Tribune #MeToo : "Malgré le courage des victimes, c'est l'impunité qui grandit"

"Qui nous écoute vraiment ?" Sept ans après le lancement du mouvement #Metoo aux Etats-Unis, plus d'une centaine de personnalités françaises, dont de nombreuses actrices, appellent, dans une tribune publiée le jour de l'ouverture du festival de Cannes, à une "loi intégrale" contre les violences sexuelles.

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Une du Monde

Ce dispositif photographique, inédit dans l’histoire du quotidien Le Monde, s'accompagne d’une tribune, signée par près de 150 personnalités, demandant « une loi intégrale » sur les violences sexuelles.

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"Nous sommes 100 (nombre de signataires à l'origine, NDLR), mais en réalité, nous sommes des centaines de milliers", écrivent les 147 signataires du texte assorti d'une pétition initiée par La Fondation des femmes, #Metoomédia et l'actrice Anna Mouglalis. 

Nous ne sommes pas des chiffres: femmes et hommes de tous milieux professionnels, nous nous rassemblons pour demander une loi intégrale contre les violences sexuelles et sexistes, ambitieuse et dotée de moyens. Car malgré le courage des victimes, c’est l’impunité qui grandit. Tribune Fondation des femmes

"Nos prises de parole #Metoo ont révélé une réalité plongée dans le déni: les violences sexistes et sexuelles sont systémiques, pas exceptionnelles. Pour autant (...) qui nous écoute vraiment ?", peut-on lire dans la tribune également publiée sur le site du quotidien Le Monde. 

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"Depuis sept ans, nous parlons pour nous et pour toutes les femmes, hommes et enfants qui ne peuvent pas le faire", écrivent-ils. "Nous ne sommes pas des chiffres: femmes et hommes de tous milieux professionnels, nous nous rassemblons pour demander une loi intégrale contre les violences sexuelles et sexistes, ambitieuse et dotée de moyens. Car malgré le courage des victimes, c’est l’impunité qui grandit."

Parmi les signataires, figurent les actrices Isabelle Adjani, Charlotte Arnould, Emmanuelle Béart, Juliette Binoche, Emma de Caunes, Judith Godrèche, Isild Le Besco, Muriel Robin, les autrices Leïla Slimani, Christine Angot, Vanessa Springora ou encore le comédien Philippe Torreton.

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94% de plaintes classées sans suite en 2022

Les signataires jugent notamment "inacceptable" que le classement sans suite des plaintes pour violences sexuelles "ait atteint le taux délirant de 94% en 2022" et préviennent qu'ils n'acceptent plus "les effets d’annonce sans suite".  "L’ajout du seul mot consentement dans la loi ne permettra pas de rattraper le retard abyssal de la France en la matière", estiment-ils, en référence à l'engagement pris en mars par le président de la République Emmanuel Macron. 

Les signataires demandent "une loi intégrale qui permettra de clarifier, entre autres, la définition du viol et du consentement, introduire celle de l’inceste, de juger les violeurs en série pour tous les viols connus, d’élargir les ordonnances de protection aux victimes de viols, de faciliter la collecte de preuves, de créer des brigades spécialisées, d’interdire les enquêtes sur le passé sexuel des victimes". Cette loi doit également permettre "un accès immédiat et gratuit à des soins en psycho-traumatologie, de donner enfin les moyens financiers à cette politique publique et aux associations qui la mettent en place", ajoutent-ils. 

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La publication de cette pétition survient après plusieurs mois de révélations sur des violences sexuelles commises dans le milieu du cinéma, avec les témoignages notamment de Judith Godrèche ou d'Isild Le Besco. 

"Impunité"

"Depuis 2017, il ne s'est en réalité pas passé grand-chose dans la lutte contre les violences sexuelles", estime auprès de l'AFP Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. "L'augmentation des plaintes a vu en parallèle une augmentation des classements sans suite, #Metoo est en train d'être envoyé à la poubelle".

Si on ne résout pas le problème de moyens pour les enquêtes, pour les tribunaux, l'intégration de la notion de consentement dans la définition du viol ne changera rien, il faut la volonté politique de vraiment résoudre le problème de l'impunité. Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes

"Si on ne résout pas le problème de moyens pour les enquêtes, pour les tribunaux, l'intégration de la notion de consentement dans la définition du viol ne changera rien, il faut la volonté politique de vraiment résoudre le problème de l'impunité", ajoute-t-elle. "Or à l'heure actuelle, il n'y a pas cette volonté politique". 

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Dans une déclaration à l'AFP, la ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, dit "partager pleinement" l'exigence des signataires concernant la lutte "nécessaire et résolue pour éradiquer les violences sexuelles". "Je suis à la disposition de tous les signataires pour échanger sur les leviers qui doivent être mobilisés", ajoute-t-elle. "Nous devons collectivement être à l'écoute et entendre la parole des victimes, c'est toute la société qui doit se sentir concernée".  

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