Un mémorial parisien pour rendre hommage aux victimes de féminicides

"Depuis le début des collages, 122 féminicides". Un an après la naissance de leur mouvement, les "colleuses" viennent d'inaugurer un mémorial à Paris pour rendre hommage à toutes les femmes tuées par un mari, compagnon, ex-petit ami, ou par leur violeur. Depuis sa création, ce mouvement a essaimé partout dans le monde, du Mexique en passant par la Turquie ou Israël.
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Selon des chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur le 17 août 2020, 146 femmes ont été tuées en 2019 par leur conjoint ou ex-compagnon, soit 25 de plus que l'année précédente.
©compte Twitter/ @CollagesParis
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"On a eu la chair de poule en arrivant", raconte Sarah Mesure, 21 ans, qui colle depuis début janvier. "C'est impressionnant de voir autant de filles réunies, et de réaliser à la fois le chemin parcouru par les colleuses depuis un an, et la violence de tous ces féminicides, qui témoignent de l'inaction de l'État", estime-t-elle.

On n'est pas habituées à voir des femmes qui se rassemblent dans la rue comme ça, ça nous permet de nous réapproprier l'espace public, et de s'y sentir à notre place, pour une fois.
Une colleuse

Perchées sur des échelles sous un passage couvert de la rue Bouvier, dans le XIème arrondissement de Paris, à l'abri d'une fine pluie, plus d'une centaine de colleuses se sont relayées pendant une heure et demie pour tapisser les murs de leurs noms, peints en grandes lettres noires.

Pour une cinquantaine d'entre elles comme Alix, 20 ans, il s'agit de la première opération de collage: "On n'est pas habituées à voir des femmes qui se rassemblent dans la rue comme ça, ça nous permet de nous réapproprier l'espace public, et de s'y sentir à notre place, pour une fois".

Parmi les 122 noms figurent 111 victimes de féminicides conjugaux, selon un décompte du collectif "Féminicides par compagnons ou ex" depuis le 30 août 2019, 10 travailleuses du sexe et une jeune fille de 15 ans dont un homme multirécidiviste vient d'avouer le viol et le meurtre à Nantes le 20 août.

Les colleuses ont pu aller jusqu'au bout de la réalisation de leur mémorial, les forces de l'ordre veillant surtout au respect du port du masque. Après avoir déposé des fleurs en l'honneur des victimes, elles ont achevé l'opération en observant une minute de silence.

Partis d'une poignée de militantes à Paris, les collages contre les féminicides et les violences conjugales ont essaimé dans toute la France et dans une dizaine d'autres pays, d'Israël au Mexique, en passant par la Turquie.

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47 femmes tuées depuis 2020

Selon des chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur le 17 août, 146 femmes ont été tuées en 2019 par leur conjoint ou ex-compagnon, soit 25 de plus que l'année précédente. 

Retrouvez notre reportage sur les colleuses en novembre 2019 >

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A ce jour, au moins 47 féminicides présumés se sont produits depuis le début de l'année 2020, selon un décompte de l'AFP.  En 2019, l'AFP a recensé au moins 126 femmes tuées par leur compagnon ou ex, soit une femme tous les trois jours en moyenne.

Défendre les femmes ouighoures

Depuis plusieurs semaines, le collectif des colleuses s'est engagé dans un nouveau combat : la défense des femmes ouighoures. "C’est un génocide islamophobe et misogyne. La natalité de cette ethnie musulmane a drastiquement chutée et l’Etat exerce un pouvoir de contrôle des natalités en stérilisant les femmes ouïghours et en posant des dispositifs intra-utérins de force", lit-on sur le compte Twitter de Collage Féminicides Paris.
"On a en permanence des nouvelles recrues à Paris ; depuis le déconfinement, on a formé 200 à 300 personnes supplémentaires", rapporte une des membres des colleuses parisiennes sur France Inter. Pour devenir colleuse, il suffit de contacter le collectif en place près de chez soi (en général, chaque grande ville, comme Paris, a sa page Instagram ou Facebook), pour être ensuite invitée à une formation en présentiel.