Excisées en France
La plus grande réussite de ce trio de choc touche à la sexualité des femmes, à l'excision et autres mutilations sexuelles pratiquées même en Europe, en France ou au Royaume Uni par exemple. Linda Weil-Curiel a donc revêtu sa robe d'avocate en se portant partie civile contre les actrices de l'excision en France, les mères qui envoient leurs petites filles se faire mutiler, les exciseuses qui les mutilent. Provoquant la polémique, elle est parvenue à force de plaidoiries dans de retentissants procès à faire condamner ces femmes, considérées alors plus comme des victimes, en particulier les mères enfermées dans leurs traditions, que comme des coupables.
Vingt ans après les premières procédures, le débat reste ouvert sur la meilleure stratégie, entre lois coercitives, éducation, persuasion, pour en finir avec ces pratiques déchirantes en Afrique ou en Asie - sans doute tout cela à la fois, comme le montrent les Afars en Ethipopie. Mais dans les pays d'immigration, de plus en plus de voix rejoignent celles de la Ligue du droit international des femmes, jusque dans la très communautariste Grande Bretagne. Linda Weil Curiel est aujourd'hui partout consultée en Europe pour mettre en place de nouvelles législations. D'anciennes "matrones" praticiennes et des mamans désemparées, condamnées, sont devenues ses amies, avec lesquelles elle a écrit des livres et parcouru le monde.
Interruption volontaire de grossesse
L'Europe, elles la mobilisent encore, sur un autre front, alors qu'elles ne pensaient plus devoir le faire : le droit à l'avortement, qu'elles voudraient voir inscrit en lettres capitales dans la Charte européenne des droits fondamentaux, prélude au traité constitutionnel européen, alors que partout des gouvernements, ou des formations ultra-conservatrices, tentent de le faire reculer en Espagne, en Pologne, en Irlande, en Italie, et même en France, près de 40 ans après cette conquête cardinale pour les Terriennes.
Courir sans tchador
Cette poignée de femmes firent bouger les lignes sur d'autres terrains. De sport d'abord, avec
le Comité Atlanta+ lancé à l'occasion des Jeux olympiques de Barcelone qui réintégrèrent, après 30 ans d'exclusion pour cause d'apartheid, l'Afrique du Sud. Mais qui, dans le même temps, accueillaient 35 équipes nationales qui ne comptaient aucune sportive dans leurs rangs ! Elles enrôlent alors à leurs côtés des sportifs tels le navigateur Eric Tabarly. Leur objectif vise les JO suivants, ceux d'Atlanta précisément. Mais les soubresauts du monde font perdurer le comité au delà d'Atlanta, et entraînent les combattantes là où les femmes ne peuvent exercer leurs talents d'athlète, en Afghanistan ou en Arabie Saoudite par exemple.