Trop de femmes à la mairie de Sarcelles : la parité à double tranchant

Trop de parité tue la parité ? Huit femmes sur quatorze au conseil municipal de Sarcelles, c'est trop, selon le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, qui a décidé d'annuler l'élection. A l'origine de cette affaire, un élu de l'opposition, qui estimait que la loi sur la parité n'était pas respectée. Et si on faisait les comptes !
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Le 5 décembre 2018, le conseil municipal de Sarcelles, ville populaire du Val-d'Oise, élit un nouveau maire, Patrick Haddad (parti socialiste), après la démission de la maire PCF (Parti communiste français), Annie Péronnet. Dans le même temps, le conseil choisit 14 adjoints pour l'épauler, huit femmes et six hommes, réunis sur une même liste.

Parité à "une unité près"

Saisi par des élus de l'opposition qui dénonçaient le non-respect des règles de parité imposées par le code général des collectivités territoriales, le tribunal rappelle le principe de parité en vigueur dans les communes de 1000 habitants et plus. Un principe qui "impose l'obligation de présenter une liste où chaque sexe est représenté à parité, à au plus une unité près". Ce 31 janvier, il conclut donc à l'annulation du scrutin et invite le conseil municipal à procéder à une nouvelle élection "dans le délai de quinzaine".
 


Dans cette affaire, les hommes ne me semblent pas lésés, puisque c'est quand même un homme qui est devenu maire à la place d'une femme.
Patrick Haddad, maire de Sarcelles

L'élu socialiste estime aussi "absurde" que le sexe du maire ne soit pas pris en compte dans le calcul. En décembre, "j'ai pris la place de l'ancienne maire, une femme, qui m'a remplacé en tant qu'adjointe. L'équilibre de l'exécutif municipal, maire et adjoint, est donc le même qu'auparavant", huit femmes et sept hommes. "Dans cette affaire, les hommes ne me semblent pas lésés puisque c'est quand même un homme qui est devenu maire à la place d'une femme", ajoute Patrick Haddad.

Le maire ne se prive pas, en outre, d'ironiser sur le double tranchant de la loi :


Ce qu'en pense la secrétaire d'Etat ? Dans une réponse postée sur Twitter, Marlène Schiappa déclare : "Je ne m'associe évidemment en aucune façon à cette démarche. 16% seulement des maires en France sont des femmes. Nous devons lutter pour + de femmes au pouvoir politique, pas se servir de la loi sur la parité pour en exclure !"
Quant au maire, il promet de se mettre en conformité avec la loi dès le 11 février prochain, lors du prochain conseil municipal : un conseiller municipal homme prendra bel et bien la place d'une des adjointes.

Faisant écho à beaucoup d'autres réactions, la militante féministre Caroline de Haas pose la question : combien d'élections resterait-il à annuler pour cause de surreprésentation masculine ?