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C'est la conclusion proposée dans le résumé, et elle fait froid dans le dos : "De façon générale, 27% déclarent que les rapports sexuels sans consentement peuvent se justifier dans au moins une des situations proposées. Les personnes interrogées sont le plus susceptibles d'affirmer cela dans des situations telles qu'être ivre ou sous l'effet d'une drogue (12%), se rendre volontairement chez quelqu'un (11%), porter une tenue légère, provocante ou sexy, ou ne pas dire clairement non ou ne pas riposter physiquement (10% pour chacune de ces situations)."
"Rapport sexuel sans consentement", la terminologie des sondeurs n'a pas mis les points sur le i de viol. Est-ce pour cela que plus du quart des personnes interrogées (dont 20% tout de même chez les femmes) se sont laissées aller à cette tolérance là : oui, parfois le viol pourrait être admis, et ce n'est pas la peine d'en faire toute une histoire... On se frotte les yeux mais les chiffres énoncés dans le rapport élaboré à la demande de la Commission européenne sur la "Violence de genre" dans le "vieux continent", prenant en compte les données fournies par les Etats membres de l'Union et par une enquête d'opinion transcontinentale ne semblent pas fantaisistes.
Bien sûr on pourrait se rassurer : les 3/4 des hommes de l'Union européenne et les 4/5ème des femmes affirment haut et fort que toute violence sexuelle, toute agression, tout harcèlement est intolérable et doit être puni par la loi. Et ils sont peu nombreux à ne pas reconnaître la haute prévalence de ce fléau.
Mais le diable se cache dans les nuances, dans les chiffres pays par pays et une tendance se dégage : dans les pays de l'Est, de l'Europe, les citoyen-nes semblent plus enclins à passer l'éponge sur les violences faites aux épouses, mères ou filles, à penser que les femmes sont responsables de ce qui leur arrive, à dire que ces choses là devraient se régler en famille et pas devant un tribunal, et à ne pas se mêler de ce qui ne les regarde pas, pour de bonnes raisons (la peur d'envenimer les choses) ou de mauvaises (la peur de recevoir un mauvais coup au passage).
Le rapport est construit autour de plusieurs questions, et s'intéresse à la violence exercées à l'encontre des deux sexes : "Bien que les hommes et les femmes soient tous deux victimes de violence de genre, la majorité des victimes sont des femmes. Une femme sur trois au sein de l'UE a été victime de violence physique et/ou sexuelle depuis l'âge de 15 ans et une sur dix a été victime de harcèlement sexuel direct ou par l'intermédiaire des nouvelles technologies." L'étude à donc porté sur les points suivants :
Le 4ème point "Opinions sur la violence de genre et attitudes à son égard, notamment quant à l’existence de circonstances qui justifient des rapports sexuels sans consentement" est celui dont les conclusions ont le plus suscité de commentaires :
Plus d’une personne sondée sur cinq au sein de l'UE convient que les femmes inventent ou exagèrent souvent les accusations de mauvais traitement ou de viol
"Plus d’une personne sondée sur cinq (22%) au sein de l'UE convient que les femmes inventent ou exagèrent souvent les accusations de mauvais traitement ou de viol, bien que, là encore, ce chiffre masque d’importants écarts entre les pays. Les personnes sondées à Malte (47%), à Chypre (44%) et en Lituanie (42%) sont les plus susceptibles d'être d'accord avec cette affirmation, contre seulement 8% en Suède et 13% en France et en Italie.
Près d’un tiers (31%) convient que les femmes sont plus susceptibles d'être violées par un inconnu que par une connaissance, 22% estiment que les femmes inventent ou exagèrent souvent les accusations de mauvais traitement ou de viol et 17% sont d’avis que la violence à l'égard des femmes est souvent provoquée par la victime.
Presque une personne interrogée sur cinq dans l'UE (17%) convient que la violence à l'égard des femmes est souvent provoquée par la victime, mais on constate de nouveau d’importantes variations entre les États membres. La Lettonie est le seul pays où plus de la moitié des personnes interrogées sont d'accord avec cette proposition (57%), devant la Lituanie (45%) et Malte (40%). A l'opposé, seules 6% des personnes interrogées aux Pays-Bas et 9% en Suède conviennent également que la violence à l'égard des femmes est souvent provoquée par la victime.
Au moins un sondé sur dix pense que des rapports sans consentement sont justifiés si la personne est ivre ou sous l'effet d'une drogue (12%), si elle se rend volontairement chez quelqu'un (11%), si elle porte une tenue légère, provocante ou sexy ou si elle ne dit pas clairement non ou ne s’y oppose pas physiquement (10% pour chacune de ces propositions)."