"Tu seras un homme mon fils" : une campagne pour éduquer les garçons contre le sexisme

"Si tu sais soutenir, sans vouloir dominer ", etc, etc... Les mots du célèbre poème de Rudyard Kipling deviennent le refrain d'un clip destiné à apprendre aux garçons à lutter contre le sexisme, et à ne pas devenir ce que leurs pères ou grands frères ont pu être ou sont encore. Alors plus jamais de #MeToo ? Seuls les garçons, comme les filles, auront la réponse.
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tu seras un homme capture clip
Dans le clip de campagne lancé ce 30 mai 2018 par La Fondation des Femmes, il est question de transmission, d'éducation, entre père et fils, pour qu'ils deviennent des hommes, pas des machos.
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"Le harcèlement et les violences faites aux femmes, ce n'est pas que l'affaire des femmes", nous rappelle cette campagne télévisée lancée mercredi 30 mai 2018 par la Fondation des Femmes. Son objectif : "sensibiliser les hommes" et pour le faire : la voix d'un homme, un rappeur, Oxmo Puccino.

Inspiré du célèbre poème de Rudyard Kipling (écrivain anglais né à Bombay et connu pour Le Livre de la jungle, ndlr), "Tu seras un homme mon fils" (1909), ce film de 45 secondes met en scène des hommes de tous âges dans leur quotidien avec leur fils, lors de disputes, de réconciliations, au cours d'une épreuve sportive, d'un match de foot improvisé, mixte, à la sortie des classes, ou à la maternité, un nourrisson dans les bras...

Ce jour-là, tu seras un homme mon fils

"Si tu sais soutenir, sans vouloir dominer. Que tu peux être fort, sans être violent (...) Tu seras un homme mon fils" (...) "Si tu refuses qu'on humilie ta mère, ta sœur, ou tes amies, comme toutes les femmes que tu croiseras dans ta vie. Alors ce jour-là, oui, tu seras un homme mon fils", accompagne la voix grave du rappeur.

Un garçon à qui un père dit ces paroles ne le fera jamais.
Oxmo Puccino
 

"Pour moi, ces violences découlent surtout d’un problème d’éducation", explique Oxmo Puccino dans un entretien au parisien.fr, "Malheureusement, la violence se transmet. Une mère qui dit à son fils : « On ne tape pas une fille », c’est important. Mais un père qui le dit à son fils, c’est essentiel car cela a encore plus d’impact. Un garçon à qui un père dit ces paroles ne le fera jamais."

Le but, et c'est un homme qui en parle encore, c'est "d'agir pour empêcher la reproduction des violences et inégalités d'une génération à l'autre", explique à l'AFP Maxime Ruszniewski, co-fondateur de la Fondation des Femmes, "Après les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc, on nous a souvent interrogés sur le rôle des hommes. Nous avons décidé de lancer une campagne, pour souligner à quel point la question de l'éducation est fondamentale, pour lutter contre les stéréotypes, et dire aux hommes qu' eux aussi sont concernés".

A diffuser avant les matchs, sans modération ...

Le film publicitaire, conçu par l'agence TBWA, est diffusé à partir du 30 mai puis tout le mois de juin sur les chaînes de TF1 et du groupe France télévisions, et surtout à de heures de grande écoute, ou de moments où l'on sait que l'audience sera en grande majorité masculine, exemple vendredi 1er juin, juste avant le coup de sifflet du match de préparation à la Coupe du monde de football qui opposera la France à l'Italie. Du côté de l'Ovalie aussi, on s'est engagé. La Fédération française de rugby diffusera le clip dans les stades et au cours des formations de jeunes joueurs.

Le changement pour l'égalité femmes-hommes est une affaire de femmes autant que d'hommes, pour 8 personnes interrogées sur 10.
Sondage Kantar réalisé pour La Fondation des Femmes

A l'occasion de cette campagne, un sondage Kantar a été réalisé en ligne auprès de 1.005 personnes. Parmi quelques unes des réponses à retenir : le changement pour l'égalité femmes-hommes est "une affaire de femmes autant que d'hommes" pour près de huit personnes interrogées sur 10 estiment (82% des femmes et 72% des hommes).

A noter néammoins une certaine tenacité des stéréotypes de genre chez les jeunes hommes. Car si pour 97% des personnes interrogées être "un homme", c'est être "respectueux,  58 % des moins de 35 ans estiment que c'est "être le meilleur" et 37% de "ne pas pleurer". Quant au  mouvement #Metoo, visiblement, la planète Twitter ou autres réseaux sociaux est encore bien éloignée pour 45% des sondé.e.s qui déclarent ne pas en avoir entendu parler, contre 43% qui estiment que c'est "une bonne chose".

#womensplaining ?

La campagne de la Fondation de Femmes, il fallait bien s'y attendre, provoque son lot de réactions, et comme le veut leur adn, les réseaux sociaux en sont la première tribune. On y retrouve ceux (ou celles) pour qui "être un homme", c'est ...
Et d'autres, pour lesquel.le.s "être un homme", un "vrai", c'est  plutôt ça ...

Alors à l'intention des twittos, qui auraient peur de voir leur fils "pleurer comme une fille", ou se faire traiter de"femmelette", voici ce petit film, réalisé par les élèves, filles et garçons, d'une classe de 6ème du collège Mendès France à Marcoussis, en région parisienne. Le court métrage a remporté en mai 2018 le concours de films Zéro clichés du CLEMI et dont Terriennes et Tv5monde sont partenaires.

Femmelette : nom féminin, familier, péjoratif désignant un homme faible, sans force, sans énergie. (Dictionnaire Larousse)

Lorsque le petit garçon pris en flagrant délit de larmes par ses copains se fait traiter de femmelette, il demande à ses copines s'il s'agit bien d'une insulte et pourquoi. Leur réponse est : "Ben oui, pour un mec carrément, c'est un peu comme une poule mouillée ! Comme si t'as pas de couilles quoi !". De quoi nous démontrer, que le "mal du mâle" est bien plus enraciné qu'on pourrait le croire, et qu'il est terriblement mixte. Encore et encore, il faut sans cesse répéter que s'il est nécessaire d'éduquer les garçons à lutter contre les stéréotypes et les discriminations, il n'en faut pas moins l'enseigner, aussi, aux filles.

Mais moi, mais moi, je joue avec les filles
Mais moi, mais moi, je ne prône pas mon chibre
Mais moi, mais moi, j’accélérerai tes rides
Pour que tes propos cessent et disparaissent.

Extrait de la chanson Kid, Eddy de Pretto

Courant 2017, un autre chanteur de rap s'était déjà frotté au poème de Kipling, le désormais célèbre Eddy de Pretto. Dans son titre Kid, il nous offre une réinterprétation du texte, dénonçant cette injonction à la virilité à travers son refrain en deux mots : "virilité abusive".


Petit avis de Terriennes : voilà des films à regarder, à faire regarder, jusqu'au bout, en boucle, partout et par toutes et tous ...

#TuSerasUnHommeMonFils #TuSerasUneFemmeMaFille #TuSerasHeureuxSe



@Imourgere