Taille unique, nouvelle dictature des ados ?

Des marques de vêtements américaines dont les ados raffolent, créent la polémique après avoir lancé des lignes de vêtements baptisées : "taille unique pour toutes". Pour toutes vraiment ?
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mode fille
Les marques de vêtements américaines se lancent dans des collections à taille unique en direction principalement des adolescentes.
©Thinkstock/ JackF
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On avait suivi avec inquiétude courant 2013 cette tendance sur la Toile, où les adolescentes cherchaient, en s'affamant, à obtenir le "Thigh gap" parfait, autrement dit l'entre-jambes le plus grand possible, symbole selon elles de la magnificence, encouragées il faut bien le dire par les starlettes et mannequins en plein concours de maigreur…

Voici donc maintenant qu'on cherche à imposer à nos ados une nouvelle dictature morphologique. La Taille Unique… Autrement dit le Graal de la beauté suprême, la taille qui ferait que chaque jeune fille soit totalement uniformisée avec des mensurations qui oscilleraient entre le 34 et le 36 !

Les + 36 peuvent se rhabiller … ailleurs

Le concept n'est pas nouveau mais fait beaucoup de bruit sur les réseaux en cette période estivale. Brandy Melville, marque italienne qui connaît un grand succès aux Etats-Unis, et surtout sur la côte ouest, a été la première à lancer sa ligne Taille unique.

La marque, adulée par les jeunes-filles, s'appuie sur ce principe tout simplement scandaleux. Mais que ne ferait-on pas pour vendre du chiffon, du "one size fits all", littéralement, une taille convient à toutes. Elle ne propose donc pas de vêtements au delà du 36.

american eagle
La marque américaine American eagle a lancé sa propre ligne de vêtement en taille unique "don't ask why"
©American eagle

Voilà donc sa vision de la norme… Partagée depuis par l'enseigne American Eagle qui a aussi lancé sa marque destinée aux ados "Don't ask why" (ne demandez pas pourquoi). Une politique qui rappelle le "fat-shaming" qui consiste à délibérément mépriser les personnes en surpoids.

#BoycottBrandyMelville

Depuis ce dimanche 12 juillet, une campagne sur Twitter appelle au boycott de la marque.

"Parce que le mépris des personnes en surpoids ne peut pas être légal en 2015"

En 2014, une autre chaîne de vêtements, Abercrombie and Fitch, avait du fermer nombre de ses magasins après avoir vu ses ventes dangereusement fondre, quand elle a annoncé ne plus produire de vêtements dépassant la taille 40. Son PDG, Mike Jeffries avait tout simplement déclaré qu'"il ne souhaitait voir que des personnes minces et belles arpenter les rayons de ses boutiques".
 
Quand on sait que ces marques destinées aux ados jouent leur carte marketing sur leur cote d'amour sur les réseaux, la mobilisation des internautes peut donc jouer son rôle dans le bon ou mauvais sens d'ailleurs… 

Des collections taille "normale"?

D'autres marques par le passé ont tenté l'option inverse en produisant des collections destinées aux "rondes" et en exposant dans ses magasins des mannequins "réalistes" aux mensurations normales. Exemple avec la marque suédoise H&M et sa collection "H et M +" en janvier 2014.

mannequin réaliste
Les mannequins "réalistes" de la marque H&M.
©DR

Sauf que, pour sa campagne de pub, la marque avait sélectionné des mannequins bien plus minces que celles auxquelles s'adressait cette ligne. Ce qui avait alors à l'époque aussi suscité une violente polémique en Suède. 

Le corps des femmes, éternel lieu de combat

Le corps des femmes est depuis toujours le théâtre de violentes batailles. On a toujours cherché à le contrôler, à l'instrumentaliser, et derrière ce "on" se cache bien des oppresseurs. Que les femmes en disposent comme elles le souhaitent, sur le plan sexuel ou esthétique, aujourd'hui il devient aussi l'enjeu de marchés économiques gigantesques que les plus jeunes "consommatrices" risquent de payer au prix fort.