Surendettement : les femmes sont les plus touchées

Voilà une bonne nouvelle qui en cache une mauvaise. Malgré les craintes liées à la crise du Covid, le surendettement est en baisse en France. Mais pas pour tout le monde : si on est une femme, d'autant plus à la tête d'une famille monoparentale, les fins de mois sont devenues encore plus difficiles depuis mars 2020. En cause : des salaires qui restent inférieurs à ceux des hommes. 
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Les femmes seules ou avec un enfant à charge sont encore les plus touchées par le surendettement, selon un rapport de la Banque de France publié en février 2022.
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Les femmes seules ou avec un enfant à charge sont encore les plus touchées par le surendettement, malgré la baisse du nombre de dossiers parmi les Français. C'est ce que montre une enquête publiée par la Banque de France, lundi 7 février. Les mamans solo ou femmes solo tout court représentent 54% des personnes surendettées entre 25 et 54 ans.

Pourquoi ? Selon l'institution, cette majorité de femmes s'explique par des rémunérations inférieures à celles des hommes, et le plus grand nombre de mères en situation monoparentale. L'enquête, qui s'intéresse plus largement aux caractéristiques des personnes surendettées, rappelle que plus de la moitié d'entre elles sont séparées, célibataires ou veuves, hommes et femmes confondues. Plus d'un quart sont également au chômage.

Pour Jean-Louis Kiehl, président de la Fondation Cresus, invité sur France Inter, "Les femmes sont plus représentées dans les dossiers de surendettement, non pas parce qu'elles ne maitrisent pas leur budget, mais parce qu'elles se retrouvent parfois seules, avec des enfants à élever. La crise a aussi amené des séparations, créant un trouble psychologique dans les ménages. Les femmes sont abandonnées, les pensions alimentaires n'arrivent pas. (...) Le divorce, la maladie, tout cela, ce sont des causes de surendettement. "

Un surendettement en baisse, mais pas pour les femmes

Au total, le nombre de dossiers de surendettement déposés l'an dernier a cependant baissé de 15% par rapport à 2019, avec 120 968 dossiers. L'endettement global des ménages surendettés est aussi en baisse, à 4,9 milliards d'euros en 2021, soit 1,2 milliard d'euros de moins qu'en 2019. 

"La crise sanitaire n'a pas remis en cause la tendance à la baisse du surendettement que l'on constate depuis 2015", se félicite la Banque de France, même si elle constate "une petite hausse des dépôts de dossiers de surendettement des personnes jeunes" entre 18 et 32 ans.

La région la plus touchée est de loin les Hauts-de-France : les cinq départements remontent chacun plus de 250 dossiers pour 100 000 habitants, contre 225 en moyenne en France.

Selon les chiffres de l'Insee en mai 2021, quelque 1,9 million de personnes sont en situation de "grande pauvreté" en France, vivant avec moins de 930 euros par mois pour une personne seule et subissant de nombreuses "privations matérielles et sociales".

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©Banque de France

Toujours plus de familles monoparentales 

Deux ans avant la crise Covid, en 2018, le Centre d'observation de la société estimait déjà que la situation était particulièrement difficile pour les mères seules qui ne sont ni en emploi, ni au chômage. La moitié d’entre elles vivent avec moins que le seuil de pauvreté (846 pour une personne seule au seuil à 50 %). Pas moins de 560.000 femmes sont concernées. 

La part de familles monoparentales est passée de 9,4 à 24 % de l’ensemble des familles entre 1975 et 2017, selon l’Insee. Au total, on compte plus de deux millions de familles de ce type qui rassemblent environ 3,5 millions de personnes, parents et enfants compris. Dans 82 % des cas elles sont formées d’une mère avec ses enfants.
 
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©Centre d observation de la societe

La progression de la monoparentalité est principalement la conséquence de l’augmentation des ruptures de couples qu’ils soient mariés ou non. Choisi ou subi, ce mode de vie pose des difficultés d’organisation et entraîne une baisse notable de niveau de vie.

Il constitue l’une des premières causes de pauvreté. Le niveau de vie moyen par personne au sein des familles monoparentales est inférieur d’un tiers à la moyenne des autres familles, constate le centre d'Observation de la société.