Un passé qui fait mauvais genre
Dans une très belle lettre publiée par le quotidien francophone Le Devoir,
Martine Delvaux, écrivaine et professeure à l’UQAM (Université du Québec à Montréal, interpelle le Premier ministre sur
le silence d'un gouvernement indifférent :
(.../...) "Il y a un système, économique, politique, culturel, qui permet la discrimination endémique des populations autochtones et des femmes. En refusant d’autoriser une enquête nationale, vous refusez de tourner la tête pour regarder cet angle mort, l’angle où se passe la mort de ces femmes, jetées parce que considérées comme jetables.
Ma colère est grande, M. Harper, et aussi ma honte de vivre dans un pays où une partie de la population, et pas n’importe laquelle, celle qui est ici depuis bien avant l’homme blanc, se trouve ainsi déconsidérée. Génocide silencieux ? Les femmes autochtones sont-elles le visage de l’Homo sacer dont parle le philosophe Giorgio Agamben, cet exilé de l’intérieur, ce hors-la-loi (au sens où il n’est pas protégé par la loi) qui est tout simplement une vie biologique sans statut politique ? Ce citoyen qui n’en est pas un ?
Si ces disparitions n’étaient pas celles de 1181 femmes autochtones, M. Harper, mais de 1181 hommes blancs, des hommes ordinaires, est-ce que vous seriez tout aussi silencieux, du haut de votre colline parlementaire, confiant calmement les enquêtes aux corps policiers ?" (.../...)
D'autres Canadien-ne-s se mobilisent avec force.
Une pétition a été lancée pour la tenue d'une enquête publique en même temps qu'une une campagne de sensibilisation sur le réseau Twitter avec le mot clé
#AmINext, ce qui veut dire "Suis je la prochaine ?".