Un Libanais a été condamné à neuf mois de prison ferme pour avoir battu sa femme,
une première au Liban depuis l'adoption d'une loi contre la violence conjugale en avril 2014. Hussein Ftouni a été également condamné à verser la somme de 20 millions de livres libanaises (9.700 euros) à son épouse Tamara Harissi, 22 ans, pour violences. L'
ONG Kafa ("Assez" en arabe), qui a mené une campagne en faveur de la loi, a qualifié le verdict annoncé mardi 1er juillet 2014 de changement important, tout en critiquant la faible sentence rendue contre Ftouni. "C'est le premier cas où le criminel est condamné sous la nouvelle loi" affirme Maya Ammar, coordinatrice de la communication à Kafa. "La condamnation est faible. Mais c'est certainement mieux que de le laisser libre comme a demandé son avocat. Il a été toutefois été condamné pour avoir battu sa femme et non pour tentative de meurtre", a-t-elle déploré. "Pour nous, il s'agit clairement d'une tentative de meurtre et il doit être condamné pour cette charge". Des verrous difficiles à débloquer Tamara Harissi avait raconté au journal anglophone libanais
The Daily Star que son mari l'avait frappée pendant trois heures, lui attachant les pieds et lui cassant les doigts puis avait jeté de l'alcool sur elle, essayé de la brûler vive avant de quitter la maison en la menaçant de la tuer à son retour. Mme Harissi doit faire face maintenant au défi d'un divorce via un tribunal religieux. La société libanaise est considérée au niveau des moeurs comme l'une des plus libérales du monde arabe, mais la législation du pays reste largement conservatrice. Les autorités religieuses étaient en grande majorité opposées à l'adoption d'une loi sur la violence conjugale, estimant que cela relevait de la vie privée. La peur du scandale est également responsable du silence entourant les femmes maltraitées, selon les militants, et les victimes refusent souvent de dénoncer leurs maris.