Un mois après les élections législatives à l'issue desquelles le parti Ennahda des islamistes au pouvoir a subi un sérieux revers, les citoyens de la Tunisie "nouvelle" sont à nouveau appelés aux urnes, cette fois pour la présidentielle. La fonction présidentielle revêt encore
une charge symbolique forte dans la conscience collective de ce pays, en raison de la forte personnalité de celui qui l'incarna le premier, Habib Bourguiba. Et dans l'inconscient collectif, cette charge ne peut revenir à une femme. Rien que pour ça, la candidature de Kalthoum Kannou est donc remarquable.
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Redonner de l’espoir aux Tunisiens, aux jeunes qui ont fait la révolution, aux personnes qui ont peur du retour de la tyrannie et de la corruption, à ceux qui ont peur du retour de la violence, du chaos et du terrorisme, aux régions qui ressentent l’injustice et la marginalisation", déclarait Kalthoum Kannou (prononcer Kennou) sur la
chaîne el Wataniya 1, le lundi 10 novembre 2014. Ainsi la juge et ancienne présidente de l'Association des magistrats tunisiens (AMT) exprime-t-elle les fondements de son engagement face au peuple tunisien.
Forte de 15 000 parrainages, elle déposait sa candidature à la présidentielle dès le 20 septembre 1014. Ses chances d'être élue restent assez lointaines... Dans une interview donnée à Mosaïque Fm, elle déclare pourtant : "
Au vu des circonstances actuelles, je ne pense pas qu’il y ait un candidat ayant plus de chances que les autres."
Avec un programme axé sur les régions défavorisées et les personnes les plus démunies, la lutte contre la corruption, Kalthoum Kennou annonce qu’elle veillera à l’indépendance de la justice, à la régularité, à la transparence et au respect des lois dans un pays démocratique. Sa candidature est également un message, ajoute-t-elle, à tous ceux qui cherchent à tirer le pays vers le bas et à le pousser dans l’obscurantisme - une allusion claire aux mouvements islamistes.
Indépendante, surtout indépendanteDe fait, Kalthoum Kennou a longtemps milité pour l’indépendance de la justice sous le règne de Ben Ali. Réputée pour sa droiture, elle avait été mutée dans le Sud pour avoir refusé l'ingérence du politique dans la justice. Depuis la
révolution de Jasmin, à la tête de l'Association des magistrats tunisiens, elle continue à dénoncer la prévarication au sein de la justice et à contester les compétences de la commission de lutte contre la corruption.