Ce constat est trivial. Il est aussi révélateur d'un problème plus global dans le secteur économique que représente les start-ups technologiques.
Les femmes cantonnées aux fonctions "support"
En 2017, seulement 9% des start-ups étaient dirigées par des femmes, d'après une analyse du cabinet EY. Et seules 33% des salariées de ces entreprises du numérique sont des femmes, selon une étude de Syntec Numérique datant de 2016, essentiellement, en outre, dans des fonctions dites "support", telle les ressources humaines, l'administration ou la communication.► Start up, économie numérique, nouvelles technologies : genre féminin invisible ?
Claude Terosier, fondatrice de Magic Makers
Parmi elles, la fondatrice de Magic Makers. Avec sa start-up, Claude Terosier propose des cours de code informatique pour les enfants. Une manière, selon elle, de développer leur esprit créatif. "On leur donne la possibilité de construire leurs propres jeux vidéos, de construire des robots, de les programmer, raconte-t-elle. L'enjeu est qu'ils se rendent compte que ce qu'ils utilisent, ce n'est pas magique, ce sont des choses qui ont été fabriquées par des hommes et des femmes. "
Une "école" du numérique largement ouverte aux petites filles. Et pourtant, la fréquentation reste à 70% masculine : "On voit que spontanément les parents vont plutôt inscrire les garçons, comme ils offrent plus de Lego aux garçons et des poupées aux filles, ce sont des stéréotypes inconscients qu'il faut changer".
► Voir le témoignage de Claude Terosier, fondatrice de Magic Makers :
Autre militante, en France, de la présence des femmes dans le secteur des nouvelles technologies, Mathilde de l'Ecotais. Avec le chef cuisinier Thierry Marx, cette réalisatrice a lancé une formation gratuite aux métiers de l'image culinaire. Les stagiaires, de 18 à 28 ans, souvent en échec scolaire ou éloignés de l'emploi, apprennent à devenir photographe ou vidéaste pour les réseaux sociaux, spécialisés dans l'alimentaire et la restauration.
Mathilde de l'Ecotais co-fondatrice de Media Social Food
Media Social Food a lancé sa formation à la rentrée 2018. La première promotion comptait six femmes pour deux hommes parmi ses élèves. "On est assez fières de cela, se réjouit Mathilde de l'Ecotais. On l'a fait plus naturellement qu'en cherchant des quotas, certainement parce que, comme je suis une femme, je me suis bagarrée toute ma vie pour arriver là où je suis. Et j'ai pu constater, assez tard, que c'était plus compliqué pour les femmes d'être dans le silo et de se faire entendre."
► Voir le témoignage de Mathilde de l'Ecotais, fondatrice de Media Social Food :
Les initiatives en matière de présence féminine dans la "tech" ne sont pas qu'individuelles. Certaines entreprises ont compris l'intérêt que pouvait leur apporter ce combat, aussi bien en matière de fonctionnement interne que d'image de marque.
Le groupe français La Poste s'est engagé, notamment, dans une série de conférences. La première de ces "Rencontres des Femmes du Numérique" avait lieu précisément à Las Vegas, à l'occasion du CES 2019.
Une machine misogyne ?
Les intervenantes ont raconté leur manière de lutter en faveur de l'intégration de codeuses et autres informaticiennes dans les métiers des nouvelles technologies.Elles ont aussi souligné les risques engendrés par la sous-représentation des femmes dans le numérique. Notamment la reproduction de certains biais sexistes : la programmation des futures applications d'intelligence artificielle, si elle n'est faite que par des hommes, ne fera que perpétuer un sexisme aujourd'hui uniquement véhiculé par l'être humain. La machine elle-même pourrait devenir misogyne.
Plus largement, à l'été 2018, un collectif regroupant 45 associations et 42 entreprises (parmi lesquelles La Poste mais aussi AccorHotels, Orange ou Air France-KLM) a été lancé. "Femmes@Numérique" se promet d'investir un million d'euros sur cinq ans pour financer des projets en faveur de la mixité. Un montant relativement faible mais l'initiative est également soutenue par l'Etat français et même l'Education nationale. Une manière de prendre le problème à la racine.
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