Fil d'Ariane
1926 est une année difficile pour Agatha : son mari, séduit par une autre femme, réclame le divorce, et sa mère adorée, Clara, décède. Agatha disparaît alors pendant 11 jours, 11 jours pendant lesquels on ne saura jamais où elle est allée ni ce qu’elle a fait. Un mystère jamais éclairci sur la reine du mystère…
L'Orient Express fut le train de ma vie
Archibald obtient le divorce en 1928 et Agatha décide de commencer une nouvelle vie en montant à bord d’un train mythique qui l’a toujours fascinée et attirée, l’Orient Express. « Le train de ma vie » dira-t-elle...
C’est au cours de ce voyage à bord de l’Orient Express qu’elle met le pied en Irak, à Ur plus exactement, nom mésopotamien pour l’actuelle Tell al-Muqayyar, où elle rencontre un célèbre archéologue britannique Leonard Wooley et sa femme, et se découvre une réelle passion pour l’archéologie.
Agatha revient à Ur en 1930 et c’est là qu’elle rencontre l’assistant de Leonard Wooley, un jeune archéologue du nom de Max Mallowan, de 14 ans son cadet. Max et Agatha succombent l’un à l’autre, non sans réticence du côté de l’écrivaine étant donné leur différence d’âge. Mais l’amour est plus fort et il va durer, tout comme la passion pour l’archéologie : pendant 30 ans, Agatha va suivre Max sur ses chantiers de fouilles, en Irak, puis en Syrie.
Elle est son assistante : elle nettoie, enregistre, filme, photographie, filtre, documente toutes les découvertes de son mari dont plusieurs feront marque d’ailleurs dans le domaine. Plusieurs des artefacts mis au jour lors de ces fouilles sont présentés dans cette exposition. Et certains de ces sites, classés patrimoine mondial de l’humanité, ont depuis été détruits par le Groupe Etat islamique, dans leur frénésie à effacer les traces pré-islamiques…
Agatha est fascinée par le désert et ces civilisations de la Mésopotamie, sources inépuisables d’inspiration pour ses romans qu’elle continue à écrire sur un rythme soutenu. Elle invente ainsi un nouveau genre littéraire, le roman policier historique : « Meurtre en Mésopotamie », « Meurtre sur le Nil », « Rendez-vous à Bagdad », « Rendez-vous avec la mort », autant de best-sellers.
66 romans policiers, 6 autres romans sous le nom de plume de Mary Westmacott, 18 pièces de théâtre, 150 nouvelles et 2 livres de souvenirs : Agatha Christie est l’auteure la plus traduite dans le monde (plus de 100 langues) et l’une des plus lues également (plus de 2 milliards d’exemplaires). Et elle est, bien sûr, la créatrice de l’inénarrable Hercule Poirot et de la très « British » Miss Marple, ses détectives fétiches.
Elle a été présidente de 1957 à 1976, soit jusqu’à sa mort, du « Detection club », une association très sélecte d’auteurs de polars qui devaient jurer allégeance en prêtant serment sur un crâne humain prénommé Éric, et éclairé de l’intérieur par une bougie. Les membres du Detection Club devaient s’engager à respecter des règles précises dans leurs romans, comme faire apparaître l’assassin dans les premières pages et donner tous les indices pour permettre au lecteur de l’identifier.
Chaque année, son éditeur demandait un nouveau roman à Agatha: « A Christie for Christmas » (Un Christie pour Noël) lui disait-il. Et elle livrait la marchandise…
Émouvant de découvrir ces carnets de notes dans laquelle elle concevait les intrigues et les personnages de ces romans, ainsi que ces exemplaires dédicacés à sa fille Rosalind ou des éditions originales de ses livres. Émouvant également de rencontrer la machine à écrire fétiche de l’auteure, une Remington 1937, pièce maîtresse de la collection privée de son petit-fils Mathew qui est venu à Montréal inaugurer cette exposition. On y voit également son fauteuil préféré, un de ses services à thé et son piano. Agatha Christie était d’ailleurs férue de décoration intérieure.
La Reine la fera « Dame commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique » alors qu’elle a 80 ans. Un honneur auquel elle rêvait depuis des années. Agatha s’éteindra en douceur 5 ans plus tard, en janvier 1976… Max la suivra deux ans plus tard…
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A regarder, les coulisses de l'exposition "Sur les traces d'Agatha Christie"