Tunisie : "C'est de ta faute, marie-toi avec ton violeur"

Andi Mankolek, une émission très populaire de la télévision tunisienne a été suspendue pour trois mois. Son animateur vedette avait conseillé à une jeune fille venue témoigner sur son plateau, de se marier avec son violeur, provoquant un tollé général et une immense mobilisation sur les réseaux sociaux.
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"Tu es fautive parce que tu as eu peur. Fautive parce que tu n’as pas su te défendre. Fautive parce que tu n’as dit qu’à la fin (...) Epouse ton violeur!».

Voilà les paroles que l'on a pu entendre sur la télévision tunisienne la semaine dernière. Son auteur n'est autre qu'un de ses animateurs vedettes, Alaa Chebbi, qui présente chaque semaine "J'ai quelque chose à te dire". Un "talk-show", où les intervenants, Mr et Mme toutlemonde, viennent raconter un épisode de leur vie, plutôt tragique si possible, sous forme de confessions intimes et cela devant des millions de téléspectateurs.
 
 

Quelque chose à te dire


La jeune femme a le visage flouté, elle a 17 ans. Hajer est venue parler de son histoire, accompagnée par son frère. Comme l’indique le titre de l’émission, Hajer a quelque chose à dire. En pleurs, elle raconte comment elle a été victime, depuis ses 14 ans, des multiples viols commis par trois proches, jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte. Les violeurs sont le frère et le cousin de sa belle-mère et le cousin de son père. La jeune femme a été virée de la maison familiale par son père.    
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La séquence suscite aussitôt l'indignation chez nombre de téléspectateurs, qui en font part sur les réseaux sociaux. Un mouvement de contestation prend très vite de l'ampleur sur le web et nombreux sont ceux qui appellent à saisir la HAICA, (Instance de l'audiovisuel tunisien).
L'autorité dénonce une "incitation à l'impunité, sans compter l'impact sur la psychologie de l'enfant et le sentiment de culpabilité que cela provoque" chez la jeune femme. La Haica a décidé "la suspension de la diffusion de l'émission 'J'ai quelque chose à te dire' pendant trois mois", à partir du 20 octobre.

Mais en Tunisie, l'article 227 bis du Code pénal permet pourtant à un violeur d'épouser sa victime mineure pour échapper aux poursuites, explique sur RFI, Monia Ben Jemiaa, professeur de droit et militante féministe : « La loi tunisienne permet à celui qui fait un acte sexuel avec une fille entre 13 et 20 ans (entre 13 et 20 ans c’est interdit car la majorité sexuelle c’est 20 ans), il peut être condamné à la prison sauf si il accepte d’épouser la jeune fille. Pour nous, ce sont des mariages forcés. Il ne peut pas y avoir de consentement libre et éclairé à cet âge-là. »

La riposte sur le web

Sur Facebook, la mobilisation s'organise derrière une page baptisée « Epouse ton violeur, dit-il. On se voit au tribunal, lui répondons-nous ».
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Les échos de cette émission ont traversé les frontières de la Tunisie. Des médias internationaux comme BBC, 20 Minutes, BFM TV ont réagi, à leur tour, contre l’animateur tunisien.   
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