Toutes les femmes logées à la même enseigne
Plus de 7.000 messages y ont déjà été publiés et les contributions dépassent les frontières britanniques. Des Américaines, des Australiennes, des Françaises et bien d’autres s’expriment librement et en toute discrétion. Ce qui fait dire à Laura Bates qu’il n’y a aucune différence entre les pays quand il s’agit de harcèlement de rue : « Dès qu’une fille est dans un milieu hostile, elle baisse les yeux et marche vite. Peu importe le pays ou la langue, je pense que c’est partout pareil. »
Cette diplômée de littérature de la prestigieuse université de Cambridge est, la première, surprise du succès de sa plate-forme. Les médias anglais s’en font l’écho, au point que le Huffington Post et le quotidien
The Independent lui ont ouvert leurs colonnes pour parler des sujets qui lui tiennent à cœur comme la thématique du plafond de verre, le sexisme, la place des femmes dans la politique et l’entreprise.
Le web, l’allié du féminisme d’aujourd’hui
La viralité propre au web a largement contribué à la réussite du projet. Une fois le site mis en ligne, le tag #everydaysexism s’est propagé très vite sur Twitter (l’étiquette qui permet d’identifier des sujets précis sur le réseau social), d’abord dans les cercles dits féministes et ensuite auprès du grand public. « Les réseaux sociaux sont une aide formidable pour nous faire connaître, mais ils en sont aussi l’extension du projet. »
Cette initiative fait bien sûr penser au site
Vie de meuf en France ou au documentaire très polémique Femme de la rue, tourné à Bruxelles, et qui a déjà influencé la
législation belge. La journaliste, qui collabore régulièrement avec des associations féministes, revendique la filiation. Même si son site existait avant la diffusion de ce film: « J’aimerais que ce qu’on publie ait autant d’impact en Grande-Bretagne que ce film. »
L'horreur de la fameuse page 3
« Il a la vertu de mettre en lumière ce que nous pouvons vivre au quotidien. Ce problème réside dans le fait que personne ne réagit. Quand une femme se fait peloter les seins dans les transports publics, personne ne la défend. Cette attitude est très ancrée dans nos mœurs. Nous en sommes venus à oublier qu’une insulte à caractère sexuel est
un délit aux yeux de la loi britannique », s’indigne-t-elle.
« Ce comportement ne changera pas du jour au lendemain. Mais il y a des signes encourageants,
une campagne a été lancée contre
The Sun, plus précisément contre la fameuse page 3 du tabloïd où la photo d’un mannequin en petite tenue est affichée tous les jours. »
Des Femen par ci, des marches de salopes par là... Des initiatives d’envergure internationale se multiplient pour (re)donner aux femmes la place qu’elles méritent. Serions-nous en train de vivre une deuxième révolution sexuelle ? Laura Bates veut bien le croire : « Quand nous apprenons que quelqu’un est en train de se battre pour nos droits à l’autre bout du monde, ça nous donne la force de faire de même. »