Fil d'Ariane
Ce médecin explique de plus, en conclusion, que le stérilet hormonal (le Mirena sans le nommer, puisqu'il est le seul sur le marché à durer 5 ans et est quasiment toujours préconisé) peut être utilisé non pas comme contraceptif dans certains cas, mais pour diminuer les règles, ou les couper. Une sorte de "DIU de confort" pour ce médecin. Et probablement pour de nombreux autres praticiens…?
Il y a un déni de la capacité des femmes à comprendre leur propre fonctionnement biologique, qui sont infantilisées
Elise Thiébaut, auteure de "Ceci est mon sang"
Cette "qualité" du Mirena, la disparition des règles, une aménorrhée rêvée, semble être centrale dans le discours des gynécologues. Pourquoi est-ce à ce point important, en tant que femme, de ne plus avoir de règles ? La journaliste et écrivaine Elise Thiébaut, (auteure d'un livre remarqué sur le tabou des règles), interrogée sur ce sujet, n'y va pas par quatre chemins : "Il y a par exemple un gynécologue célèbre qui est un ardent défenseur de la suppression des règles, puisqu'il estime qu'avoir autant d'activité ovarienne est de nature à produire beaucoup d'oestrogènes qui sont en fait cancérigènes. Mais sa théorie s'appuie sur des études assez anciennes, et une gynécologue chef de service d'une clinique que j'ai rencontrée explique que les oestrogènes naturels et de synthèse, ce sont deux choses bien différentes. Mais sur tout cela nous avons très peu de recul, cela n'est pas étudié, parce que la parole des femmes n'est pas entendue, parce qu'on prétend penser à leur place. Il y a un déni de la capacité des femmes à comprendre leur propre fonctionnement biologique, qui sont au final infantilisées. Il y a un tabou intériorisé des règles, avec lequel on vous explique qu'il est normal de souffrir quand on a ses règles, et la transmission se fait très jeune et très mal sur ce sujet. Il n'y a pas de transmission d'information détendue, éclairée des mères à leurs filles. Un rapport de honte à soi-même et de déni de ce que l'on ressent se développe et c'est la meilleure méthode de domination et de soumission qui existe. Cela amène à accepter que quelqu'un d'autre sait mieux ce que la femme ressent elle-même"
A retrouver sur Terriennes :
> "Ceci est mon sang", un livre d'Elise Thiébaut pulvérise le tabou des règles
Les médecins spécialistes des hormones sont les endocrinologues. Qu'ont-ils à dire sur les effets du Mirena, et de son effet "purement local" — qui n'affecterait donc pas le système général, selon la plupart des discours des gynécologues ? La professeure Sophie Christin-Maître , représentante de La Société Française d’Endocrinologie (SFE), jointe par téléphone, nous explique elle aussi que "Les hormones du Mirena passent très peu dans le sang (…) le Mirena distille des hormones localement qui ne peuvent pas, à priori, affecter le système général des femmes. Les doses sont totalement infimes pour avoir un effet au niveau hypophisaire…"
Malgré tout, le sujet n'est pas si évident, puisque le gynécologue Martin Winckler déclarait sur l'Obs le 1er mai dernier, à propos du stérilet Mirena : "L’hormone passe dans le sang, l’hypophyse dans le cerveau enregistre alors qu'il n y a pas d’ovulation à faire (…) C'est un système de protection. Sinon une femme enceinte pourrait l'être de plusieurs bébés d'âges différents. (…) Toutes les contraceptions hormonales fonctionnent donc sur un blocage de l'ovulation (…) Ce n'est pas une figure de style de dire que ça va dans le cerveau. L'hormone va littéralement dans le cerveau. Et ce n'est pas un truc freudien de dire que les hormones agissent sur le cerveau."
Il faut savoir que l'utérus c'est l'une des zones les plus irriguées du corps humain, donc les hormones passent dans le sang, le cerveau.
Elise Thiébaut, auteure de "Ceci est mon sang"
La journaliste Elise Thiébaut, qui a quant à elle longuement travaillé sur les problématiques hormonales, est affligée par ces affirmations "d'un effet purement local ne pouvant altérer le système général des femmes, avec le Mirena ": "C'est n'importe quoi ! Le système endocrinien touche toutes les parties du corps, les glandes étant reliées entre elles. On a affaire à des médecins, qui en termes d'hormones, de fonctionnement du cycle féminin et de la physiologie féminine sont très approximatifs. Dans mon parcours médical très compliqué et difficile en gynécologie, je peux assurer que la plupart des médecins ne reculent devant aucun argument pour vous terroriser, vous dire des contre-vérités. Il y a véritablement un gros problème éthique. Il faut savoir que l'utérus c'est l'une des zones les plus irriguées du corps humain, donc les hormones passent dans le sang, le cerveau. Et bien entendu, les hormones influencent la libido. Tout ça est variable, mais la relation est évidente. C'est inadmissible d'entendre que les hormones diffusées par le Mirena ne puissent pas avoir d'effets sur la libido."
Au matin du mercredi 17 mai 2017, l'association de défense des victimes de la Dépakine (APESAC) annonçait qu'elle venait officiellement de saisir le Tribunal de Grande Instance de Paris. Il s'agit de la première action de groupe dans le domaine de la Santé en France. L'avocat de l'association APESAC est Maître Charles Joseph-Oudin. Il a été contacté par l'association SVH pour défendre, par une action similaire, les femmes victimes des effets secondaires du stérilet hormonal Mirena…
A suivre donc.
Paris, 22 mai 2017 (AFP)
Les patientes mécontentes du stérilet Mirena ont créé une association nommée "Stérilet Hormones Vigilance" afin de dénoncer les "effets secondaires" de ce dispositif de contraception, a indiqué à l'AFP sa présidente lundi.
Cette association découle du succès du groupe Facebook "Victimes du stérilet hormonal Mirena": il a connu un afflux soudain de participantes à partir de sa médiatisation début mai et réunit pour l'heure près de 13.000 membres, selon la présidente de l'association, Marie Le Boiteux.
Les patientes mécontentes lui attribuent des effets indésirables (vertiges, états dépressifs...) et dénoncent pour certaines un manque d'information de leur gynécologue. L'association, dont les statuts ont été déposés le 16 mai en préfecture de l'Yonne, "demande la réévaluation du dispositif concerné et une meilleure information sur les effets secondaires possibles", a-t-elle souligné dans un communiqué. Fabriqué par le laboratoire Bayer et commercialisé depuis près de 20 ans, Mirena est un stérilet hormonal, différent des stérilets en cuivre classiques: placé dans l'utérus, il agit en libérant une hormone (le lévonorgestrel).
Le 12 mai, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait relevé dans un communiqué "une augmentation des déclarations d'effets indésirables susceptibles d'être liés" au Mirena, à laquelle elle se disait "attentive". De son côté, le Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNOGF) avait conseillé à ses membres d'être "à l'écoute" des patientes et de "rester vigilants", tout en demandant que cette profession ne soit pas "dénigrée et accusée".
"Nous souhaitons collaborer de façon apaisée et intelligente avec le corps médical tout comme avec l'ANSM", a fait valoir l'association lundi, en assurant n'avoir "pas pour objet d'attaquer les médecins gynécologues mais de faire connaître et défendre les femmes ayant subi des effets secondaires importants".