rappel sans doute nécessaire ajouté à celui de Marlène Schiappa, citant cette anecdote rapportant les interrogations, tellement hélas justifiées, de sa petite fille, qui aimerait devenir "footballeur de ligue parce que c'est lui qui gagne le plus".
« J’ai essayé d’expliquer à ma fille pourquoi une footballeuse ne gagne pas autant qu’un footballeur je crois ne pas avoir réussi car elle ne comprend toujours pas pourquoi » @MarleneSchiappa lancement de #sport féminin toujours @TERRIENNESTV5 pic.twitter.com/P5D9r5w4bR
— isabelle mourgere (@IMourgere) February 5, 2018
Compétitions de femmes : des programmes de plus en plus rentables
Outre ces engagements officiels, d’où vient donc ce nouvel interêt des médias classiques et autres supports pour le sport au féminin ? Interêt, le mot est bien choisi, interêt financier en l’occurrence. Figurez-vous, qu’avec ce public record et ces cartons d’audience et d’audimat, sur lesquels si peu de gens pariaient soyez honnêtes messieurs, les programmes diffusant des compétitions dames deviennent … rentables ! Parlons chiffres. Pour étudier la rentabilité d’un évènement, on calcule le coefficient de rentabilité, c’est-à-dire le rapport entre le montant des droits télévisuels et les recettes publicitaires. Exemple : la Coupe du monde de football 2015 (dames) a présenté un coefficient de 2. Les recettes de pub surpassant largement le coût des droits de retransmission. A titre de comparaison, seule la retransmission de la coupe du monde de rugby, messieurs, en 2015 a été rentable, avec un coefficient de 1.Les chaînes parient donc sur ces promesses de rentabilité. Les droits de diffusion des matchs de la prochaine Coupe du monde de football (dames), qui sera organisée en France en 2019, a d’ors et déjà été achetée par le groupe TF1, chaîne leader du marché en part d’audience.
Le choix du sport féminin, la bonne stratégie ?
Voilà de quoi susciter quelque optimisme donc. Les compétitions féminines sont devenues intéressantes d’un point de vue strictement mercantile, mais qu'en est-il d’un point de vue sportif ?.@PineauAllison : « Il m’est toujours difficile d’entendre parler de sport féminin. Nos exploits sont parfois plus grands que les autres. » #SportFemininToujours @TERRIENNESTV5 pic.twitter.com/7hieAqUBbd
— Laurent Lejop (@laurentlejop) February 5, 2018
#Sport [Tribune] Le #féminin verrou de la #mixité... https://t.co/egxyEo6byJ c @Assia_H @IMourgere pic.twitter.com/7TaZO6YG7s
— Dominique Crochu (@DominiqueCrochu) February 5, 2018
Ainsi pour elle, l'expression sport féminin est devenue une habitude parce que l'on a considéré que c'était quelque chose à part. "On en a presque fait une sous-catégorie. Et on assigne les femmes à s'occuper justement des compétitions féminines, alors que dans d'autres secteurs on n'aurait pas forcément cette attitude là. On n'est pas assez dans la diversité, dans la mixité. s'exclame-t-elle, Moi je ne rêve que d'une chose, que l'on ne parle que de sport ! Sans préciser de quel genre il s'agit. D'ailleurs, pourquoi ne pas imaginer, des matches de foot mixtes ? Je suis certaine que cela aurait un impact très positif pour le regard des hommes comme des femmes."
Alors plutôt que sport féminin toujours, on parlait sport tout court ?