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Au cours des dernières années, il y a eu plusieurs témoignages dans les médias d'agressions sexuelles en avion. Certains incidents récents impliquent des adolescentes. D'autres, des femmes célèbres comme Randi Zuckerberg, la sœur du PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, et l'actrice Anika Noni Rose.
Les deux femmes ont récemment raconté leurs mésaventures. Mais on ne sait pas exactement à quelle fréquence tout cela se produit car aucun organisme fédéral ne recueille de données sur le harcèlement sexuel ou les agressions aériennes.
Le mode opératoire des agressions est sensiblement toujours le même.
L'agression a lieu la nuit, lors de vols longs courrier. La passagère s'assoupit, parfois après la prise d'un tranquillisant. Elle reprend peu à peu conscience, dans un demi- sommeil parce qu'elle sent indisposée, troublée, avec la certitude de plus en plus affirmée qu'elle est victime d'un comportement anormal sur sa personne. Son état de confusion se dissipe quand elle réalise tout à coup la situation : un homme a les mains sur elle.
Allison Dvaladze, une américaine, a été agressée sexuellement lors d’un voyage en avion entre Seattle et Amsterdam. C'était en 2016. Elle a crée une page Facebook pour raconter son histoire et recueillir les témoignages sur ces agressions.
Lors du vol, raconte-t-elle sur CNN,"J'ai senti une main dans mon entrejambe, et j'ai réalisé que c'était l'homme à côté de moi. Je l'ai giflé tout de suite, crié "non", sans même penser."
Ce qui ne décourage pas son agresseur.
Nouvelle main déplacée de sa part et nouvelle giffle assenée.
Rien n'y fait.
Excédée, appeurée, elle déboucle sa ceinture de sécurité et court à l'arrière de l'appareil où elle raconte l'agression à l'équipage. "Je crois qu'ils faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour me réconforter, mais il était évident qu'il n'y avait pas de procédure claire pour ce qu'ils devraient faire. Ils m'ont demandé ce que je voulais qu'ils fassent, et à ce moment-là, je ne pouvais penser à rien sauf à vouloir quitter l'avion."
Difficile à 10.000 mètre d'altitude....
On finit par la changer de place.
Une fois arrivé à destination, à l'aéroport d'Amsterdam, l'agresseur quitte l'appareil sans problème. Allison Dvaladze envoie un mail à Delta Airlines, la compagnie de transport, pour témoigner de cette violence. La compagnie lui répond un mois plus tard. Elle lui offre un bonus de 10000 miles sur sa carte grand-voyageur. Un "geste de bonne volonté"...
Mike Adams a servi comme agent du FBI pendant 26 ans, dont près de 5 ans à l'aéroport international de Seattle. Il affirme avoir vu au moins un de ces cas d'agression tous les mois. Il a expliqué au Seattle Times qu’il est difficile d’obtenir des preuves de ces attaques. " Lorsque les lumières sont baissées, que personne ne regarde, c’est très difficile à prouver, d’avoir des témoins. La plupart du temps, les passagers voisins ne voient rien. C’est compliqué d’observer quoi que ce soit depuis un siège près du hublot. Toutes les femmes ne vont pas le signaler immédiatement parce que c’est terriblement choquant. Elles restent stupéfaites. Et si elles le rapportent au personnel de bord, les agents ne savent pas toujours quoi faire. Il m’est arrivé d’observer des réponses complètement incohérentes de la part de l’équipage. Les gens doivent comprendre que ces femmes ont besoin d'être entendues, et qu'il faut les croire " Mais à quoi attribue-t-il ce sentiment d'impunité ? "La résolution de ces types de crimes est très difficile. Vous avez besoin de faits, de circonstances et de preuves hors de tout doute raisonnable pour condamner quelqu'un. "
Que faire en cas d'agression ? Dans la mesure du possible, il est recommandé de filmer l'agresseur ou de provoquer carrément un scandale afin que la peur change de camp.
" Nous avons des protocoles généraux pour les agressions en vol, mais il y a très peu de formations et de protocoles spécifiques" assure Sara Nelson, présidente de l’AFA, principal syndicat aérien américain qui représente les hôtesses et les stewards.
Elle confiait à CNN : " Pendant mes 22 ans en tant qu'agent de vol, je n'ai jamais pris part à une conversation - en formation ou autre - sur la façon de traiter le harcèlement sexuel ou agression sexuelle pendant un vol."
Dans une enquête très fouillée parue en août 2016 sur le site américain Slate, un chiffre donne le vertige : sur 2 000 membres d’équipage, 1 sur 5 déclare avoir traité des plaintes pour des agressions sexuelles lors des vols. Et dans moins de la moitié des cas, les autorités au sol ont été prévenues. Le ou les agresseurs ont pu quitter l'appareil et l'aéroport sans difficulté.
Il appartient au commandant de bord de signaler les faits aux autorités locales. Insuffisant pour Sara Nelson : "Il faudrait qu’il y ait des procédures de signalement normalisées dans tout le secteur aéronautique. Dans la plupart des cas, à mon avis, il faut que les forces de l’ordre soient présentes à la descente de l’avion. Mais comme nous n’avons aucune directive standard, il est bien possible que cela ne soit pas toujours les cas."