Tour de France Femmes : du plat pays aux sommets des Alpes

Le 12 août 2024 s'élance la troisième édition du Tour de France Femmes. Au grand départ de Rotterdam, aux Pays-Bas, elle rassemble un peloton de 154 coureuses venues du monde entier.

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TDFF
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À l'image de l'intérêt croissant pour le cyclisme féminin, le Tour de France Femmes franchit un nouveau cap cette année avec un premier "grand départ" depuis l'étranger. Après Paris et Clermont-Ferrand, c'est depuis Rotterdam, aux Pays-Bas, que s'élancera la troisième édition de la plus grande course cycliste féminine au monde. Un événement que les Néerlandais.es, pour qui le cyclisme est souvent une seconde nature, attendent de pied ferme. 

Rotterdam

A J-100, dès avril 2024, Rotterdam se préparait déjà au grand départ du TDFF-2024.

A.S.O./Billy Ceusters

En 2022, la première édition du Tour de France Femmes avait été remportée par l'enfant du pays Annemiek van Vleuten, après un formidable succès médiatique : près de 50% de part d’audience en moyenne sur la chaîne nationale NOS. Parmi les trente nationalités représentées dans le peloton en 2024, pour 27 l'an dernier, les Néerlandaises sont les plus nombreuses, avec 32 ressortissantes sur la liste des engagées, devant 19 Italiennes et 16 Françaises – des records de participation.

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Ce "grand départ" est aussi organisé par les villes de La Haye et Dordrecht, qui accueilleront respectivement l'arrivée de la première étape et le départ de la deuxième. Les concurrentes mettent ensuite le cap sur l'Alpe-d'Huez, où se disputera le maillot jaune le 18 août. Comme en 2022 et 2023, l’épreuve est retransmise en direct sur France Télévisions et diffusée dans 190 pays.

carte TDFF2024

@LeTour

Ce plat pays qui est le leur

En terrain connu et conquis pour ce grand départ des Pays-Bas, Demi Vollering est, cette année encore, la grande favorite. 

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Deuxième en 2022 derrière sa compatriote et désormais retraitée Annemiek van Vleuten, puis vainqueure l'an passé, elle doit néanmoins maintenir à distance les autres stars néerlandaises que sont les sprinteuses Lorena Wiebes, Marianne Vos et Charlotte Kool. Déjà victorieuse 18 fois cette saison, Lorena Wiebes était la première à s'habiller de jaune aux Champs-Elysées en 2022 avant de passer la tunique Marianne Vos, médaillée d'argent aux JO de Paris. Le peuple oranje pourra compter aussi sur la pointe de vitesse de Charlotte Kool.

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Dans la roue

La concurrence s'annonce rude et dense avec la grimpeuse italienne Gaia Realini. L'autre italienne Elisa Longo Borghini, l'une des favorites de l'épreuve, déclare forfait la veille du départ : "Je ne serai malheureusement pas au départ du Tour de France femmes 2024 à cause des conséquences d'une chute à l'entraînement. Pas de fractures, mais j'ai laissé beaucoup de peau sur la route et je ne peux pas monter sur mon vélo. Je suis déçue de ne pas être aux côtés de mes coéquipières pour me battre pour un grand Tour. Bonne chance les filles !"

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Troisième des deux premières éditions du Tour de France Femmes, Katarzyna Niewadoma a remporté La Flèche Wallonne Femmes en avril 2024. La Polonaise sera épaulée par la prometteuse Australienne Neve Bradbury, troisième du Giro. 

Ces Françaises qui visent haut 

Pour la championne de France Juliette Labous, un podium "serait la suite logique" de sa progression. Elle s'était classée quatrième en 2022, cinquième l'an passé (après un jour "sans" lors de la première étape). Cinquième du Giro, quatrième de la Vuelta, la championne de France "veut faire mieux encore au Tour". Le parcours exigeant – "Plus c'est difficile, mieux c'est pour moi" – devrait lui convenir. A 25 ans, la native de Besançon sait frotter, donc les premières étapes, annoncées nerveuses, ne lui font pas peur. Mais elle attend surtout les principales difficultés pour faire la différence.

Sa motivation sera décuplée lors de la sixième étape entre Remiremont et Morteau, elle qui est licenciée au VC Morteau-Montbenoit. A cette occasion, un "virage Juliette Labous" sera mis en place dans la Côte des Fins, à un peu moins de 20 km de l’arrivée, où des centaines de fans sont attendus pour la pousser vers la victoire. "C’est vraiment exceptionnel, je n'ai jamais eu ça, ça va être vraiment magnifique et ça va me donner beaucoup de force", s’est-elle enthousiasmée.

Juliette Labous

Juliette Labous, le 22 juillet 2023 à Clermont-Ferrand, au grand départ du Tour de France femmes 2023.


 

A.S.O./Jennifer Lindini

Evita Muzic "redoute les deux premières étapes". Et pour cause, la Franc-Comtoise n'aime guère frotter même si elle "a progressé dans (son) positionnement". Mais une fois ces étapes plates et nerveuses "passées sans encombre", espère-t-elle, "alors tout sera possible. Ce sont les jambes qui parleront". Et les jambes semblent plutôt bonnes après une début de saison réussi. Elle a particulièrement marqué les esprits lors de la Vuelta, où elle avait battu à la pédale Demi Vollering sur une étape de montagne. "Si j'ai réussi à la battre une fois, je pense être capable de le refaire", assure la coureuse qui ambitionne "un top 5, voire un podium", un an après avoir été contrainte à l'abandon lors de la cinquième étape.

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Quant à la Bretonne de 23 ans Cédrine Kerbaol, douzième et maillot blanc l'année dernière, elle arrive "sans pression, mais pas sans ambition" au départ de son deuxième Tour : "Je veux jouer un bon classement général et pourquoi pas tenter ma chance sur l'une ou l'autre étape", dit-elle, "déçue" de ne pas avoir été reprise pour les JO, et un peu sur sa faim après un début de saison "mitigé". Elle dit toutefois avoit "gagné en confiance" après sa performance de 2023 : "Je progresse pas à pas. Je ne suis pas encore au niveau des dix meilleures mondiales mais je me suis bien préparée".

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Championnes olympiques au rendez-vous

Respectivement couronnées d'or sur le chrono et la course en ligne des JO de Paris, l'Australienne Grace Brown et l'Américaine Kristen Faulkner seront au rendez-vous du TDFF-2024, tout comme la championne d'Europe Brischa Bredewold. Il ne manque que deux coureuses du top 20 mondial, Lotte Kopecky et Chiara Consonni, retenues par les épreuves olympiques sur piste. 

Quant à la championne olympique de VTT Pauline Ferrand-Prévot, elle a annoncé la couleur : "Le cyclisme féminin (sur route) a fait un long chemin depuis que je l'ai quitté... Avec le soutien de mon équipe, je suis certaine de pouvoir faire de grandes choses, et je suis très motivée. Je veux gagner le Tour de France femmes".

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Elles arrivent !

L’opération “Elles arrivent !” permet à quarante-huit cyclistes de 13 à 16 ans, sélectionnées par la Fédération Française de Cyclisme, de rouler sur le tracé des étapes quelques heures avant le passage des championnes. Frissons garantis, apprentissage aussi : les sorties encadrées par les équipes techniques de la FFC sont autant d'occasions pour ces talents en herbe de s’enrichir de précieux conseils. Elles pourront s'imprégner de l'univers des championnes et découvrir les coulisses du Tour en visitant le bus d’une équipe professionnelle, échanger avec des personnalités du monde du cyclisme, visiter les cars-régies de France Télévisions et assister au briefing d’avant-course. Elles monteront aussi sur le podium réservé aux vainqueures d’étapes. L'expérience a déjà connu un franc succès l'an passé pour son année d'expérimentation. 

(Re)lire dans Terriennes → Tour de France Femmes : "Elles arrivent" dans la roue des championnes 

Les participantes sont réparties en deux groupes. Le premier viendra assister au départ et à l'arrivée de la 2e étape, mardi 13 août, avant de se mettre en selle dès l'après-midi pour effectuer le même contre-la-montre que les pros dans les rues de Rotterdam. Elles rouleront ensuite sur une partie des 4e et 5e étapes avant de laisser leur place au deuxième groupe de 24 jeunes cyclistes, qui évolueront sur le tracé des 6e , 7e et 8e étapes. Ces dernières graviront donc l'Alpe d'Huez, l'ultime défi de ce Tour de France Femmes, avec une arrivée prévue une heure avant les grandes.

"C'est l'étape n°8 que j'attends le plus, s'impatiente Camille Ledoux, membre de la Roche-sur-Yon Vendée Cyclisme et grande admiratrice de Kasia Niewiadoma. Je n'ai jamais monté l'Alpe d'Huez et cela me donne envie de vivre de belles émotions, comme les pros." Julie Maroni, elle, se languit de la 4e étape entre Valkenburg et Liège. "La dernière bosse à 11% (La Roche-aux-Faucons) me donne très envie et j'ai hâte de voir les pros la passer", confie la Francilienne licenciée à l'AC Orsay, fan de Pauline Ferrand-Prévot et de Victoire Berteau. 

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