Fil d'Ariane
Le concept n'est pas nouveau mais fait beaucoup de bruit sur les réseaux en cette période estivale. Brandy Melville, marque italienne qui connaît un grand succès aux Etats-Unis, et surtout sur la côte ouest, a été la première à lancer sa ligne Taille unique.
La marque, adulée par les jeunes-filles, s'appuie sur ce principe tout simplement scandaleux. Mais que ne ferait-on pas pour vendre du chiffon, du "one size fits all", littéralement, une taille convient à toutes. Elle ne propose donc pas de vêtements au delà du 36.
Voilà donc sa vision de la norme… Partagée depuis par l'enseigne American Eagle qui a aussi lancé sa marque destinée aux ados "Don't ask why" (ne demandez pas pourquoi). Une politique qui rappelle le "fat-shaming" qui consiste à délibérément mépriser les personnes en surpoids.
Depuis ce dimanche 12 juillet, une campagne sur Twitter appelle au boycott de la marque.
Bc fat shaming CAN'T be legal in 2015 #BoycottBrandyMelville
— Taleen (@taleen_salman) July 12, 2015
"Parce que le mépris des personnes en surpoids ne peut pas être légal en 2015"
En 2014, une autre chaîne de vêtements, Abercrombie and Fitch, avait du fermer nombre de ses magasins après avoir vu ses ventes dangereusement fondre, quand elle a annoncé ne plus produire de vêtements dépassant la taille 40. Son PDG, Mike Jeffries avait tout simplement déclaré qu'"il ne souhaitait voir que des personnes minces et belles arpenter les rayons de ses boutiques".
Quand on sait que ces marques destinées aux ados jouent leur carte marketing sur leur cote d'amour sur les réseaux, la mobilisation des internautes peut donc jouer son rôle dans le bon ou mauvais sens d'ailleurs…
D'autres marques par le passé ont tenté l'option inverse en produisant des collections destinées aux "rondes" et en exposant dans ses magasins des mannequins "réalistes" aux mensurations normales. Exemple avec la marque suédoise H&M et sa collection "H et M +" en janvier 2014.
Sauf que, pour sa campagne de pub, la marque avait sélectionné des mannequins bien plus minces que celles auxquelles s'adressait cette ligne. Ce qui avait alors à l'époque aussi suscité une violente polémique en Suède.
Le corps des femmes est depuis toujours le théâtre de violentes batailles. On a toujours cherché à le contrôler, à l'instrumentaliser, et derrière ce "on" se cache bien des oppresseurs. Que les femmes en disposent comme elles le souhaitent, sur le plan sexuel ou esthétique, aujourd'hui il devient aussi l'enjeu de marchés économiques gigantesques que les plus jeunes "consommatrices" risquent de payer au prix fort.
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