Fil d'Ariane
Viola Amherd et Karin Keller-Sutter sont élues au premier tour. Leurs réactions au sujet de la représentation des femmes au Conseil fédéral. #conseilFederal #suisse #ViolaAmherd #karinkellersutter #femmes #femme pic.twitter.com/qs396366c8
— RTSinfo (@RTSinfo) 5 décembre 2018
"Symbole" et "vent rafraîchissant", la presse salue l'élection de deux femmes au Conseil fédéral https://t.co/qUj1de8N1Q
— RTSinfo (@RTSinfo) 6 décembre 2018
“ À l’ère de #MeToo, la Suisse s’illustre aujourd’hui dans sa légère discrétion comme un îlot de paix des sexes, pour un jour du moins .” Le commentaire de @Ducommnath suite à l’élection de @Violapamherd et Karin Keller-Sutter https://t.co/UGjME1IPoE #CF2018
— RTSinfo (@RTSinfo) 5 décembre 2018
Les partis ne sont pas égaux en matière de représentation féminine dans les exécutifs cantonaux. Le PDC fait figure de cancre avec 15%, suivi par le PLR (19,5%) et l’UDC (20,08%). Le PS se démarque: 44,8% de ses ministres sont des femmes. Pour comprendre les causes de la difficile marche des femmes vers les exécutifs, nous nous sommes penchés sur deux cantons aux antipodes: Vaud, exception avec une majorité de quatre sièges sur sept occupés par des femmes. Et en face, Lucerne et son collège 100% masculin.
Dans ce canton conservateur du centre de la Suisse, la situation ne changera pas de sitôt: même le PS a décidé de lancer un homme pour les prochaines élections cantonales, au printemps 2019. Le parti avait présenté une candidate en 2015 pour succéder à Yvonne Schärli et n’est pas parvenu à maintenir son siège. «Nous avons fait notre devoir. Le principal obstacle, ce sont les partis bourgeois», se dédouane le président, David Roth.
Les chefs des partis bourgeois, de leur côté, reportent la responsabilité sur les femmes elles-mêmes. Tous affirment faire des efforts pour recruter des candidates, mais rencontrer davantage de résistance. «Les femmes se demandent plus sévèrement que les hommes si elles sont aptes. Elles sont aussi jugées plus sévèrement», explique Christian Ineichen, président du PDC. «Les femmes vont moins volontiers que les hommes au combat et acceptent moins facilement la défaite. Elles ont aussi souvent l’impression qu’elles doivent en faire davantage pour convaincre», estime Markus Zenklusen, président du PLR cantonal.
«Oui, nous prenons plus de coups, souligne la conseillère d’Etat PLR vaudoise Jacqueline de Quattro. Nous sommes plus exposées aux commentaires sur notre apparence, aux jugements de valeur, aux insinuations sur notre incapacité à mener de front famille et carrière politique. Les hommes ne sont pas épargnés, mais ils seront plutôt critiqués sur leurs propositions ou leurs positions, ce qui fait partie du jeu politique.»
De quoi freiner les velléités. D’autant plus que les candidats à une élection à la majoritaire au Conseil d’Etat font souvent la course en solitaire. «Lors de mes premières campagnes, j’ai tout entendu, de la couleur de mon rouge à lèvres à la forme de mes mollets. Avec le temps, ça s’est calmé. J’encourage les femmes à aller au combat et ne pas se laisser déstabiliser par ces tentatives d’intimidation», souligne la ministre.
Pour la conseillère d'Etat Cesla Amarelle, l’exécutif est un monde difficile à concilier avec un engagement familial et qui favorise donc les hommes. «Ministre est un poste passionnant, où il faut savoir affronter les divergences d’opinion avec détermination. Pour des femmes socialisées dans une culture de conciliation et de médiation, s'imposer peut s’avérer difficile. Mais lorsqu'on a une majorité féminine à l'exécutif, comme dans le canton de Vaud, cela change la donne». Il manque toutefois encore de modèles comme Yvette Jaggi, souligne la socialiste.
Yvonne Schärli a été conseillère d’Etat à Lucerne pendant douze ans. Elle relève elle aussi l’écueil familial, un thème d’ailleurs récurrent lors des campagnes: «Souvent, on m’a demandé comment j’allais pouvoir assumer mon mandat avec mes trois enfants. Cette question n’a jamais été posée à un collègue masculin, qui en a quatre.»
Selon l’actuelle présidente de la Commission fédérale pour les questions féminines, qui mène une campagne dans les cantons pour la parité en vue des élections de 2019, c’est aux partis de faire pencher la balance: «Sachant les difficultés accrues rencontrées par les femmes dans leur parcours, ils doivent redoubler d’efforts pour leur offrir un soutien financier et humain plus important et les inscrire en bonne place sur les listes.»