#TuMaimesTuMeRespectes : prévention du harcèlement sexuel, de la rue au virtuel

Dans le sillage de l’affaire Weinstein, de multiples campagnes sont lancées pour prévenir le harcèlement et les violences sexuelles et sexistes dans la rue ou en ligne. Certaines s’adressent particulièrement aux adolescent.e.s, comme le #TMTR lancé dans les lycées parisiens, ou encore ce clip Seulfie qui met en scène une jeune fille dont le "périscope" dérape.
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non c'est non
Un des visuels de la campagne lancée dans les lycées de la région parisienne derrière le #TuMaimestuMeRespectes.
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 « Tu m'aimes, tu me respectes ».
Cette campagne de sensibilisation contre les violences sexistes et sexuelles s’adresse aux 15-18 ans. Imaginée par le centre francilien pour l’égalité femmes-hommes Hubertine-Auclert, elle a été lancée le 13 novembre 2017.
 

Tract ou flyers distribués dans près de 500 établissements scolaires, messages dans les médias, site internet, visuels et mini-clips sur les réseaux sociaux, et puis ces slogans : « Quand c’est non, c’est non », « Je m’habille comme je veux », « Je décide avec qui je parle » ... Cette campagne se donne trois objectifs : aider les filles et les garçons à identifier les différentes formes de violences sexistes et sexuelles, à refuser et à agir, et à trouver de l’aide.
 

1 jeune femme sur 7 a subi des violences

« L’adolescence marque l’entrée dans la vie amoureuse et ces premières expériences peuvent s’accompagner de violences », indique dans un communiqué le centre Hubertine-Auclert, l'organisme associé de la Région Ile-de-France qui se trouve à l'origine de la campagne. Selon les chiffres fournis par le centre, plus d’une jeune femme sur sept déclare avoir subi des violences psychologiques, physiques ou sexuelles. 16 % des agressions sexuelles se déroulent entre 15 et 17 ans. Certains clichés ont la vie dure : plus de 70% des adolescents confondent l'amour avec la possessivité.

« La jalousie n'est pas une preuve d'amour, c'est quelque chose qui peut détruire quelqu'un », rappelle Marie-Pierre Badré, présidente du centre Hubertine-Auclert. Le slogan "Tu m'aimes, tu me respectes" est donc valable pour les adolescents, mais également pour les adultes.
 

Deux youtubeuses ont participé à cette campagne en tournant des sketches où elles expliquent à leur manière ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire, sous forme de jeu.
 

En parallèle, le centre pour l’égalité femmes/hommes a également annoncé la création d’un site Internet destiné à rediriger les victimes de violences sexuelles vers des associations spécialisées. Les internautes y trouveront même un tchat anonyme et sécurisé pour entrer en contact avec des professionnelles de l’association « En avant toute(s) » qui sont là pour écouter et échanger avec les victimes.

Harcèlement en ligne, ce fléau

Selon de récentes études menées en région parisienne, 40% des élèves témoignent avoir été déjà agressés en ligne. Dans ce contexte, celui de toutes les affaires de harcèlement et du 25 novembre, journée contre les violences faites aux femmes, le comédien et réalisateur Philippe de Monts a pris l’initiative de réaliser ce spot de prévention pour alerter sur la banalisation du cyber-harcèlement, clip déjà relayé abondamment sur les réseaux sociaux et qui compte déjà des milliers de vues.
 
Philippe De Monts nous explique que lorsqu'il a découvert il y a quelques années l'application Periscope, il a ressenti un véritable choc face au flôt ininterrompu de vidéos postées par des adolescent.e.s. Il se plonge alors dans ce tourbillon virtuel, pendant près d'une semaine, il regarde par dizaine ces mini-films, choqué, sidéré, par la violence de certains d'entre-eux. "Je suis alors entré en connection avec plusieurs jeunes sur ces réseaux, pour leur demander pourquoi ils se montraient ainsi, et pourquoi ils postaient ce genre de vidéo. Leur réponse était : parce que c'est comme ça, ça buzze, c'est bien, c'est rien...", confie-t-il. C'est ainsi, qu'il a eu l'idée de faire d'abord un court métrage, puis finalement un clip de prévention, "parce que le problème, c'est qu'il n'existe aucun cours pour former les jeunes sur ces outils numériques et pour les avertir du danger qu'ils comportent".

Tourné avec les moyens du bord, avec des amis comédiens, dans son propre appartement, et auto-produit dans un premier temps, le film montre comment une jeune fille peut, très vite, se retrouver harcelée, insultée, pendant qu'elle se filme en direct sur internet.
 
Harcèlement en ligne, un fléau qui s'étend selon Amnesty International

De nouvelles recherches menées par Amnesty International révèlent l'impact inquiétant qu'ont sur les femmes les violences et le harcèlement pratiqués sur les réseaux sociaux, des femmes du monde entier faisant état du stress, de l'angoisse et des crises de panique générés par ces expériences en ligne délétères.

L'organisation a commandé un sondage à IPSOS MORI au sujet des expériences vécues par des femmes âgées de 18 à 55 ans au Danemark, en Italie, en Nouvelle-Zélande, en Pologne, en Espagne, en Suède, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Près d'un quart (23 %) des femmes sondées dans ces huit pays ont déclaré avoir subi des violences ou du harcèlement sur Internet au moins une fois, ce pourcentage variant de 16 % en Italie à 33 % aux États-Unis. Fait des plus inquiétants, 41 % des femmes ayant subi des violences ou du harcèlement en ligne ont déclaré qu'en une occasion au moins, elles ont senties leur sécurité physique menacée.

« Internet peut être un espace effrayant et toxique pour les femmes. Chacun sait que la misogynie et les violences prolifèrent sur les plateformes de réseaux sociaux, mais ce sondage montre à quel point les conséquences des violences en ligne sont désastreuses pour les femmes qui en sont la cible », estime Azmina Dhrodia, chercheuse sur la technologie et les droits humains à Amnesty International.


Plus de la moitié des femmes (59 %) ayant subi des violences ou du harcèlement sur Internet ont déclaré que leurs auteurs étaient de parfaits étrangers.

Les réseaux comme moyen de lutter

Autre initiative ciblant les  jeunes générations, celle lancée du 15 au 25 novembre par la Fondation Kering, qui signe sa sixième campagne internationale White Ribbon For Women. Destinée à briser le silence et à faire évoluer les comportements, cette édition est exclusivement numérique (sur Instagram, Facebook , LinkedIn, Twitter et WeChat). Née en 2012 à l'initiative de la Fondation Kering, cette campagne fait référence au ruban blanc (White Ribbon), symbole de la Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes.
 
Le 25 novembre, dans le cadre de la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes, make.org met en place la consultation stopvff.org. Jusqu'à fin janvier, plus de 500 000 citoyens vont y proposer des initiatives et voter pour celles qu'ils préfèrent. Les résultats des votes seront dévoilés le 8 mars, lors de la Journée internationale des droits des femmes.