Prendre les pères en compte Teresa estime cependant que ces idées ont évolué depuis une dizaine d’années. "Je pense à une amie orthophoniste. Quand elle a commencé à travailler, pas mal d’enfants venaient en consultation le matin, puisque leurs mamans qui ne travaillaient pas pouvaient les y conduire. Depuis huit ou dix ans, il y en a beaucoup moins. Car les mères travaillent." Pour elle, la reprise d’une activité professionnelle est plus ou moins aisée selon le métier exercé : "Dans les grandes entreprises, il n’y a pas trop de problèmes. Et mes copines qui sont profs retrouvent facilement leur poste car elles peuvent le faire à mi-temps." Jenny Schlüpmann vit à Berlin. Elle a également pu bénéficier d'un travail à mi-temps à la naissance de ses deux enfants, aujourd'hui âgés de 11 et 16 ans. "Je suis physicienne, mais à l'époque je travaillais comme assistante d'un vice-président d'université. Ce travail universitaire rendait l'aménagement du temps de travail plus facile." Mais quand elle a eu l'occasion d'augmenter son temps de travail, elle ne l'a pas fait tout de suite. "Je voulais passer du temps avec les enfants. C'est un choix personnel, ce d'autant plus que mon salaire suffisait comme ça, ce qui n'est pas le cas pour tout le monde." Pendant la première année de leur aîné, son mari est lui aussi passé à mi-temps. Comme ça, chacun s'occupait à tour de rôle de l'enfant. Au bout d'un an, ils ont pu le placer en crèche. Pour les auteurs de l’étude du BIB, il faut prendre en compte ce rôle joué par le père dans l’éducation du petit enfant. 73% des personnes interrogées sur cette question estiment qu’un père est aussi apte qu’une mère à l'élever. Comparé à la France (89%) ou la Belgique (82%, ce taux reste assez faible. Dans ces deux pays, souligne l’étude, "l’activité professionnelle de la mère est également mieux acceptée." Mais qui dit activité professionnelle des parents, dit aussi garde d’enfant. Teresa et son mari ont trouvé une crèche, non sans difficulté. Ils attendent de voir ce que donnera l’application à l’été 2013 d’une nouvelle loi octroyant une
place en accueil de jour à chaque enfant âgé de 1 à 3 ans. Parallèlement, une allocation supplémentaire destinée aux mères qui souhaitent rester à la maison pour élever leurs enfants doit être instaurée. "On construit beaucoup de crèches en ce moment, mais il n’est pas sûr qu’il y en aura assez, relate la jeune mère. En plus la plupart ferment à 16h. Je n’ai jamais entendu parler d’exemple de crèche ouverte jusqu’à 20h comme en France. Elles le sont tout au plus jusqu’à 17h." A Berlin, Jenny Schlupmann se souvient de crèches aux horaires plus souples, notamment dans les hôpitaux pour accueillir les enfants d'infirmières travaillant la nuit.