Un appel lancé sur Facebook
En novembre 2017, profitant de la libérationde la parole insufflée

Sous représentation des femmes en politique
Ces femmes, âgées de 23 à 58 ans, tenteront donc de se faire élire à l’élection cantonale du 15 avril 2018 au Grand Conseil genevois, qui à l’instar de toutes les autres institutions politiques du pays, voit son taux de représentation féminine stagner, comme dans les exécutifs communaux où le taux n’excède pas les 25 % depuis une quinzaine d'années, selon une étude de l’Université de Lausanne. Et à l’échelle fédérale comme cantonale, les élues n’atteignent pas le tiers. D’ailleurs, le Parlement compte 26 députées sur 100. Et en novembre dernier, le peu de femmes représentées y dénonçaient un climat de sexisme pesant.Faut-il pour autant en venir à présenter une liste excluant les hommes ? Certain.es le lui reprochent déjà. Comme la députée au Grand Conseil, Anne Marie von Arx (Parti Démocrate Chrétien), qui l’accuse sur les ondes de la RTS de relancer « la guéguerre entre les femmes et les hommes ». Mais les mots sonnent comme une rengaine à l’heure où les chiffres viennent de tomber. Seulement un tiers des candidatures aux Grand Conseil émanent de femmes, soit 229 candidates contre 394 candidats.
Pourquoi la non-mixité ?
Une brève expérience dans le parti politique "SolidaritéS" (gauche anticapitaliste, écologiste et féministe, ndlr) avait fini aussi par la convaincre de lancer cette liste apolitique et non mixte. Elle goûte à d’insupportables séances de manterrupting (fait de couper systématiquement la parole aux femmes) et de mansplaining (situation où un homme explique à une femme ce qu’elle sait déjà de façon condescendante). Expérience qu'elle raconte encore, avec tout le poids de ces épreuves : « il y a toujours des hommes qui tentent de me donner des leçons de politique ou encore de m'expliquer ce qu’est le féminisme. »Un programme axé sur l'égalité femmes-hommes
Sans surprise, l’égalité entre les femmes et les hommes occupe une place centrale dans leur programme. Elles revendiquent, entre autres, la parité dans toutes les instances politiques et une égalité salariale dans les entreprises du canton.Un programme clairement orienté à gauche mais l’initiatrice de Laliste refuse cette étiquette car elle « ne se reconnaît plus dans le traditionnel clivage des partis ». Loin d’être une novice en politique, elle dit « s’interroger chaque jour, pour savoir ce que signifie aujoud'hui être à gauche ou à droite. »
Quoiqu’il en soit, il faudra aux 19 candidates atteindre 7 % du quorum pour remporter des sièges au Parlement. Une épreuve difficile ? « Pas plus que pour les autres listes » répond la cheffe de liste.
> Des féministes françaises en lice pour les élections européennes
Entretien avec Lorena Parini, professeure associée et directrice de l'Institut
des Etudes genre de l'Université de Genève.

Terriennes - En collaboration avec le Service de promotion de l’égalité du Canton de Genève, vous avez réalisé une recherche "Femmes et hommes dans les élections cantonales et de la Ville de Genève, où en sommes-nous ? " C’était en 2008, qu’avez-vous observé ? Y a-t-il eu des évolutions depuis ?
Lorena Parini - Nous avions observé que les partis de gauche et les Verts étaient plus actifs dans le recrutement de candidates sur leurs listes et que les partis de la droite traditionnelle ou de la droite populiste étaient moins actifs. Depuis, les discours sur la meilleure représentation des femmes au parlement se sont intensifiés mais les résultats ne sont pas toujours là, puisque actuellement il y a 26 femmes au parlement cantonal sur 100 député.e.s.
Comment expliquer la faible représentativité des femmes en politique dans une ville comme Genève ?
Lorena Parini - Les explications sont variées : tout d'abord il y a toujours la difficulté pour les femmes qui ont des enfants à dégager du temps pour la politique, puis il y a aussi le fait que la politique est encore largement un domaine masculin dans lequel les rapports de force sont assez violents et n'incitent pas les femmes à participer.
Que vous inspire cette initiative lancée par Manuela Honneger ? Peut-on défendre la parité et dans le même temps lancer une liste non-mixte ?
Lorena Parini - Ce n'est pas la première fois qu'à Genève de telles initiatives voient le jour. Le but de cette liste est de provoquer un petit choc auprès des partis traditionnels qui ont peur de perdre des sièges à cause de cette liste. Peut-être qu'à l'avenir, ils réfléchiront plus sérieusement à la composition de leurs listes.
Les partis sont-ils réticents à promouvoir des candidatures féminines comme l’explique Laliste ?
Lorena Parini - Comme je l'ai dit plus haut certains partis sont plus réticents que d'autres. Les Verts et Ensemble à Gauche ont défini une liste paritaire alors que le PS partis traditionnellement pro-femmes n'a pas atteint la parité sur sa liste pour ces élections. PDC et PLR présentent environ 30% de candidates et l'UDC et le MCG sont en dessous de 30%. Mais le mode de scrutin à Genève à la proportionnelle avec possibilité de biffer et panacher les listes ne garantit bien entendu pas aux femmes d'être élues, ni aux hommes d'ailleurs. Les résultats sont parfois très différents que la propositions sur la liste car avec le jeu des biffage et panachage cela peut changer considérablement.
Y a-t-il eu dans le passé une démarche similaire qui a porté ses fruits en Suisse ?
Lorena Parini - Il y a eu, en effet, par le passé une liste femmes au PS qui avait permis de porter au Parlement une nouvelle génération de femmes politiques.
Egalité salariale, la Suisse peut aussi attendre...
D'ici là, les femmes auront peut-être avancé sur le front de l'agalité salariale. Le 28 février 2018, alors que la loi sur ce sujet devait être débattue, les Suissesses apprenaient qu'elles devraient encore attendre un moment avant que le parlement fédéral ne décide de mesures concrètes pour faire reculer la discrimination salariale avec les hommes. Le Conseil des États venait de réussir l’exploit d’entrer en matière sur un projet très attendu et de le renvoyer immédiatement en commission car jugé insatisfaisant. #yaduboulot !
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Suivez Lynda Zerouk sur Twitter : @lylyzerouk